Chronique de Concert
NOS Primavera Sound Porto 2022 - Jour 3 : Gorillaz, Little Simz, Dry Cleaning, Grimes, Squid, Dinosaur Jr., Khruangbin, Interpol, Pile, Jawbox
C'est le troisième et dernier jour du festival NOS Primavera Sound Porto et aujourd'hui j'ai tout planifié presque militairement. Ce soir je donne tout, je tiens jusqu'à 1h pour Gorillaz, pas le choix. Arrivée à 16h30, je fais un tour histoire de dépenser mon argent (que je n'ai pas, mais je suis une fashion victim des merchandisings).
Dry Cleaning
17h, je suis devant Dry Cleaning qui n'avait pas pu venir au festival Levitation France, à Angers, le week-end dernier. Et bien avec Little Simz, c'est mon coup de cœur du festival ! Malgré la chaleur et le soleil insistant sur ma tête dépourvue de couvre chef, je ne bouge pas d'un poil, je bois le flow de la chanteuse à la voix légèrement grave, je regarde les doigts du gratteux portant un t-shirt Neurosis bouger frénétiquement, et suis heureuse pour ce groupe qu'il y ait autant de monde dès l'ouverture. Au menu : ballades enivrantes et inquiétantes grâce à une basse bien présente et aux mimiques de la leadeuse aux cheveux supra méga longs. Nous applaudissons longtemps, et ils sont aussi en joie que nous.
Pile
C'est parti pour les allers retours scène Binance, Nos, Cupra. Pile, dont j'ai beaucoup entendu parler, est efficace : des riffs et des cris acérés aux notes parfois de garage, excitent le public encore (et malheureusement) peu présent à cette heure. NOS Primavera tente pourtant d'accueillir ses fans de rock avec sa prog indé... Pile nous balance en tout cas toute sa verve qui en plus de 10 années n'a rien perdu si j'en crois les fous furieux qui sautent partout, autant sur scène que sur la pelouse !
Khruangbin
Après cette énergie électrique, je m'approche de Khruangbin que j'avais déjà vu et qui semble être toujours efficace pour groover, reposer ses tympans, et bouger son popotin ainsi que ses épaules sur un rythme de basse bien marqué. Nous sommes littéralement tous devant ce groupe (tout Primavera oui !) : assis au loin, devant, ou encore à se sustenter à quelques mètres de là. Aucune fausse note : le concert est rodé, pas désagréable mais ce n'est pas ce qui va vous laisser un souvenir incroyable (comme ce qui va suivre... teasiiiiiiiing). Des reprises jazzy de tubes en veux tu en voilà : c'était sympa, je me suis reposée, merci ! Et ça joue impeccablement quasi tout en instrumental, sous le soleil (exactement, oui, il est toujours pas parti) avec une Kombucha (salut les bobos !). J'ai souri à tous mes voisins et voisines (l'effet kombucha pour sûr).
Dinosaur Jr.
L'heure des dinosaures a sonné cette fois ! Je cours vers l'autre scène et j'ai l'impression que c'est encore les balances... 10 minutes plus tard le chanteur des Dinosaur Jr. s'excuse... : ce ne sont pas leurs instruments, ils les ont perdus à l'aéroport, ils n'ont pas eu le temps de répéter. Et bien malheureusement il leur a fallu 30 minutes pour se mettre dans leur compos, à l'aise, et ma joie s'en est allée petit à petit. Entre les gens qui parlaient (crémaillère), les titres limites justes du groupe et la fatigue pointant son nez : je voyais Gorillaz arriver dans plus de 3 heures avec difficulté. Que Nenni (oui, j'aime bien les expressions surannées).
Little Simz
Après cette triste déception (une déception peut-elle être gaie ? Vous avez 2h), je m'aventure devant Little Simz. Et là, c'est la claque (wesh gros). Ce concert d'1 heure fut bien trop court pour cette jeune femme accompagnée d'un groupe de musiciens et de chœurs aussi groovant que décontenançant : tantôt trap, hip hop façon 90's, jazz ou encore reggae, Simbi de son vrai nom resplendit de bonheur de nous voir danser et kiffer son son (oui, c'est bizarre à lire je vous le concède). Elle marque des pauses face à nos longs applaudissements : elle semble étonnée par cette foule enjouée. Et oui mam'zelle ! C'est que le public reconnaît la qualité ! J'ai lu un commentaire sur les réseaux sociaux : c'est si bon le hip hop avec un vrai groupe de zicos derrière. C'est tellement vrai : cette basse de folie, ces chœurs, cette batterie qui donne une autre teinte à ce style de musique... Tout était parfaitement à sa place, le flow de la rappeuse parfois chantant, parfois violent, vibrant d'une maîtrise et d'une osmose avec ses acolytes, à chaque morceau. Même fluette, le corps de (Little) Simz a pris toute la place sur cette énorme scène durant tout le set.
