Chronique de Concert
Festival Les Nuits Courtes Patrice / Le Peuple de l'herbe / Stand High Patrol / The Geek X VRV / Gramatik / Yellam
Yellam est annoncé à 19h. Pas écouté ni entendu parlé, mais je suis curieux de découvrir un groupe émergent de la scène reggae.
Je profite donc de mon avance pour prendre mes marques sur le site, et observer le bal des organisateurs et bénévoles. Première édition oblige, on sent l'adrénaline palpable à Fontenay pour cette soirée d'ouverture, et le suspens sur l'affluence semble être dans toutes les têtes.
Effectivement, la configuration est assez atypique.
Une scène est installée devant l'entrée principale, sous un chapiteau, en accès libre, avec une tralée de foodtrucks proposant un panel large de bouffe de festival pour toutes les bouches. Au fond, un grand bar avec des calages sympas et la grande salle en accès avec bracelet.
En récupérant mon pass', je suis étonné de voir que pour Yellam les photos sont réservés à l'officiel festoch' seulement.
Je trouve cela bizarre car je n'ai jamais vu ça pour un jeune groupe, déjà très rarement pour des stars internationales... Je me renseigne auprès d'organisateurs et photographes, et on me valide l'info.
Après retour du responsable du groupe (après postage de chronique) c'est apparemment une incompréhension, mais dommage pour les photos. Les couacs peuvent arriver!
Ça me laisse quelque peu sur la réserve, mais j'en ai vu d'autres, et je vais quand même assumer ma casquette de chroniqueur en écoutant attentivement les artistes labellisés Génération Spedidam partenaire du festival.
Musicalement, je trouve que ça sonne très bien, avec une grosse partie machines. Ça résonne très funk / Soul sous le chapiteau. Pas ou peu de Reggae / Hiphop, ou alors de brefs passages vocaux.
D'après ce que j'en ai déduit, le groupe effectue un virage soul.
Le batteur amène de bonnes nuances qui ajoutent du dansant à la partie instrumentale, une bonne basse qui groove, mais c'est vocalement que personnellement je coince un peu.
N'est pas soulmen qui veut, et malgré des titres enregistrés à Brooklyn et à Kingston (ça en jette toujours d'annoncer ça avant une chanson...) ça reste plat à mon goût, même si la voix part haut perchée, ça ne me touche pas.
Selon mes références, la voix fait plus New Have que New Soul, pas moyen de comprendre les paroles. Yellam terminera sur un featuring fait avec Sizzla, une touche d'espoir ! Pur riddim, mais c'est dur de rivaliser avec le patron des variantes vocales, évidemment pas présent ce soir...
Je me presse de rentrer dans la grande salle pour ne pas louper le début du show de Patrice !
Adepte des festivals depuis une ou deux décennies (moi de même...), l'artiste est bien souvent en tête d'affiche et valeur sûre en live.
Ça fait quelques années que je ne l'avais pas vu, et je suis content de retrouver le bassiste à la joie communicative, toujours aussi solaire ! La scène de la grande salle est arborée d'un décor végétal, ce qui ajoute du roots à l'ambiance.
Un nouveau membre, me semble-il est placé entre le batteur et le clavier. Des pads qu'il utilise bien lui permettent de jouer différents instruments selon les besoins. C'est devenu incontournable, désormais... Un bon outil, qui économise quelques musiciens, ce qui me fait dire que je deviens sûrement un peu réac' avant l'âge !
En contraste parfait, Patrice nous fait des passages guitare / voix qui se suffisent à eux même, émouvants, où les accords et la vibration vocale font suspendre le temps.
La très grande salle se remplit tranquillement, et ça chauffe comme un bon moteur diesel. Patrice nous fera un gros medley avec contretemps bien cadencé. Histoire de contenter les fans et de faire une session karaoké !
Une version de BangBang de Sonny Bono sera l'occasion d'entendre la choriste se lâcher, ponctué de complets de Patrice sur du ska.
Les dames en auront aussi pour leur compte avec les titres plus Love de son répertoire, Patrice sait naturellement charmer par sa voix.
Et l'enchaînement sans transition de génération se fait sous le chapiteau avec Le peuple de l'herbe qui fête cette année ses 20 ans de carrière. Selon moi, ils auraient mérités la grande scène, peut être en inversion avec les Stand High Patrol, c'est facile à dire comme ça, mais la programmation est l'art de prendre tous les paramètres en comptes, et cela ne m'étonnerait pas que les décibels en soit un non négligeable.
