Chronique de Concert
Nuits Zébrées : Under Kontrol + Isaya + The Excitements + Filewile
La radio comme la salle sont pour moi un gage de qualité musicale. C'est donc quasiment les yeux fermés que je me dirige vers la coopérative culturelle pour voir Isaya, The Excitements, Under Kontrol et Filewile.
Le live, uniquement sur invitation, est retransmis en direct sur Nova. En arrivant, pas de petit tour par le bus du coup pour les entrées. Heureusement, dans un sens car ce soir on peut dire que les zèbres sont de sorties... Une foule compacte patiente dans la cour.
En rentrant, c'est toujours le caractère convivial de cette salle et de l'ambiance générale qui prône.
Dans ce village d'irréductibles, on laisse au vestiaire les masques, strass & paillettes. C'est en quelques sortes une grande réunion de famille.
En parlant de famille, sur scène c'est littéralement ça : Isaya, les sœurs jumelles nous matérialisent en musique une soirée au coin du feu, assis sur des bottes de pailles.
Un petit tour dans Walnutt Grove avec un folk qui nous raconte une histoire, faisant défiler un paysage tendre et rude à la fois.
Jessica & Caroline nous livrent des sentiments, ou plutôt des ressentis spontanément. Aucune fioriture, c'est sur des instrumentales épurés qu'elles posent leurs mélodies, jouant des harmonies avec leurs deux voix complémentaires. Elles dégagent à la fois quelque chose de naïf, et une rage, assez paradoxal, mais la fusion unique.
Je suis rentré direct dedans, et la variété des compos, les changements d'instruments, m'ont bien tenus en haleine.
J'ai cherché à quoi Isaya me faisait pensé mais j'ai eu vraiment du mal à trouvé, peut être un mix de Moriarty, d'Aretha Franklin, Jewel, Janis Joplin, & de chanteuses Country... Mais Isaya est un groupe à part entière, avec une marque de fabrique bien trempée.
C'est sur un gout de trop peu qu'elles s'éclipsent et laissent place à un animateur.
Et là, je vais vous avouer que pour moi ça à été le retour un peu brutal à la réalité. En effet, dans les concerts, il y a les changements de plateaux, mais là, avec l'émission radio, un coté quelque peu superficiel est venu pointer le bout de son nez...
Il est vrai que le live sur les ondes est une très bonne chose autant pour les artistes que pour les auditeurs, mais (je parle pour moi) je trouve que les interventions mettaient le public au second plan. Simple avis personnel.
Le son par contre pendant les changements de plateaux était au poil. Transitions parfaite entre les groupes.
La soul prend la relève avec les Barcelonais : The Excitements.
Longue intro qui nous montrent un medley de leur panoplie, et on peut dire que ça envoie !
Un groove qui lance l'Akwaba en dancefloor. C'est serré, mais on peut quand même remuer au son d'une grosse basse, une nappe de cuivres qui emportent.
La chanteuse, petit bout de femme, mais ça ne l'empêche pas d'utiliser la scène avec une assurance étonnante.
Très sexy, elle joue en alternant chant Rythm'n Blues et danse survoltée (allant jusqu'à du Booty Shake...)
Les guitares très blues avec des "cocottes" donnaient beaucoup d'énergies.
Des titres pleins de breaks, de variantes. Ce style me convient parfaitement, et tombe pour moi parfaitement dans le timing de la soirée.
On dit souvent que les récompenses ne veulent rien dire, en regardant les nrj music awards, par exemple, on peut comprendre. Mais Under Kontrol , champions du monde en titre de Beatbox dérogent bien à ce constat actuel.
En effet, comme ils le disent, ils ont débuté en résidence ici même (Akwaba) il y a quelques années et ont fait leur bout de chemin SM58 au poing. Une reconnaissance bien méritée, sans conteste, en voyant le niveau de cette compétition.
Et dans cette discipline, il n'y a pas uniquement de critères techniques. Micflow, Faya braz, MR Lips et Tiko allient prestance scénique, toast, rap, coordination, composition, humour...
Pour les frileux qui se disent qu'un concert de Beatbox c'est du "poum tchi pa", Under Kontrol est là pour les convaincre qu'à 4 micros, le son est totalement bluffant.
En fermant les yeux, les basses nous percutent, les sons sont carrément "extra terrestres" (je cite un membre du public). Mais il est important de les rouvrir, car la gestuelle prend une grande part.
Les marseillais représentent bien leurs couleurs avec une petite surprise au public à mis chemin entre une animation des South Winners dans le virage et un Grand Oaï du Massilia. Un pur moment qui montre que la relève est là !
Au niveau du chant, il y a d'ailleurs de très bon passages, autant en flow ragga, hiphop, Soul.
Des influences aussi variées que bien cuisinées. Je me suis régalé. "1 " : Album dans les bacs, d'ailleurs.
Le dernier groupe Filewile se prépare, mais une partie du public semble avoir tout donné. C'est devant moins de monde que le précédent groupe qu'ils attaquent. Heureusement, un bon nombre de fumeurs rentrent dans la salle ensuite.
Pour ma part, la musique des allemands me plait pas mal dans la recherche des sons, une jolie voix, mais je ne retrouve pas la fraicheur de leurs prédécesseurs.
A mon gout il manque d'une pêche, qui pour moi est compensé par un coté sur joué.
La chanteuse se débrouille très bien, mais le "machiniste" ne peut s'empêcher de faire des interventions, de grands gestes, il semble décalé par rapport au son qu'ils produisent.
J'avoue que l'electro n'est pas forcément ma tasse de thé, mais là je trouve le groupe très stéréotypé.
Par contre, le public présent semble ne pas ressentir la même chose (tant mieux !) et profite pour donner leur reste d'énergie.
J'espère avoir un avis différent une prochaine fois.
Moi, j'abdique, zappant la dernière partie "Soundclash" de Nova, de toute façon, "on peut l'écouter en podcast", nous dirait un animateur...
Je repars quand même très comblé par cette soirée aussi éclectique que sympathique.
La programmation 2012 est affichée, et ça donne encore envie...
Critique écrite le 04 décembre 2011 par bertrand
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