Chronique de Concert
Overhead
Un peu à près 21 heures, les 4 musiciens pénètrent sur scène de façon très sobre et le concert peut débuter avec une chanson superbe d'emblée The sky, dans une salle très silencieuse et remplie disons au tiers. Le line-up se compose d'un guitariste-chanteur, Nicolas Leroux, un bassiste, Jean-Claude Kebaïli, un batteur, Christophe Demaret et un second guitariste, Chakib Chambi semble-t-il. Classique me direz-vous pour un groupe de Pop ! Oui, mais dans cette formation chacun joue son rôle à part entière. Les lignes de basse pour commencer, sont très élaborées et on sent nettement les influences jazz qui ressortent.
Le batteur varie beaucoup les rythmes au fur et à mesure des morceaux. Parfois c'est très langoureux et mélancolique ce qui donne un côté un peu trip hop à certains morceaux, d'autres fois par contre c'est beaucoup plus incisif et rock comme sur Closer notamment. Puis, lorsqu'il prend les balais pour jouer, la touche jazzy se dessine à nouveau. Le second guitariste n'est pas en reste non plus. Il possède une palette assez impressionnante de pédales d'effets dont il use avec finesse. C'est lui qui s'occupe des nappes et autres ambiances qui embellissent et enrichissent la musique de ce quatuor.
Mais l'âme de ce groupe, c'est avant tout Nicolas (dont le visage me fait penser à quelqu'un mais je n'arrive pas à savoir qui... ça me rend fou !). Ce français, qui se situe apparemment aux alentours de la trentaine, possède une voix absolument merveilleuse à mon goût. La première personne à laquelle j'ai pensé en entendant ce timbre de voix si singulier et si familier à mes oreilles en même temps, c'est bien évidemment Jeff Buckley. Et qu'on me coupe la main si ce Nicolas n'a jamais écouté de Jeff de toute sa vie car sa musique respire l'âme de ce génie, mort trop tôt comme les autres.
A vrai dire chaque morceau qui me transcende, m'interpelle parce qu'il me rappelle ma référence essentielle. Que ce soit Closer, As stolen ou Innerself, tout me fait penser à lui, les lignes de guitare et de chant, la seconde guitare, derrière, très travaillée, avec beaucoup d'effets et très évoluée, la mélancolie surtout qui se dégage de cette musique... On sent une espèce de complainte derrière, quelque chose d'une confession également.Par moment, il y a aussi un petit "Air" de Coldplay, ce qui n'est pas déplaisant non plus et on sent également l'influence de Talk Talk, pour en finir avec les comparaisons.
En plus de sa voix haut perchée et douce comme une caresse, il a un très bon accent anglais grâce aux cinq années qu'il a passé de l'autre côté de la Manche. A force, toutes ses qualités deviennent agaçantes. C'est vrai, trop c'est trop à la fin ! Que quelqu'un d'intouchable comme Tom Yorke soit aussi talentueux, ça d'accord. Mais un petit frenchy capable de faire de la Pop anglaise comme ça... Non, j'suis pas d'accord.
Alors, il faut que je m'attèle à lui trouver des défauts... Il bouge pas beaucoup voire très peu sur scène (en même temps, sur la scène du Café Julien, avec tout le matos et 4 zicos, on peut pas vraiment faire de chorégraphies endiablées. En plus, pour faire de jolies photos sans flash, c'est plus pratique). Ensuite, il n'a pas l'air très à l'aise quand il parle au public, ce n'est pas Yannick Noah quoi. Mais, le public n'est pas chaud bouillant non plus...
Non sérieusement, ce qu'il fait est vraiment très joli et plus encore. A vrai dire, sa musique me correspond à la perfection et pour simplifier, si j'avais pu le faire, c'est exactement ce que j'aurais fait.
Sur You call it love et Letter to a Friend, Nicolas troque ça guitare contre un clavier et ce n'est pas mal du tout. Sur Melo, le second guitariste, qui au passage est quasiment toujours dans l'ombre ce qui rend les photos plus compliquées, utilise un archet pour jouer et je suis plus qu'heureux de constater que c'est n'est pas pour rien. En effet, certains gratteux comme l'un des Hurleurs par exemple, ont tendance à faire ça un peu dans le vent car ils ne sortent pas forcement de jolies sonorités et cherchent plus à faire du bruit. Ici ça sert merveilleusement bien la mélodie et l'ambiance du morceau. Au milieu du set, il y a aussi un morceau très court avec juste une guitare, une basse et deux voix : un pur régal.
Au bout compte, ils enchaînent les 13 morceaux de leur set list, s'éclipsent un instant et reviennent faire deux morceaux déjà joués dont l'excellent Closer (encore une fois). Il est 22h30 et je sors tranquillement de mon rêve. Pendant une heure et demie, je suis sorti de cette réalité qui nous entoure pour en rejoindre une autre, j'ai perdu la notion de l'espace et du temps, j'ai touché du doigt la quasi perfection artistique et j'ai vu, respiré, senti, atteint quelque chose de mystique....
Seul point noir de la soirée, car il en faut toujours, c'est que j'étais venu en partie pour entendre le son magique du plus noble instrument que l'homme est inventé : la contre-basse. Malheureusement, Overhead ne l'utilise apparemment qu'en studio alors ils repasseront pour la perfection absolue (qui en fait n'existe pas bien entendue)
Merci infiniment à Vanina & l'Espace Julien.
(Photos de Ed Dazuntski)
Critique écrite le 06 mars 2003 par Ed Dazuntski
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