Chronique de Concert
Opeth - Pain of Salvation
Sur la scène, la batterie de Pain Of Salvation, qui va assurer la première partie, occupe déjà 1/3 de la place. Il fait une chaleur à crever et on démarre sur une petite musique, limite à faire s'endormir un bébé. Ils se mettent en place et commencent à chanter avec de petites voix douces ... Mais ce n'est que pour tromper l'ennemi ... En 30 secondes, on se prend une explosion dans les oreilles, à vous décoller du sol !!
Johan Hallgren est torse nu, des dreads jusqu'aux fesses et nous envoie des cornes du diables à tout va. Mais en même temps, sa voix sait se faire douce et ils semblent tous les cinq adorer jouer sur les paradoxes, associant des churs quasi romantiques avec un son tonitruant envoyé par presque une dizaine de cymbales. En à peine trois morceaux, ça pogote déjà dans les premiers rangs. La dynamique est fantastique. Du gros son cassé en permanence par de la musique plus douce, pleine de guitare. En fait, du lourd plein de nuance. Avec un Johan qui fait tourner ses dreads et tout le groupe qui chante avec lui, qui joue avec la salle (qui s'éclaire à intervalles réguliers). Sans parler d'un public qui suit à 200%. Le métal subtil, c'est vraiment du pur bonheur.
Le choix de leur setlist entretien cette alternance des rythmes. Le micro change aussi de mains et parfois le son prend la couleur d'un Pink Floyd. Un drôle de mélange pour un résultat plutôt pas mal, avec des morceaux très longs (je pense que le plus marquant sera Diffidentia), des solo de guitare impressionnants et un son de tonnerre.
Et même lorsque la technique nécessite de petits réglages, tout se fait dans la décontraction la plus totale. Daniel Gildenlöw se marre "On crie pas .... Pas de chocolat !!" Alors on crie bien sûr et on repart pour un tour. On ne voit même plus de têtes au premier rang, mais plutôt que des touffes de cheveux qui s'agitent. Parfois, une petite pause, pour chanter ... Puis ça repart de plus belle. Et sur la scène, on a carrément Jésus en contre jour, qui lâche sa guitare. Quelle image !! Les cassures de rythme sont toujours omniprésentes, avec un batteur qui assure comme un malade. On a tout : des éclairs, du tonnerre et un public au taquet. Lorsqu'ils quittent la scène, tous les bras sont levés et ils en profitent pour serrer les mains qui se tendent vers eux avant de partir.
Daniel Gildenlöw - Chant & Guitare
Leo Margarit - Batterie
Simon Andersson - Basse
Fredrik Hermansson - Claviers
Johan Hallgren - Guitare & Churs
Setlist
Road Salt Theme
1 - Softly She Cries
2 -Ashes
3 - Conditioned
4 - 1979
5 - To The Shoreline
6 - Diffidentia
7 - Linoleum
8 - No Way
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Après le passage tonitruant de Pain Of Salvation, la scène se met en place pour le set tant attendu de Opeth. La pochette de leur dernier album habille le mur du fond et le dessin de l'arbre est repris sur la batterie. La scène est entièrement vidée et le public appelle : "Opeth !!!"
Dès le départ, les lumières sont fantastiques et ce sont des hurlements qui saluent leur entrée, avec un son qui s'annonce faramineux. On est aveuglés par les spots et on se prend le tonnerre des guitares en pleine tête, qui embarque tout sur son passage. Et puis Mikael Akerfeldt apparait d'un coup, comme un diable qui sort de sa boîte. On ne voit quasiment rien, mais la musique balaye tout. Quand au son : ce n'est pas compliqué, on entend plus le public !!
Sur scène, Fredrik Akesson semble être carrément ailleurs et la voix de Mikael est juste parfaite de pureté et de nuances. Les lumières sont irréelles et lui semble rester d'un calme olympien. Comme au cur d'une tempête durant laquelle il resterait droit et paisible en avant poste. On a vraiment droit à tout, jusque dans la plus grande des subtilités des instruments. Et c'est tellement scotchant que le public est presque plus calme que tout à l'heure. Enfin, tant que personne ne lui demande de participer. Parce qu'à la première question qui lui est posé reçoit des hurlement en réponse (ce qui amuse beaucoup Mikael en plus).
Après la tempête, vient l'accalmie. Il sont vraiment d'une zenitude incroyable tous les cinq. On sent bien là la papatte de Steven Wilson ! Et puis à chaque fois, je me fais avoir : Une amorce en force, puis vient la voix, la mélodie et les guitares se déchaînent à nouveau pour repartir en feu d'artifice. Ça pète. C'est métallique. C'est précis (quasi chirurgical) avec des déferlantes de cordes pour un final tout en puissance.
Pendant les inter-morceaux, Mikael discute avec le public (qui gueule pas mal, mais il gère ça avec le sourire). Les morceaux s'enchaînent et il nous garde en haleine. On ne voit plus que lui dans les roulements de tambour. Le public reste accroché à chacun de ses gestes et il tient comme ça une éternité, laissant monter la puissance dans des lumières qui pètent et des solos de guitares menés avec un incroyable calme ... Il est réellement hypnotique quant il nous offre un Face Of Melinda d'anthologie, marqué par une fin où les voix reprennent possession de l'espace, avant de se faire reprendre par les guitares. C'est époustouflant comme show.
