Chronique de Concert
Nosfell
Enfin j'arrive au PAG. Le concert avait bien sûr déjà commencé. Mais ce que j'ai entendu ne tarda pas à faire partir en lambeaux ensoleillés mon humeur maussade tant tout conspirait à mener loin des banalités journalières. Venons en au fait ! Nosfell est constitué de 2 gus, Pierre LeBourgeois un bassiste qui s'adjoint souvent les services d'un violoncelle (à moins que cela ne soit l'inverse) et un chanteur-guitariste (là ça marche dans les 2 sens !). La richesse et l'efficacité que l'on peut tirer d'une telle configuration restait pour moi je dois bien l'avouer improbable. Autant le dire une véritable claque.
Nosfell nous a offert plus qu'un concert. Le public a eu le privilège d'assister à une histoire prenant des allures de conte, à une narration chevillée à l'éclat de leur prestation musicale. A nos oreilles et à notre imaginaire s'est déroulée la plus magnifique des perspectives musicales.
Nosfell nous a fait emprunté les routes nomades de l'imaginaire; les radeaux désamarrés de la rêverie pour rejoindre un univers crée de toutes pièces par leurs soins. Et que j'aime quand l'ailleurs devient l'ici !!!! Ayant pris le train en marche, je serais bien en peine de recadrer ce conte avec force détails (et c'est tant mieux ça fera travailler l'imagination de tous et de toutes). De ce que j'ai compris l'histoire que le groupe s'offre à nous conter se déroule dans une contrée lointaine, un monde imaginaire avec ses habitants. Dazdebrek (je crois) est l'un d'eux, Stefgak (je crois aussi) un autre. Mais pour avoir voulu y apporter la musique, le 1er sera chassé par le second d'un village qui répond au nom de Kouyan (l'othographe là encore est tout droit sortie de mon imaginaire !). Pour imaginaire qu'il soit ce Royaume ne dénie pas les formes particulières de cruauté que la vie emprunte dans notre monde bien réel...
Et à contrée, langue imaginaire bien évidemment. Une langue propice à d'incroyables envolées dans lesquelles se lancera le chanteur charismatique de Nosfell. D'1 souplesse déconcertante, sa voix - brillante dans les aiguës, chantante dans les médium, vigoureuse dans les basses - virevoltait au gré du vent de son Monde (je n'en connais pas le nom ). Une tessiture qui se jouait de tous les registres avec une facilité provocante. En effet, le chanteur (dont j'ignore le nom) jongle entre un grave sépulcrale façon Tom Waits et un aigu proche d'une voix de femme. Je dépasse la mesure ? Bon alors proche d'un Prince dans "Kiss" voire du chanteur de Muse ... enfin en moins geignard tout de même. Et entre les 2, il nous fera l'offrandre d'une voix douce, chaude, veloutée (non je ne vous vends pas de la soupe ... allez soyez concentrés !!! hi hi hi oh oh oh ) un peu, pour rester dans le domaine très imparfait du jeu des comparaisons,à la Keziah Jones dont il en a aussi la dextérité à la guitare. En résumé, il prend autant de voix qu'il nous présente de personnages différents. Entre chants qui doivent être l'oeuvre d'un labeur divin, cris expectorés, onomatopées et autres bruits pour rendre les rythmiques à la manière d'un Bobby McFerrin (ou un truc dans le genre ) - connu essentiellement par le grand public grâce à "don't worry, be happy" mais qui est surtout un grand chanteur de jazz réputé pour savoir manier l'art des onomatopées et pour se jouer lui aussi des octaves - le chanteur de Nosfell focalise tout notre attention. Il a la pose gracieuse et picturale et se lancera sporadiquement dans quelques pas de danse bien sentis (entre contemporaine et africaine ).
Pierre LeBourgeois reste plus en retrait, plus discret mais d'une grande efficacité à la basse et sachant tirer émotion et impétuosité tout à la fois de son violoncelle. Il faut insister là-dessus nous avons en face de nous deux excellents musiciens.
Parlons-en de la musique justement. Un enchantement autant qu'une épreuve tant la définir relève de la plus grande gageure. Le groupe exploite à merveille ce qui commence à se répandre de plus en plus - que j'ai découvert pour la 1ère fois avec Joseph Arthur au café Julien - le slamping en live, ou le "Jam-man" comme un plus informé que moi m'a avisé de nommer. Cette technique permet en fait d'enregistrer la voix (pour les choeurs ou la rythmique ) ou des thèmes musicaux que l'on peut repasser en boucle ou superposer, gagnant ainsi en ampleur sonore et donnant l'illusion d'avoir affaire à un groupe au grand complet. La musique elle aussi est protéiforme et omnivore. Simplifions : nous sommes en compagnie de musique pop, folk, rock, blues parfois jusqu'à la musique africaine. Rien n'est délaissé.
Beaucoup de changement de rythmes du plus planant voire lyrique au plus rageant et tempétueux, au plus agressif et impétueux. Prenant parfois des allures expérimentales, cet écheveau de rythmes, de sons, d'ambiance n'en reste pas moins la plupart du temps très lisible avec des refrains bien identifiés et entraînant. On crédite souvent Tarantino d'avoir su réinventer le plaisir des spectateurs. Je ne suis pas loin de penser la même chose pour Nosfell dans leur domaine. Car en effet, comment ne pas vibrer devant la poésie voulue de ce set tant par l'émotion qu'il engendrait que par l'aventure artistique qu'il affichait, prenant toutes les libertés avec la forme musicale.
Enfin, au risque de paraître un brin sentencieux, je crois que ce groupe démiurge fait mouche par non seulement son audace et sa maîtrise, mais aussi parce qu'il ce que a bien compris que l'Humanité a besoin de vous tous, êtres inexistants, Dazdebrek, Stefgak et tous ceux que j'ai loupés (mais qui auront la grâce de ne pas voir leur nom déformé par mes soins).
Et elle a aussi besoin de leurs apprentis : les peintres, les poètes, les danseurs, les chanteurs et les musiciens, les fous, le sorcières, les prêtres vaudous et autres qui patiemment et inlassablement amènent à l'existence des choses impalpables, accomplissent des miracles comme rendre suaves les larmes les plus amères ou mener la dure chair solitaire - par quelque baguette magique que ce soit - en or fondu. je ne crois pas m'avancer en affirmant qu'à la fin du concert le public chevauchait des nuages. Et oui déjà la fin du concert...arrivé en cours de route, le concert aura bien trop vite vécu pour moi. Cela étant, je m'en serai bien nourri comme un succulent aliment. Quand on aime on vit chaque seconde, on en perd aucune. Il n'en reste pas moins vrai que c'est la mort dans l'âme que je laisserai filer les Cd du groupe en vente à la fin du set (pas un copeck sur moi).
J'aurais été curieux de savoir si en studio Nosfell était aussi transperçant qu'en live . Je doute qu'on puisse les trouver à la FNAC. Baaaah je suis quitte pour un prochain concert (je prendrai plus d'argent sur moi)
Photos Pirlouiiiit moins touché que Eric ... à vrai dire je ne suis pas du tout rentré dans ce monde imaginaire et les textes entre les morceaux avaient plutot tendance à décrédibiliser le reste -plutôt pas mal du tout - à mes oreilles ... en bref il en fait un peu trop (pour moi) ...
NdPh (de retour des Eurocks et soufflé par la prestation de Nosfell) : où l'on se rend compte une fois de plus que Pirlouiiiit est une brute sanguinaire, incapable du moindre souffle de poésie...;-)
Critique écrite le 03 mars 2005 par Eric B
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