Mais revenons au Peuple de l'Herbe ! Comme Patrice, ils ont sillonné les festivals et martelés leur style à la croisée du Ragga, de la Jungle,du Hiphop et de riff Punk. Souvent très attendus, ce soir ils jouent tôt, à 21h, et le chapiteau est bien rempli. Les Nuits Courtes ont eu la bonne initiative d'annoncer bien à l'avance sur les réseaux sociaux les horaires afin que les festivaliers n'aient pas de mauvaises surprises.
Les zicos sont incontestablement de qualité avec une base guitare basse batterie très rock visuellement et dans le son, avec des gros passages instrumentaux.
Un trombone emporte le tout de manière aérienne. Magnifique pull de Noël vintage qui contraste parfaitement avec le style punk rock des autres membres. C'était grisant de réentendre un No escape en live avec ces notes cuivrées !
Un dj bien hiphop vient mettre sa touche, souvent en lien étroit avec le batteur appuyé par des pads digitaux.
Les clips sont projetés, histoire de se plonger dans le monde marginal déjà bien suggéré par les samples.
C'est assez speed, mais aussi alterné de moments plus dub, ambiant, le temps de respirer un peu. Bravo, car en 1h, pas facile de condenser 20 années de carrière...
JC001 est toujours aussi carré, avec un flow ahurissant, on se demande où il va chercher son souffle... en plus du débit ragga, il est parfaitement intelligible ! Il nous fera 5 bonnes minutes de beatbox, assez impressionnant.
Oddateee était annoncé en feat, et j'avais eu un gros coup de cur, je l'ai attendu jusqu'au dernier titre, en vain, tant pis, ça donne pourtant bien notamment sur El paso, cherchez un peu sur le net...
Grosse prestation aussi pour l'ingé son et lumière (du groupe?) qui n'avait pourtant que 2 mains...
Gorge sèche, donc petite pause au bar, où l'ambiance est bonne avec de nombreux festivaliers déguisés. Je galère un peu avec le système de jetons (et demi jetons) afin d'avoir l'appoint...
Bonne crêpe au stand Rallye des gazelles (pour la bonne cause), seul au tarif abordable pour moi ce soir.
Puis c'est reparti dans la grande salle pour les Stand High Patrol.
Les bretons ont l'air d'être attendus... Effectivement, beaucoup sont venus tôt afin de trouver une bonne place devant les barres d'enceinte.
Et direct, c'est des grosses basses qui font trembler les vêtements et poussent à osciller au rythme du Dub.
C'est soundsystem sans toaster mais plutôt un trompettiste en pointillé pour apporter du show sur scène. Pas de Pupajim, mais le public chante quasiment tous les couplets !
Encore mon petit coté obtus, je suis moins fan des soundsystems que des groupes reggae avec backingband, mais j'apprécie ce soir le set bien travaillé des DJ, et les prods qui sonnent à l'ancienne, avec la touche actuelle.
Dans la continuité, The Geek X VRV est un groupe formé de 2 Djs et d'un brassband multi casquettes sortant de leur chapeau synthé, mac, et autre outils numériques.
Une grosse pêche sur scène, une bonne émulation entre musiciens.
Ça reprend des références musicales hiphop, soul, mais aussi cinématographiques. Le tout enchaîné rapidement laissant juste le temps de profiter des mixs bien réinterprétés.
La programmation ce soir est bien ficelées, et surtout avec des fils rouges.
The Geek X VRV sont dans la lignée du Peuple de l'Herbe au niveau sampling, et la grosse section cuivre donne une énergie énorme.
J'ai moins apprécié les passages purement mix, malgré que le plaisir évident exprimé sur scène paraissait communicatif auprès du public.
Le chapiteau est toujours blindé, et les sourires aux lèvres. Un groupe au parfum du temps, qui sera je le pense amené à percer, du moins à squatter les affiches des festivals de leur nom inhabituel.
Minuit, c'est l'heure de se diriger une dernière fois à l'intérieur pour enfin écouter Gramatik en live.
Enfin...écouter et voir aussi ! Car le Dj et le guitariste sont entourés d'écrans balançant des images psychédéliques, des paysages stratosphériques qui nous font plonger dans leur musique planante.
Gramatik, vêtu d'un cuir, casquette et lunettes de soleil distille des compos minimalistes, mais non moins façonnées avec minuties sont enchaînées et le public foule avec entrain le dancefloor sur du dubstep aux teintes jazz.
Son guitariste choisit des sons perchés avec beaucoup de reverb qui se fond dans l'instru et vient chatouiller les oreilles par des mélodies entraînantes.
Gramatik finit en beauté sur un show au parfum techno idéal pour le timing de la soirée.
En résumé, c'est un bon début pour ce festival, qui apparemment a eu une bonne affluence sur les 3 jours, et a le mérite de chercher à combiner payant et entrée libre, avec une programmation éclectique. A suivre !
Critique écrite le 29 octobre 2017 par Berclic
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