Chronique de Concert
Olivia Ruiz
Je suis désolé mais j'ai complètement raté la première partie (c'est que ça donne soif, de monter à vélo au Moulin !). D'autant qu'il m'a fallu promener mon amie dans le petit enclos spécial fumeur, charmante attention, qu'a installé le Moulin à l'extérieur (virant les fumeurs avec un an d'avance). En tout cas quand elle débarque, un Moulin archi-comble réserve un accueil chaleureux à la jeune chanteuse. Moulin comble peut-être aussi parce qu'elle est passée à la télé - elle a été repérée dans un télé-crochet, comme avant elle Dutronc ou Johnny, elle s'en est servi avec finesse et elle a fait deux bons albums depuis... Il est donc inutile d'en faire tout un plat, ou même de dire comment s'appelle cette émission de merde.
Première impression un peu mitigée sur les premières chansons (Quixote, Non Dits), devant ce déploiement de force sur scène : un vrai groupe de rock (5 musiciens dont un seul accordéon qu'on entend guère) autour de la petite diva, aux chorégraphies hispanisantes assez exubérantes. Goutez-moi aurait même fini en pogo avec un public un peu plus chaud ! En la voyant évoluer au milieu de tout ça, j'avoue m'être d'abord dit : elle se la pète, un peu, quand même...
Malentendu levé quand elle nous a adressé la parole : c'est une jeune fille sympathique, charmante, drôle, avouant sans gêne qu'elle a la goutte au nez, se moquant des petits travers de ses musiciens et des siens, déconnant avec le public ou le vannant gentiment. Elle raconte pas mal sa vie, c'est vrai : Olivia Ruiz fonctionne beaucoup sur l'affectif, notamment familial : c'est le thème de la moitié des chansons de l'album La Femme Chocolat ! Du coup, lui reprocher de parler trop, c'est au mieux ne pas comprendre sa démarche et son feeling, au pire se comporter comme de grossiers téléspectateurs de TF1... Enfin.
Bref cette demoiselle a des petites envies d'enfants (I need a child). Je connais par ailleurs un chanteur talentueux et passé tout récemment qui lui aussi parle beaucoup de ce genre de choses... coincidence ? D'autant que Petite Voleuse sonne un peu Dionysos. Suit un moment marrant ou chacun est invité à danser le plus stupidement possible sur un air 60's kistch - en fait une longue intro pour J'aime pas l'Amour, excellente chanson dont chaque refrain se finit par 20 secondes de punk-rock !
Suit une chanson un peu longue (celle qui fait "Mais Dites moi"...), une petite moquerie des chansons d'amour débiles qu'écrivent pas mal de filles de son âge (et une bluette où elle déshabille son bassiste, plutôt consentant), et elle enchaîne sur l'excellente chanson de Los Carayos : L'escalier (elle a oublié de dire de qui c'était... "et ta bouteille s'est pas pétée"). Puis l'entraînante Thérapie de Groupe où elle assaisonne toute sa chère famille, et une reprise plutôt standard, mais pas déplaisante, du Requiem pour un Con.
On revient ensuite à des considérations plus dionysiaques avec l'inévitable ukulele de La Femme Chocolat, très convaincante de la part d'une fille que tout garçon sensé rêverait de croquer, puis la très jolie J'traîne des pieds (elle a chaussé des bottes énormes pour l'occasion), un peu abimée par une batterie en plus, inutile à mon goût... Un très touchant Cabaret Blanc, où elle finit en présentant ses musiciens, conclut le concert. Avec en bonus une chanson en espagnol, aux airs morriconiens, vraiment très chouette (mais un peu courte pour un rappel !), Olivia Ruiz quitte une salle enchantée par sa présence et sa voix charmeuse, tour à tour enfantine et gouailleuse.
En sortant, je vois passer une fillette qui demande toute déçue à sa maman : "Y'a pas de posters ?" Il est vrai qu'elle s'est fait un t-shirt avec un coeur, sous lequel elle a écrit "Olivia"... C'est très mignon ! Ce genre de choses doit être courante aux concerts de Lorie, mais c'est la première fois que je le vois, et finalement je trouve ça charmant : les chansons comme la Femme Chocolat et son double sens malicieux, ont rendu Olivia Ruiz aussi populaire auprès de petites filles que de grands garçons comme moi.
Bonne route à vous donc, Señorita Ruiz, et au plaisir de la re-croiser !
Critique écrite le 01 mars 2007 par Philippe
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> Réponse le 07 mars 2007, par stéphane
[Moulin Marseille - 28 février 2007] Olivia Ruiz fonctionne beaucoup sur l'affectif, notamment familial : c'est le thème de la moitié des chansons de l'album La Femme Chocolat ! Du coup, lui reprocher de parler trop, c'est au mieux ne pas comprendre sa démarche et son feeling, au pire se comporter comme de grossiers téléspectateurs de TF1 Je ne comprends pas le lien de conséquence établi entre son affection familiale et le reproche qu'on peut lui formuler de mettre en scène cette affection (quelque soit la formule utilisée. On demeure en démocratie, et il me semble que cette formule certes vulgaire est dans le dico). Ce n'est pas français, et c'est dangereux car du coup, on peut faire n'importe quel amalgame. Je vous propose une bonne utilisation du "du coup". Il écrit des chroniques dans liveinmarseille. Il n'aime pas... La suite | Réagir
> Réponse le 26 mars 2007, par july
Oui moi aussi je l'ai attendue et elle est enfin venue, fidèle à son style et à ses chansons décalées. Vade retro ceux qui veulent qu'elle parle moins, c'est justement là son atout : son franc parler et sa gouaille à ne faire taire sous aucun pretexte. En tant que fan je ne ferai aucun commentaire sur tous les morceaux irrésitibles (oui un peu quand même !) qu'elle a chanté, je veux juste rajouter que la première partie "26 spinels" était vraiment extra surtout la chanteuse très à l'aise à discuter avec le public en essayant de dénicher la perle rare et pourtant si réaliste... La musique vraiment dans l'esprit de la suite ; tout était trop bien à part les gens trop grands qui ne me laissent rien voir... Réagir
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