Les Fils du Facteur

Pour cet avant dernier jour du Paléo Festival de Nyon 2022 (la fatigue commence à se faire sentir, il faut bien le reconnaitre), je démarre avec un groupe bien sympa qui joue au Club Tent, Les Fils du Facteur. Ils sont Suisses et ils font de la chanson française, plutôt rigolote avec un humour Suisse. Les Fils du Facteur soufflent un air frais sur la chanson française, qu'ils infusent d'une bonne dose d'humour et de charisme. Éclectique et sincère, leur chanson française - mais bien suisse - a traversé les rivières, les lacs, les montagnes et maintenant les océans. C'est cependant sur scène que le groupe fascine le plus. Indéniable transmetteur d'énergie, il enchaîne avec dextérité des chansons aux mélodies contagieuses. Lors de leur concert, ils sont très conviviaux et font beaucoup participer le public. A voir si vous voulez passer un bon moment de rigolade !


Gaël Faye

Pour la suite, retour sur la grande scène pour revoir un artiste que j'apprécie beaucoup, il s'agit de Gaël Faye qui chante en Français et est originaire du Rwanda. Pour définir sa musique, on peut dire qu'il fait du slam de lumière, c'est un magicien des mots. A mi-chemin entre poète, slameur et rappeur, il se nourrit d'influences musicales plurielles : rap en français teinté de soul et de jazz, semba, beats hip-hop ou rumba congolaise. Gaël Faye a pris grand soin d'affûter sa plume subtile et touchante pour peaufiner un superbe album, comme à son habitude. Lundi Méchant, écrit entre Bujumbura et New York, touche de plein fouet avec ses textes si justes, fidèles à l'ADN du poète. Et avec un mot d'ordre : l'espoir. Il transmet cela lors de sa prestation à Paléo et tout le monde apprécie, surtout par les temps qui courent !


Têtes Raides

Apres les mots subtils de Gaël Faye, on change de registre pour aller vers le rock désinvolte en français des Les Têtes Raides, qui jouent sur la nouvelle scène Véga. Ce groupe a toujours fait du rock et il le fait bien. Il fait valser les masses depuis les 80's ! Son énergie brute, à la jonction des genres où prédominent chansons revendicatrices, accordéon et rythmes chanson-rock-musette, fait déferler un vent libérateur sur le public. Un air et on se prend par les épaules pour guincher, boire et chanter dans l'ambiance fédératrice de leurs concerts aux mélodies immuables ! En ces temps de canicules, un vent rock ne fait pas de mal ! En buvant une bonne bière bien fraiche bien sûr...


Sopico

On continue sur la lancée du rock avec un autre artiste, plus jeune, qui mêle rock et hip hop. Il s'agit de Sopico qui joue au club Tent. Cette jeune pépite nous offre une œuvre entre le Wu-Tang et Nirvana, il a créé l'événement lors de la sortie de son incroyable clip Slide, où on le voit rapper suspendu à 129 mètres de hauteur, guitare à la main, tout en descendant la Tour Pleyel à Paris. Un clip aussi vertigineux que son flow. Sur scène, il déroule un hip-hop fumeux et l'enrichit d'une production magnifiquement rock. Il nous prend par la main pour nous extraire des amours digitaux et nous enveloppe loin du béton amer dans une mélancolie apaisante, avec des sons tendus entre la Seine Saint-Denis et les rivages de l'Afrique du Nord. A noter que le batteur est excellent, il s'agit de Tiss qui est aussi le batteur pour Catherine Ringer. Il donne au concert la touche bien appuyée au niveau du rythme qui assoit la voix et les riffs de l'artiste.


Ninho

Ensuite retour à la grande scène, avec le rappeur Ninho. Que dire... Il vend, il vend beaucoup... Plus de 2 milliards de vues sur YouTube, 1 milliard de streaming et recordman des certifications : une trajectoire foudroyante. Issu de la street, Ninho est devenu LA tête d'affiche, LA figure incontournable de la scène rap francophone. Ça c'est pour le côté ventes. Sur scène... c'est toujours pareil. L'artiste utilise l'autotune... Peut-être que le gars ne sait pas chanter juste... C'est souvent l'utilisation de l'autotune. Etg c'est ce qui fait que ça sonne toujours et encore identique. Les textes sont profonds... de vide... Le public suit, enfin son public. Il en faut pour tous les goûts on va dire...


Tryo

On change de registre et là on passe dans une catégorie où les artistes sur scène savent jouer d'un instrument, chantent avec leur voix naturelle, sans autotune. Je vous jure, ça change tout. Je retrouve donc Tryo sur la nouvelle scène Véga. Ici, on va écouter et savourer des chansons festives, à tendance reggae. Le groupe s'est bonifié avec le temps et ses membres sont un peu plus posés on dirait. Les thèmes qu'ils abordent sont d'actualité : l'urgence climatique, la disharmonie d'un monde à la dérive... Avec ses multiples tubes intergénérationnels, le groupe chante le poing levé, frappe avec douceur et dénonce avec ardeur une société malade. De L'hymne de nos campagnes à Désolé pour hier soir, des titres fédérateurs aux rythmiques reggae et aux notes optimistes résolument engagées. La plaine de l'Ass lève les bras pour applaudir la prestation qui est encore une fois à la hauteur des attentes de Paléo !


OrelSan

Retour sur la grande scène pour du rap, mais là, bizarrement, l'artiste chante avec sa vraie voix, fait des textes avec des sujets, verbes et compléments. Les phrases ont du sens, traitent de l'actualité, de choses de la vie, de sentiments, de souvenirs... Il a y plein de types de rap différents et ça fait plaisir de voir et d'entendre OrelSan nous offrir tout cela.
Son flow est certes, monocorde et nonchalant. Basique. Mais, cela dit, rien ne semble l'arrêter : un documentaire, une tournée de dingue et un nouvel album Civilisation qui s'arrache avant même d'être dans les bacs. Sur scène, Orelsan donne tout : il fait participer le public, saute de partout en continuant à chanter ! Le Paléo, ce soir-là, aura droit à une pure prestation de rap !


Folamour

Pour finir cette avant dernière journée, je découvre sur la nouvelle scène Véga un artiste très surprenant, Folamour , qui fait une sorte de disco funky house complètement hallucinée. C'est très déstabilisant et ça sonne super bien ! On ressent des vibrations très positives ! Bruno Bomendil, alias Folamour en référence au Dr. Strangelove de Kubrick, est un digger, un chercheur de pépites. Inlassablement, il parcourt les bacs de vinyles à la recherche de sons funky à égréner dans ses mixes, de ceux qui mettent des papillons dans le ventre. Entre soul et jazz seventies, ce surdoué apporte une dose de groove à une house gorgée de bonnes vibes. Ces touches sont accrocheuses et chaleureuses et son secret est bien gardé. Pour finir cette journée très chaude, rien de mieux que de danser jusqu'au bout de la nuit sur les sons de Folamour !

Et pour finir, une petite vidéo reprenant le meilleur de ce samedi à Paléo !