Chronique de Concert
Nitwits + N-Twin
Un samedi soir comme tant d'autres à la Machine à Coudre : les excellents Nitwits invitent ce soir les N-Twin (j'avoue que j'ai longtemps cru que c'était un seul et même groupe avec deux pseudos). 22 h 50, heure idéale pour arriver pile au début de N-Twin, devant une salle clairsemée (il est vrai qu'il y a pas mal de choses ce soir à Marseille) mais où je retrouve comme par hasard les Blues Brothers locaux, Penguin et Pirlouiiiit à mon grand soulagement (pas besoin donc de galérer pour fixer tous ces bolides hurlants sur des photos forcément affreuses).
Dans N-Twin il y a une fille qui joue de la batterie, bien et fort, c'est à noter non pas en tant qu'anomalie (on en connait plein et les gens bien élevés savent qu'en rock tout le monde peut tout faire à condition d'y mettre l'énergie) mais parce qu'en plus elle est vraiment habillée en fille, sans tatouages ni artifices, arborant débardeur et boucles d'oreille, souriant même gentiment en foutant pourtant une sacrée branlée à ses malheureux ustensiles. Sur lesquels est inscrit une amusante déclaration : "I Hate Music". Il y a aussi deux garçons qui jouent gratte et guitare et qui braillent avec une belle énergie - à un moment donné le chanteur crie tellement fort qu'il crie même volontairement A COTE du micro (et qu'on l'entend presque aussi bien). Nos oreilles apprécient la délicate attention !
Parmi leurs premiers fans, il y a les Nitwits et leur bande, et pour cause : ils évoluent dans un univers proche, noisy quelque part entre le Nirvana des débuts, Sonic Youth de mauvais poil, les Melvins ou Mc Lusky, enfin toute cette sorte de choses affreusement bruyantes que pratiquement n'importe quelle personne normale fuirait en courant - mais pas les membres de l'association Coton-Tige que nous sommes et qui en ont vu d'autres, et des pires encore ! Par ailleurs N-Twin a cette même faculté que les suivants à nous entraîner dans des rythmiques apocalyptiques et fascinantes- du genre où j'en oublie d'aller boire une bière, même avec un bar très accessible ce soir et ma copine qui y est accoudée pour blaguer, tellement je suis dedans !
Un très amusant coup de marmotte (non, vous ne saurez pas ce que c'est au juste, il fallait venir - disons simplement qu'aucun animal n'a été sérieusement blessé pendant le concert) sonne l'assaut final avant que nous obtenions un rappel sans trop forcer. Encore un trio à fort potentiel à rajouter à notre déjà très riche collection de groupes locaux de talent (j'ajoute que j'ai déjà vu le bassiste jouer quelque part ailleurs, je ne retrouve juste pas où ni quand !). Ils ont un myspace (https://www.myspace.com/ntwinband) mais je dois signaler qu'ils sonnent largement plus trash en live qu'en mp3 !
Bon pour la suite, je suis un peu embêté. Je ne sais plus trop quoi écrire à propos des très sympathiques Nitwits (humainement parlant, musicalement ce n'est pas l'adjectif qui les définit le mieux). Mais ils m'ont heureusement autorisé à écrire à peu près n'importe quoi. Le quatuor développe, pour ceux qui l'ignoreraient, une sorte de rock apocalyptique mais sans gras - au fait, ils ont récemment été mis à l'honneur dans Marseille l'Hebdo avec un petit extrait de chronique écrit par un certain Philippe - la classe non ?
On se moque gentiment de Rudy qui installe une collection complète et multicolore de 7 pédales en série (paraît-il juste pour s'amuser - il n'a certes pas besoin de tels artifices vu son niveau de guitare !). D'ailleurs il passera un moment du concert sans plus réussir à sortir aucun son de cette installation fort complexe ! Le groupe attaque ensuite avec une longue introduction psychédélique et introspective, qui éveille l'intérêt tout en sombrant par moments dans un boucan des plus jubilatoires - je remarque qu'ils chantent en français en plus ... Les 4 individus sont aussi bons que dans notre souvenir, tout ceci sonne un peu comme du Noir Désir joué par les Deftones - alors évidemment ça le fait !
Le groupe produit un vacarme infernal et lancinant, on croirait Jean-Louis Aubert jammant avec Slayer pendant qu'on lui passe les testicules au moulin à viande (eh, oh, j'avais prévenu que j'allais écrire n'importe quoi !), c'est parfait. L'espèce de grand Sammy (eh salut Vince au fait !) qui met une deuxième branlée à cette pauvre batterie, se mettra même debout vers la fin pour plus d'efficacité, tandis que le chanteur ira donner de sa propre tête contre la cimbale. Le concert se finit dans un style indéfinissable mais probablement "post-quelque chose", le tout saupoudré de riffs de couturière, tandis que la marmotte repointe le bout de son nez.
Au rappel une chanson calme (en comparaison de ce qui a précédé) avec un riff surf-rock sympa, et chanté d'une voix éraillée à la limite du décrochement, assez touchante au fond (ceci n'étant pas un commentaire à caractère sexuel bien sûr, d'ailleurs le chanteur a gardé son t-shirt ce soir). Après que le batteur ait salué sa maman, il est temps pour tout le monde d'aller faire un peu tourner le bar - et ceci jusqu'à ce qu'on nous flanque dehors, sous le vague et discutable prétexte qu'il serait 2 heures passées du matin... et qu'il est l'heure d'aller coucher la marmotte qui a perdu connaissance dans une flaque de bière.
Pour finir à signaler qu'on est repartis de ce concert avec un disque de chacun des groupes, offert à l'entrée. Pas ces rats crevés de punk-rockeurs qui feraient un truc pareil, mais bon vu le prix extrêmement élevé de l'entrée je trouve que la Machine pourrait quand même offrir aussi un sandwich, une boisson et un t-shirt, non ?
Une petite vidéo souvenir de N-Twin par ici et de Nitwits par là !
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Critique écrite le 25 février 2008 par Philippe
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