Aux premières notes de Porcelain Heart, des cris de plaisir se font entendre. Tout se joue en puissance et en charisme. La musique est vraiment magnifique et pas bourine pour deux sous. Du métal plus qu'élaboré, servi par une voix superbe. Et cela se trouve multiplié par dix avec la petite session acoustique qu'ils nous ont réservé en milieu de set, qui va nous offrir un The Throat Of Winter (musique du jeux God Of War) de toute beauté, avec un jeux de guitare à la limite du flamenco. Jamais je n'aurai pensé entendre des sonorités pareilles à ce concert !
Ce set, fait de mélange de vieux et de neuf (mais de toute façon le public les aime toutes !), ne se lasse pas de nous réserver des surprises. La guitare classique du set acoustique donne vraiment une toute autre couleur à leur musique et met parfaitement en valeur la voix de Mikael. Mais pas de souci, on ne s'endort pas et les deux minettes du premier rang (qui agitent leurs têtes avec frénésie depuis le début) réussissent à tenir le rythme (en un peu plus lascif quand même !!) Le jeu de la batterie au marteau donne beaucoup de profondeur et rend Credence très envoutant. C'est marrant d'ailleurs, parce qu'ils bougent à peine et réussissent pourtant à emplir l'espace tout entier, rien qu'avec leur musique. Le public écoute tout cela bouche bée (et vu le look de certains, c'est très marrant de les voir ainsi médusés). Alors quand la puissance rejoint tout cela, la salle essaie d'emboîter le pas avec une clappe qui devient vite difficile à suivre.
Allez, c'est reparti pour le pogo. Il faut y aller pour ces derniers morceaux qui restent à partager, avec le retour de la puissance du début. Les guitares et la basse ont opéré un rapprochement, y allant aussi à grands coups de tête ... L'ambiance tourne à la folie dans la salle (on le sent bien là le métalleux !) Mais il faut dire qu'ils le cherchent bien avec ce son qui fait trembler le sol. Tant et si bien que lorsque l'on redescend, le public crie "Encore !!" et qu'il faut quelques minutes pour atterrir.
Les deux dernier morceaux du set vont être très puissants, intenses, vibrants ! Les bras se lèvent. Les mains se tendent. Les têtes se balancent ... C'est l'heure de la communion. On retrouve vraiment l'esprit de Porcupine Tree (la grande classe). Mikael joue les yeux clos, la tête rejetée en arrière. C'est vraiment transcendantale comme musique. On est transportés et le public termine ses phrases, quand il les laisse en suspend. Ils tirent les accords à mort. Poussent le plaisir jusque dans ses limites. Les morceaux semblent n'avoir pas de fin, tous les quatre de dos, tournés vers le batteur. Ils semblent comme suspendus dans l'espace temps, avec un public qui hurle quand viennent les dernières notes.
"We've got one more song !" Et ce n'est pas une douce celle-ci !! Les strombis sont au taquet et le public aussi. Mikael tient sa voix et fait rebondir la musique. Il casse les rythmes encore une fois, à la manière d'une vague qui avance et qui recule ... Et nous qui passons dessous, dans le rouleau. C'est hyper dur à décrire parce qu'il faut vraiment le vivre. Il se poste de dos, bras ballants, puis fait demi-tour et revient en devant de scène, dans un solo de guitare à tomber. Pour finir, ils semblent tous les cinq en transe maintenant et je ne sais pas s'il reste un seul bras qui ne soit pas levé dans cette salle pour les saluer à leur départ.
Reste encore une petite dernière pour le rappel. Ils reviennent avec un petit pas de danse dans le jeu des lumières "Thank you very much mother fucker !!" Mikael présente chacun des membres du groupe, en se foutant de leur gueule et de celle de Steven Wilson au passage ;) !! (trop excitant pour lui ici ... Il est chez lui en train de boire son thé !) Puis il part seul à la guitare pour un magnifique dernier morceau, d'une intensité rare. Ils sont immergés dedans et nous submergés par la même occasion. On perd un peu de la voix, mais la puissance est telle que ce n'est pas grave. C'est fantastique, pour un atterrissage pas évident ... Parce qu'il faut en redescendre d'un truc pareil !!
Mikael Akerfeldt - Chant & Guitare
Fredrik Akesson - Guitare
Martin Axenrot - Batterie
Martin Mendez - Basse
Joakim Svalber - Clavier
Setlist
1 - The Devil's Orchard
2 - I Feel The Dark
3 - Face Of Melinda
4 - Porcelain Heart
5 - Nepenthe
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(Acoustic Set)
6 - The Throat Of Winter
7 - Credence
8 - Closure
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9 - Slither
10 - A Fair Judgement
11 - Hex Omega
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12 - Folklore
Chronique réalisée par la team Concerts en Boîte
Critique écrite le 30 décembre 2011 par Ysabel
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