Interpol, Jawbox
Comment rester sur cette vibe ensuite ? Et bien en n'appréciant pas Interpol (mon dieu mais qu'ils m'ennuient bis), je suis retournée dans les bois : Jawbox que je ne connaissais pas, des "vieux" qui font du rock (90's) avec une formation classique (guitare / basse / batterie) et un come back. Alors, certes, la bassiste était heureuse de nous voir, tout sourire, autant niveau originalité des compos je repasserai. Pas de dissonance, tout bien carré, des tentatives de cris grungeux mais ce genre de groupe qui s'oublie le soir même. Bon... Je suis quand même allée jeter une oreille à Interpol... Histoire d'être certaine que c'était "mou du genou". La réponse est oui. Monotonie du chant, rythme cardiaque plat. C'était l'heure de manger salement comme dans tout festoche pour se remettre de cette tentative !
Grimes
C'était surtout l'heure de Grimes en fait !! Ovni (je viens de lire qu'elle a appelé son fils "X Æ A-12") génial qui m'a bel et bien réveillée : m'étonnant à vouloir sauter partout, ce n'était pas à cause de mon repas qui était gras, mais plutôt grâce à ce son terriblement fort entre la dream pop, la dance, l'électro... A voir en live absolument. Je me suis crue en boite de nuit géante, les lumières et visuels de toutes les couleurs y participant vivement. Honnêtement je ne sais comment décrire le concert mais moi la rockeuse (de diamant) j'ai adoré !
Squid
La dernière ligne droite pointe son nez : j'y suis presque, Damon Albarn dans 30 minutes... Et comme je me suis fait un agenda de folie, optimisant les allers retours entre les scènes, je décide d'écouter 30 minutes de Squid, groupe que j'aime tant (et donc je manque un peu de Gorillaz qui a évidemment un set beaucoup plus long). Squid... Un autre ovni dans le rock : du jazz, avec de la trompette, de longues notes qui t'enveloppent, et du garage lorsque le batteur / chanteur te hurle dessus de toutes ses émotions, presque adolescentes. Oui, car ils sont jeunes ces fous furieux ! Et néanmoins garantissent depuis le début des compositions intelligentes (sur lesquelles tu ne restes pas nécessairement passif) et parfois même sous formes de scénettes qui s'enchaînent sans interruption, nous baignant dans une histoire sans queue ni tête (de calamar). Je fonds lorsqu'ils te balancent en substance un "merci d'être là alors que Gorillaz joue en même temps, nous sommes tellement heureux d'être ici que vous pouvez même y aller ce n'est pas grave !" Alors avec la bénédiction de Squid j'y suis allée. Le sourire aux lèvres d'entendre au loin la voix de Damon A. le grand, qui une fois aperçu sur les écrans me semblait avoir rajeuni !
Gorillaz
Gorillaz a distillé ses tubes et ses visuels aux héros reconnaissables entre mille. 24 années d'existence et toujours le même claviériste en live ! Là encore le groove d'un groupe de musiciens et de chœurs se fait entendre pleinement. Mais nous ne le verrons que peu, sorte d'ombres en fond de scène pour servir les personnages animés emblématiques créés par Jamie Hewlett sur l'écran géant de la grande scène NOS. Albarn déclinera ses différentes personnalités avec sa veste rose flashy (merci à lui : les mecs vont peut-être enfin oser porter cette couleur car ce t-shirt unisex est vendu au merch !) : Damon au piano, Damon à la guitare, Damon qui va quasiment faire un bain de foule en allant vers le public, Damon qui cerise sur le pastel (de nata) invite Beck sur un titre ! Merveille des merveilles : je peux maintenant rentrer et partir une dernière fois pour la fête des taxis, comme lors des deux premiers soirs...
Critique écrite le 23 juin 2022 par Kiddo
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