Chronique de Concert
Ohmfacom, The bewitched hands on the top of our heads
C'est Ohmfacom qui invitait. J'avais déjà entendu ce trio garage au Popart, en première partie d'un groupe allemand. J'en avais gardé un plutôt bon souvenir, mais ce qu'ils ont joué ce samedi m'a paru bien mieux. Tout, le son, les morceaux. Pour ce qui est du jeu de scène, on peut considérer qu'il n'y en a pas. Ca tangue un peu. Au jugé. Ils ont quand même bien merdé dans l'ensemble. Une corde a cassé. Une corde de mi. S'en est suivi un long moment de flottement que j'ai mis à profit pour faire un tour de Montcy.
J'ai grimpé jusqu'à l'Eglise, j'ai longé les boutiques fermées et les logis pas encore endormis jusqu'au cimetière où un chat m'a regardé de travers. Il avait compris que je n'irais pas plus loin que quelques caresses.
J'ai passé ainsi quelques minutes à humer le fond de l'air. Je ne voulais pas fréquenter plus que nécessaire le comptoir du Café de la Marine. Je n'étais pas venu pour boire, mais bien pour revoir les Bewitched Hands on the Top of our Heads. Pour réécouter leurs titres, vérifier si je n'avais pas rêvé. Comme après une première séance de baise lors d'une soirée un peu trop arrosée. Il y a une certaine appréhension. "Merde, je ne me rappelle plus le son de sa voix, est-ce qu'on s'est seulement parlé, pareil c'est une conne..." Bon, je les ai vus en répétition, en coup de vent, comme si j'avais croisée la fille dans le bus et qu'elle m'avait montré ses cours d'histoire de l'art, c'est charmant, mais un peu court.
Donc.
Ils ont joué.
Autant le son m'allait très bien pour Ohmfacom, que là avec sept musiciens, ça coinçait comme sur un mauvais enregistrement pirate de la Mano Negra, une bouillie sonore. Après deux titres, je ne sais pas si c'est ma bonne volonté, mais ça m'a semblé plus juste. De toute façon, comme l'a décrété Guillaume, "si c'était bien, vous n'aimeriez pas ".
Sauf que, sauf que...
Si la formule est bonne, elle ne correspond cependant pas à la vérité de ce groupe. The Bewitched Hands on the top of our heads. Ce n'est pas juste un groupe de potes qui sort sa collection d'instruments et de chansons, c'est autre chose qu'un avatar marnais du Brian Jonestown Massacre, un Bordel Jonestown Massacre ou encore un Brian Joubert Massacre (Brian Joubert, patineur artistique et Ardennais). Ils ont la même configuration (trois guitares, un clavier et un tambourine man) que le groupe d'Anton Newcombe, mais les Rémois présentent au moins trois points de supériorité sur les Américains.
1. C'est un vrai groupe et non la chose d'un seul leader compositeur. J'ai répertorié pour le moment cinq compositeurs.
2. Suite logique, le répertoire est plus varié.
3. Autre suite logique, le climat est un peu plus sain.
J'idéalise probablement. Ils ont peut-être déjà eu l'occasion de s'engueuler, et si ce n'est pas le cas, ils en auront à coup sûr. Il est plus difficile de s'entendre et de prendre des décisions à sept (dont cinq compositeurs). Mais pour le moment, ce sont avant tout des amis et c'est le visage de l'amour qu'ils présentent lorsqu'ils jouent ensemble. Il n'y a qu'à regarder Julien, l'homme-tambourin (saxophone aussi).
Julien est un type assez raide. Ce garçon peut être excessivement cassant, un vrai rabat-joie, trop intelligent, trop exigeant, mais avec un tambourin, entouré de ses amis, c'est un autre personnage que l'on découvre. Une sorte d'ange à clochettes. Le sourire extatique, il balance son tambourin et son corps tout au long des morceaux devenant le centre de gravité des Bewitched Hands. On pourrait en faire des posters. Il n'est pas le seul à connaître pareille métamorphose. Dans la vie civile ou, en tout cas, nocturne, Anthonin, le blond guitariste est discret, silencieux, un fantôme presque, mais lorsqu'il est ensorcelé (ce que veut dire bewitched en français), il devient un rocker de la meilleure espèce, nerveux, gueulard, batailleur.
Et les deux d'ailleurs, Julien et Anthonin, nous ont exécuté une drôle de danse samedi soir, unissant leur corps pour se muer en une bête à deux dos et deux tambourins.
Pareil débordements charnels ne seraient pas possibles, si les chansons étaient juste moyennes. Je ne peux pas le croire. Les Bewitched, c'est de la qualité supérieure, un grand cru.
Il y avait quelques Rémois acquis à la cause dans la salle, mais les Ardennais qui les voyaient pour la première fois ont bien réagi à ce qu'ils ont entendu. Un pilier de bar a saisi une maraca (des maracas) et ne l'a pas lâchée de tout le concert, et les autres n'ont pas quitté leurs sourires.
L'ambiance était tellement chargée d'ondes positives que deux femmes ont insisté à la fin pour chanter du Lou Reed avec le groupe. Elles ont agrippé Seb Adam, l'ont travaillé au corps jusqu'à que oui, le groupe parti chercher les quelques bières auxquelles il avait droit, est revenu vers ses instruments. Sweet Jane, Walk on the wild side ont résonné dans le bar. C'était sympa, chaleureux, beau comme un buf dans Taratata, avec les musiciens qui se passent les bras par-dessus les épaules.
Après ça, mais je ne suis pas bien sûr de la chronologie, Guillaume a repris un titre qu'ils avaient déjà joué plus tôt. Une chanson qui débute sur un solo d'harmonica, une tuerie à faire crépiter les colts et entrechoquer les bouteilles de whisky. Puis comme le même Guillaume, et nous autres public, avions encore envie de les entendre, il s'est lancé dans une reprise aussi surprenante que bienvenue. Et tu danses avec lui de C. Jérôme. Je n'aurais pas rêvé mieux.
PS: Puisque je parlais de Guillaume... il y avait aussi un frère à lui dans la salle. Je ne connais pas son nom. Il portait un tee-shirt Kiss, mais surtout il joue dans un groupe assez extraordinaire. Carabine. Julien m'a passé, il y a déjà quelques mois, un cd avec cinq titres dessus. Quelque chose de vraiment bien, des paroles, des mélodies, qui grattent la tête et les jambes, des titres aussi personnels qu'accrocheurs. Et les voyant, les deux dans la salle, j'ai pensé à leur père, Pascal, que j'ai, que nous avons l'occasion de croiser à Reims, et je me suis dit, quel enculé de mes deux, c'est quand même merveilleux d'avoir deux gaillards comme ça, ça promet de belles sorties pour ses vieux jours. Je me suis imaginé à sa place. Et je me suis rappelé que ce n'était pas gagné, vu que j'ai pas d'amie, vous voyez le genre d'amie qui donne envie mettre enceinte, pour la beauté du geste. Grrr.
Critique écrite le 10 juillet 2007 par Bertrand Lasseguette
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