Chronique de Concert
No Jazz Quartet (répétition publique)
Une fois n'est pas coutume, rendez-vous ce jeudi à Lollipop pour un showcase de No Jazz Quartet sous forme de répétition ouverte devant un public déjà acquis à la cause de leur rock high energy.
Traversé de lutte des classes et d'accords toltèques, courants électriques ascensionnels en pleine touffeur tropicale sous un ciel plein à crever de chaleur, électricités palpables. Demain fête la musique mais nous prenons de l'avance dans l'oeil du cyclone phocéen, court-circuités par les klaxons frénétiques et la trépidation immobile.
Laissons la folie loin derrière la porte ouverte pour ne conserver que la fureur cathartique. Ici, les animaux totems côtoient les crashs de bagnole, la rage sociale infuse les marécages saturés dans une atmosphère de polar. Leur bayou s'étend de la Sainte Victoire à la cordillère australienne en passant par l'archipel tourbé des Orcades.
Les voix et les cordes se répondent en écho, dans le cri, l'échappée mélodique, l'émotion contenue. Les paroles puisent dans leurs mines secrètes, en français ou en anglais, comme ça sort, avec la morgue nécessaire.
La basse tisse sa toile comme le bruit sourd d'un coeur fébrile. La batterie scande, égrène, pouls en suspens, ou soulève les fibres des corps avec son beat disco. Le tout est un corail ciselé, zébré d'éclairs. "À l'approche de l'orage, mieux vaut rester tranquille" murmure Paul, chronique du bouleversement politique annoncé. Conseil d'osage pour une musique d'iroquois.
L'humeur est détendue, amicale ; on se raconte, on s'apostrophe, on lève notre verre et notre poing reste en l'air. On célèbre l'instant vibrant, le contemplatif collectif. Les nouveaux tracks en préparation mais déjà parfaitement ficelés sont soumis à l'approbation générale ; l'exercice n'est qu'une formalité devant leur talent individuel et solidaire.
Au bout d'une dizaine de morceaux, le concert informel s'achève autour du comptoir où il est question d'un autre concert celui-ci post-mortem pour lequel Manu retrouve miraculeusement une dizaine d'affiches dans sa voiture. Les verres se vident lentement dans la rumeur étouffée des klaxons à la traîne et, accoudés à un autre comptoir face au vide, apparaît un renard qui s'éclipse furtivement à nos regards, aux confins des mondes de Marseille ? preuve s'il en faut que la musique entrouvre bel et bien une nouvelle porte à nos perceptions.
=> https://nojazzquartet.bandcamp.com/album/youre-gonna-leave-the-building-soon
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Critique écrite le 22 juin 2024 par odliz
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