Chronique de Concert
Les Olivensteins-Les Garbage Men
Le label Born Bad a eu il y a quelques années la bonne idée de réunir sur un album ce 45t avec d'autres chansons jamais sorties officiellement (des titres issus de démos ou des enregistrements live). Le groupe s'est reformé pour quelques concerts à la faveur de cette heureuse réhabilitation discographique et du nouvel engouement, amplement mérité, qu'il a ainsi suscité.
A l'origine un quatuor, les Olivensteins sont désormais un quintet et jouent ce soir au Café Julien. Gilles Tandy et le guitariste Vincent Denis, les seuls membres d'origine, sont accompagnés d'un bassiste, d'un batteur et d'une claviériste.
Le groupe a finalement sorti l'année dernière (40 ans après ses débuts !) son premier véritable album, Inavalable.
Plutôt que de miser tout de suite sur les chansons passées qui ont fait leur réputation, les Olivensteins vont d'abord jouer les titres de cet album qui s'avèrent plutôt réussis et aussi réjouissants et foutraques que leurs premiers, notamment le Rapace avec son intro au clavier qui sonne comme un orgue farfisa. Gilles Tandy s'agite frénétiquement, avec un jeu de jambes digne d'un Elvis épileptique ; son chant est toujours aussi gouailleur et hargneux, à la manière du Jacques Dutronc des débuts.
Il envoie sur plusieurs chansons des giclées d'harmonica, d'une redoutable efficacité, qui sonnent du coup très garage. Les Olivensteins interprètent ces nouveaux titres avec une énergie et un enthousiasme qui met rapidement le public dans leur poche. De leur propre aveu, ils avaient crée ce groupe " pour se marrer " et rien n'a changé de côté-là, cette joyeuse équipe ne s'est jamais prise au sérieux le moins du monde.
Malgré une affluence malheureusement assez faible, Gilles Tandy manifeste son plaisir à jouer dans cette salle ainsi que sa satisfaction d'avoir devant lui un public souriant. Et après avoir interprété ces titres récents, ils balancent sans qu'on s'y attendait une version de Fier de ne rien faire sous speed. Et c'est là qu'ils enchainent à fond et quasiment sans interruption les chansons des origines comme Je suis négatif ou Je hais les fils de riches, véritables perles garage punk dont les textes n'ont rien perdu de leur acidité.
La claviériste fait jaillir de son instrument des sonorités souvent bruitistes qui évoquent celles que l'on pouvait entendre sur les premiers albums de Pere Ubu et qui apportent vraiment un plus aux chansons. Vincent Denis, qui joue sur une rutilante rickenbacker, s'avère un très bon guitariste : son jeu en arpège, à la fois fin et incisif, flirte parfois avec la surf music ou le rockabilly. Le groupe joue également La Colère Monte et Le Vampire, deux titres que l'on peut trouver sur le très bon album solo de Gilles Tandy, la Colère Monte sorti vers la fin des années 80 (et sur lequel il est accompagné par des membres des Dogs, sans doute un des meilleurs groupes de ce pays).
Ils jouent en rappel le désormais classique Euthanasie dans une version furibarde. Les Olivensteins n'ont pas du tout donné l'impression d'être de ces musiciens sur le retour qui se reposent sur leur " gloire " passée ; en effet, ils n'ont rien perdu de leur punkitude ni de leur mordant, le public a eu droit à un set vraiment réjouissant et sans prétention.
La soirée se poursuivra ensuite avec un DJ set des Garbage Men (qui ne sont autres que Michel des Cowboys from Outer Space et Blackman de Distropunx où l'on a pu entendre quelques joyeusetés " garage-electro-psycho-punk ", parfait pour terminer la soirée.
Critique écrite le 01 juin 2018 par Phil2guy
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