Chronique de Concert
Nosfell
La magie opère dès le premier morceau, Günel, un violoncelle obsédant, une mélodie onirico-orientale à la guitare qui lui répond, la voix du lutin Nosfell nous invite à partager un voyage avec lui. De la même gorge sort une voix plus sombre qui lui répond, suggérant sans doute que le voyage ne sera pas aussi féerique, que dans tout conte, il y a une part sombre. La montée est progressive. Des boucles instrumentales se forment, le violoncelle est oppressant, hypnotique. Nosfell gémit à la lune, Pierre Lebourgeois lui répond dans un échange envoûtant. Le morceau se conclut de façon hallucinante avec des hurlements obsessionnels de Nosfell. On est pris aux tripes. La réaction du public est inhabituelle. Ce n'est pas un public de fan qui va hurler après son idole tel un "Patriiiiiiiiiick" moyen. Non là c'est une réaction spontanée, d'un public qui vient de prendre un truc viscéral dans la gueule.
J'aurais un seul reproche, c'est que le concert n'a pu être qu'en deçà de ce moment vu l'intensité de ces premières minutes. Ce concert n'a donc été que fabuleux et non pas mythique comme le fut No Means No 15 jours avant... Une amie m'avouera cependant qu'heureusement l'intensité est retombée car elle aurait pu faire une crise d'angoisse.
Ils nous invitent en effet ensuite dans des contrées plus légères avec Jaün Sev'Zül. Rappelons en effet que ceci n'est pas un concert mais un voyage en Klokochazia, univers dont seul Nosfell détient les clefs mais qu'il partage volontiers. La filiation avec l'univers du conte est évidente. Un lutin facétieux nous fera d'ailleurs à chaque fois le plaisir de nous guider, tout en se perdant un peu lui-même dans ses divagations, avant chaque morceau. Jaün Sev'Zül donc avec cet air de guitare léger qui nous accompagne tandis qu'on dodeline, enchanté du voyage. Mais bien évidement, un conte ce n'est pas si simple, à la fin du morceau une voix plus lugubre se fait plus menaçante. Heureusement que le lutin vient nous chercher pour nous rassurer.
A celles et ceux qui ne connaissent pas Nosfell, il va bien falloir avouer qu'ils ne sont que deux sur scène (dans leurs têtes ils sont sûrement plus nombreux !). L'ogre Pierre Lebourgeois à l'obsédant violoncelle, à la basse et aux choeurs et le lutin Nosfell au conte, la guitare, les boucles, la danse, les voix. Ouais les voix. Il est capable de passer du lutin à l'ogre en via une beat box. De Jeff Bucley à Trent Reznor. Hallucinant.
On croit ensuite reconnaître The Wise Left Hand. On croit car tous les morceaux sont réarrangés, enrichis. Cela fait trois fois que je les vois en concert et certains morceaux ont connus des arrangements différents à chaque fois ! Avec ce The wise left hand on rentre en plein dans cet univers, fait de boucles répétitives, hypnotiques, de ces voix qui vous hantent avec ce final où on se retrouvent entourés d'entités étranges. On est déjà plus au Poste à Galène.
Le voyage durera plus de deux heures. Deux heures passées ailleurs. Nous vivrons toutes les étapes du conte : l'enchantement, l'angoisse, la rêverie, la violence et même du punk avec Blowtilan où un batteur vient les rejoindre. Deux heures entres chuchotements, cris, gémissement, voix apaisante, enfantine, terrifiante... Deux heures où Pierre Lebourgeois fera sortir de son violoncelle des mélopées apaisantes, chamaniques, comme des rythmes angoissants. Deux heures où, musicalement, on sera si souvent au bord des larmes, l'estomac noué, ou bien un sourire incompressible aux lèvres. Enfin deux heures, c'est ce qu'en disent nos montres quand on est revenu à la réalité...
Un moment magique et envoûtant...
Photos Pirlouiiiit qui n'a pas saisie la magie de l'instant..
Critique écrite le 09 juillet 2007 par Mystic Punk Pinguin
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