Chronique de Concert
Nitwits (Death To Lo-Fi vinyl release party)
Les Nitwits et Concertandco, vieille histoire ! 25 chroniques en ligne avant celle-ci (et depuis 2002 !), même à moi seul j'en suis au moins à 5 : collectivement ils doivent sûrement être dans notre Top 10... On les croyait partis dans les limbes, mais tout a (re)commencé il y a quelques mois avec un crowdfunding pour sortir en vinyle leur premier disque, Death to Lo-Fi.
Mais qui peut bien vouloir d'une telle vieillerie, sortie confidentiellement à 500 exemplaires en 2004 (et que j'avais du emprunter à la BMVR pour le tenir en main - rappelons qu'on était en l'an 2 avant Lollipop Music Store, par ailleurs)... Qui pourrait donc convoiter ce vieux truc, me direz-vous ?
Bah pas mal de gens, si l'on en croit les fonds manifestement réunis pour passer le cap et produire ce bel objet monochrome, mais aussi l'affluence de ce soir au Lollipop Music Store ! Pour citer Vince lui-même à la fin du set, il y a vraiment tous ses copains ce soir ! Et on peut faire l'hypothèse qu'il avait un autre objectif ce jour-là : prouver au monde que la longue maladie merdique qui l'accapare depuis une décennie (et qui n'est pas secrète), ajoutée à sa grippe de la semaine (en bonus !), n'allaient pas empêcher Vince Venkman, a.k.a. l'asperge famélique (c'est de moi, 2013), a.k.a. la sauterelle apoplectique (ibid, 2019), de tenir une fois de plus son rang de meilleur batteur de rock noisy de Marseille...
Alors certes on pourrait objecter que ce soir il n'y a que 2 membres des "Crétins" d'origine (ah tiens, fun fact, on avait jamais google-tradé "Nitwits" avant ?), et qu'on a appelé à la rescousse deux autres musiciens (dont le non moins mythique chanteur de Crumb). So what ?! Vous connaissez le point commun entre les Rolling Stones, AC/DC, les Guns'n'Roses, Depeche Mode, Radiohead, Oasis... et les Nitwits ? Il est des groupes qui tiennent sur un duo, c'est un fait, et peu importe qui les entoure, tant qu'ils y sont... Là où sont Rudy Ghenassia et Vincent Palacio, les Nitwits sont : c'est dit, ce n'est pas contestable ni contesté, surtout pas dans cette enceinte, chaleureuse et bienveillante.
Rhaââ mais c'est qu'ils nous ont manqué, les deux zigues des Nitwits ! Alors oui bien sûr on les souvent a revus ici ou là, séparément : par exemple Vincent avec les élégants de The French Revolution, Rudy avec le tranchant de La Coupure ou les explosifs de x25x... N'empêche, c'est une vraie joie que d'assister à cette reformation. Un truc d'alchimie, d'amitié, une time capsule qui nous propulse par ailleurs 20 ans en arrière - ça ne se refuse pas.
Et cet album mythique donc, Death to Lo-Fi, qui va bien être déroulé dans l'ordre, à commencer par la pop électrocutée de Wake Up... Impression évidemment trompeuse avant de partir dans de la noise plus contondante (et au son maîtrisé ce soir, ce qui n'allait pas de soi pour un truc aussi bruitiste dans un magasin de disques). Le son est juste un peu raw, ce qu'il faut, un peu unhinged comme on s'en rappelait... et ça cogne bien sûr, notamment à la batterie !
Parce que quitte à se mordre la lèvre jusqu'au sang tout le concert, il est manifeste que le Vinz ne se résoudra pas à rater ni un poum, ni un tchak. Le Rudy quant à lui, dont on connait les qualités de batteur, de guitariste, d'ingéson (le mec presque vexant de talent, en somme), chante toujours aussi bien, toujours avec cette impression typique de ce groupe qu'il est loin dans le mix, comme hurlant à travers une chambre d'écho - une sorte de marque de fabrique. Reste que les deux autres complètent admirablement le son : la basse, une voix double sur certains titres... tout est nécessaire et suffisant ce soir !
En parlant de time capsule, quand Nitwits joue son premier album, on y entend les (excellentes) influences qu'ils avaient déjà bien digérées en 2004 : on peut sans trop de risque citer les Pixies (Horny Pony, Encantadora Flor), mais aussi Sonic youth (Slave), l'early Nirvana (formidable Aidez-moi, la tonitruante Sirène). Et également avec Z, une belle louche de ce punqueroque bête/méchant/jouissif, dont on aimait se tartiner hebdomadairement les esgourdes à la Machine à Coudre, back then... Le bon vieux temps en somme, convoqué ici avec une certaine légèreté bienvenue.
Et en passant une évocation nécessaire de la Machine en question où ils pensent bien, nous diront-ils, avoir donné leur dernier concert avant celui-ci, en 2015. Horreur et honte suprême, il semble qu'il ne soit pas chroniqué sur Concertandco... Y'a vraiment du goudron et des plumes qui se perdent ! Un tel manque de professionnalisme est assez affligeant et comme il faut bien un coupable, nous accuserons (sans aucune preuve et en mode stalinien) le Mystic Punk Pinguin qui, ce soir, est évidemment au premier rang et kiffe sa race comme si de rien n'était...
Pour revenir aux influences précitées, il faut préciser qu'on entend aussi dans ce premier album une autre influence naissante majeure : celle des Nitwits eux-même, et du son plus personnel qu'ils allaient trouver et creuser plus tard (Living in Eden, 1'33"01). D'autant plus audible que parmi les bonus, ils n'ont pas manqué de jouer Sergent Rosco, l'un de leurs plus grands tubes !
Ou encore une sorte de balade slow, non identifiée mais que j'ai personnellement trouvé assez émouvante, presque morriconienne ! Et pour finir une dernière bien salace, qui gueule et dégueule dans le micro, malpolie et sale, riff assassin et batteur en extase... trop bien, le finale parfait, merci tellement, les gars !
Bon, pour finir et alors qu'on est au moins deux à s'être rué devant exprès à la fin, gargl : pas de set-list ! Démerde-toi avec ton vinyl, gros, on te l'a joué en entier et avec d'autres trucs en plus. OK les mecs (...enfoirés !), sans rancune, ça va pour cette fois mais que ça ne se reproduise plus okay ? Et notamment pas lors de votre prochaine reformation en 2028, là, mais oui, pour les 20 ans et la sortie en vinyle du Marécage de la Mélancolie ! On est bien d'accord ?
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Critique écrite le 24 novembre 2024 par Philippe
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