Chronique de Concert
Oh! Tiger Mountain
Ce marseillais a voyagé, le nom "Oh ! Tiger Mountain" vient d'un titre de Brian Eno. Le sien véritable est Mathieu Poulain. Il a en projet un album pour début 2011 : "Sings Suzie".
Il a flashé grave sur la série de Martin Scorsese "Broadwalk Empire" avec Steve Buscemi. Parmi les derniers auteurs lus ou relus : H.P. Lovecraft. Parmi les références qu'il chérit se trouvent la poésie de William Blake, les nouvelles de Raymond Carver ("on est libre d'imaginer ce qui s'est passé avant, et ce qui s'est passé après"), le film Short Cuts de Robert Altman, qui en est fortement inspiré, mais aussi "Amateur" d'Hal Hartley , les romans de Douglas Coupland, Les films de Jarmusch.
Le projet qu'il aimerait voir abouti : accéder à un véritable studio d'enregistrement, de pros, avec du bon matos. La direction qu'il aimerait suivre : agrandir le groupe du côté rythmique (basse, percus...)
Le message à délivrer : "Un truc important, c'est l'imagination."
Ce soir, Oh ! Tiger Mountain joue en duo avec Kid Francescoli, (un marseillais qui honore sa ville et son club de foot par le choix de son nom d'artiste, lui au moins), batteur qui parsème sa caisse de confettis, ça fait un effet rigolo quand il tape dessus.
Je vous fais grâce de la "liste-de-ceux-à-qui-il-fait-penser", elle est trop longue et à déjà été faite avec pertinence par de précédents chroniqueurs.
Oh ! Tiger Mountain fait l'effet d'un tout bien ouvragé, un travail d'artisan abouti : c'est d'abord et surtout, la voix, son timbre, est telle qu'on peut parler ce soir, d'un trio (guitare, voix, batterie). Puis la manière dont elle s'accorde avec la guitare, le rapport intime qu'il entretient avec son instrument, le jeu de scène plein d'aisance, de naturel. Mais encore le dialogue complice avec le public qui donne l'impression au parfait inconnu que c'est un vieux pote ou une amie intime, les formules elliptiques qui introduisent les morceaux ("une ville où j'ai eu pas mal de problèmes." ou "Vas-y, accroche-toi, lâche tout !"). Un charme indéniable de beau gosse au look romantique, dont il joue (et il a bien raison) sans en abuser. Et surtout, du talent qui s'exprime dans la construction des morceaux : des pièces courtes, à l'instar des "short stories" de Raymond Carver. Des rythmes biens balancés qui s'arrêtent aussi net, des ruptures, des changements de jeu sur les cordes, des intervalles de silence (un musicien pop-folk-rock qui a compris l'importance des silences, c'est bien !).
Et l'ensemble qui donne une sensation de cohérence, d'homogénéité, d'aisance et de création artistique très personnelle : malgré tous ceux à qui il fait penser, c'est son uvre, sa patte, sa griffe.
Il y a une part en lui à qui on a envie de dire "continue, Tigre, ne change rien" ; et une autre qu'on a envie de suivre : quelle direction va t-il prendre, où vont le mener ses errances, comment il va évoluer ? C'est sans doute ce qu'inspirent les artistes qui sont un et multiples à la fois, l'enjeu étant de garder son identité en étant perméable, sensible aux rencontres, aux expériences.
Car la route d' Oh ! Tiger Mountain sera longue, et le mènera loin, certainement.
Et pour les inconditionnels qui en veulent encore un peu, en fouillant sur la toile, je suis tombé sur un texte mystérieux livré dans son dossier de presse. Info ou intox ? Le voici :
(...) À Trenton, ça a toujours été un type comme les autres. Grand et maigre, comme les autres ; peinant sur sa guitare dans sa chambre, là-haut à l'étage, comme les autres ; descendant des bières à même la boîte le samedi soir en essayant de crâner devant les filles du centre ville, comme les autres ; avec une histoire à lui - fils d'un prof de français exilé - englué dans une banlieue moyenne de la capitale du New Jersey, plus ou moins comme les autres. Va savoir, on l'écoutait peut-être un peu plus que les autres quand il reprenait de vieux morceaux d'Hank Williams les vendredi soirs au pub local, et c'est à peu près tout. Le fait est que sa mère était amie avec Nancy Scialfa, la demi-sur de Patti, mais cela a-t-il eu une véritable importance ? Déjà, son nom, lui, n'en avait pas. Il n'en a jamais eu, finalement. Même ce jour où il a croisé le Boss (the real One, dude !), passé voir l'un de ses fils à Rumson pendant la tournée de reformation du E-Street. Parce qu'il sortait d'une interminable rééducation suite à ce terrible accident de voiture causé par un tigre blanc échappé du Bridget's Animal Kingdom (la nouvelle a fait la Une du Times of Trenton, sur deux colonnes), il lui a balancé ce nom comme ça, probablement aussi à cause de cette période où il n'écoutait quasiment plus rien d'autre que Brian Eno.
Il a pris un de ces bus qui sillonnent le pays, parce que le Boss (the real One, dude !) avait bien aimé sa version de "I'm So Lonesome I Could Cry" et lui avait filé un Pass pour le concert de Philadelphie ; et comme les autres, comme tous ceux qui ont eu, à un instant ou à un autre, une bonne raison de prendre un bus, il n'est pas revenu à Trenton. Ça a duré comme ça longtemps, les voyages en bus, de long en large, quasiment dans tous les états. Jusqu'à ce que ses parents lui annoncent qu'ils repartaient pour la France. Il se trouve qu'en France, vers Marseille, les types venus du New Jersey qui ont croisé des tigres blancs sur la route et le Boss dans un pub (the real One, dude !), ça peut pas vraiment être des types comme les autres. Surtout s'ils n'ont pas vraiment de nom, et que du coup, ils s'en choisissent des bizarres, du genre (...)
Critique écrite le 11 octobre 2010 par Mardal
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