Chronique de Concert
Night Beats
Réjouissant concert de Night Beats dans la moiteur du Raymond Bar, à Clermont-Ferrand, et ce à l'occasion de la tournée française du groupe organisée suite à la sortie du méchamment bon Who sold my generation... Au milieu des autoroutes urbaines dégueulasses, des logements sociaux tout pourris (on le sait, on a habité dedans, un horrible souvenir... ) et des désespérantes friches industrielles, une salle de concert associative autogérée arrive à programmer des trucs classe qu'on ne verrait jamais à Clermont-Ferrand sans cela. Ça fait du bien une oasis de liberté évoluant loin des lois du capitalisme moisi et de la logique du profit qui règne dans les salles subventionnées proposant des progs souvent plus que tiédasses !
Donc, ce soir ce sont les ténébreux ricains de Night Beats qui ont rendez-vous avec un public nombreux, motivé, bourré et défoncé... Le trio looké façon cowboys texans à qui il ne faut pas la faire à l'envers déboule sur scène bien en retard, en sueur (il fait une chaleur à crever dans ce club 100% béton) et avec une belle envie d'en découdre. Au menu du soir, du rock garage psyché fortement teinté de boogie rock et de rhyhthm and blues, un truc épicé, agressif, violent et un peu bas du front qui donne envie de faire la fête et de baiser, la routine habituelle, quoi. Contrairement à ce que les deux sourdingues (un extrémiste musical surnommé Bilou et un jeune disquaire à mèche) à qui on a parlé nous on dit après le concert, ce n'est pas toujours le même morceau et cela n'a rien à voir avec Black Rebel Motorcycle Club, même si Robert Levon Been a coproduit le disque. Night Beats en live, c'est du blues rock servi très chaud et qui, de ce fait, tabasse sévère, grâce à moult riffs chromés et entêtants, voix de loup garou envapé et rythmiques basse batterie donnant des ailes aux cul. Oui, c'est assez sale pour être bien ! Et c'est offert avec les compliments de la maison, avec en bonus des solos de guitare puissamment boostés à la pédale Big Muff, le genre de truc qui suscite un prégnant désir de se vautrer dans la fange. Voire d'aller commander une énième Kro tiédasse pour la savourer dans la fournaise ambiante comme si c'était une grande bière bien fraîche.
Points forts de ce concert de Night Beats au son bien gras et relevé de larsens stridents (aie aie aie !), les imparables et hyper stimulants titres Power Child, No Cops, Right/Wrong, Sunday Mourning et Mama Keep Your Big Mouth Shut, une reprise du grand Bo Diddley donnant des fourmis dans les jambes, ou ailleurs. Bref, ce combo ricain en live c'est de la dynamite ! On devrait condamner les gens qui écoutent de l'ignoble rap autotuné FM à assister à un show de Night Beats, ça leur ferait les... oreilles.
Vidéo par LiveReport63
Photo : Stéphane Pinguet
Critique écrite le 28 septembre 2016 par Pierre Andrieu
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