Chronique de Concert
Patti Smith joue l'album Horses et plus ...
Le 20 octobre 2015, Patti Smith fêtait à l'Olympia les 40 ans de son premier album, le légendaire "Horses". Ce n'est pas mon disque favori de cette artiste, je lui préfère très nettement "Easter" que je trouve plus abouti, plus dense et plus sauvage. Pour autant, la promesse de l'interprétation de "Horses", dans l'ordre, offrait la perspective d'avoir une entame de concert par la reprise légendaire du hit des Them, "Gloria". Il n'en fallait pas beaucoup plus pour me motiver à prendre mon billet, d'autant que les 4 fois précédentes ou j'ai eu la chance de voir Patti Smith sur scène furent toujours de très beaux moments.
Pourtant, je m'enfonçais dans le hall des 28 Boulevard des Capucines avec une légère appréhension. Ce concert allait-il être celui de trop ? La grande prêtresse du Rock New Yorkais des années 70 flirte douloureusement avec les 70 printemps. La date de péremption allait peut être dépassée... Il ne fallut que quelques dizaines de secondes pour me rassurer. Celle qui ressemble désormais à un croisement improbable entre Jane Birkin, Iggy Pop et Géronimo, n'eut qu'à sortir un son de son petit corps frêle pour mettre tout le monde d'accord. Si les cheveux sont plus que gris, la voix n'a pas bougé. Dès les premiers couplets de "Gloria", on retrouve donc une chanteuse exceptionnelle. Habitée, expressive, passant de la douceur au cri d'insurrection vindicatif, Patti Smith est bel et bien toujours l'une des plus grande divas de l'histoire du ROCK. Très proche de l'album, son interprétation de Gloria a bien l'intensité que j'espérais pouvoir trouver.
Le public est tout acquis à sa cause, reprenant en chur les refrains, se montrant extrêmement attentif et respectueux sur les morceaux plus lents ou lors des intermèdes poetico fumeux dont la chanteuse américaine est coutumière. Sans surprise, les grands moments de cette interprétation de "Horses" seront " Gloria", " Birdland", "Free money", " Break it up". La conclusion de cette relecture de l'album se fera avec une version d' "élégie" particulièrement poignante qui se prolongera par une litanie des saints martyrs du rock and roll de Jim Morrisson à Amy Winehouse en passant par Kurt Cobain, Lou Reed, les anciens membres de son groupe, Joe Strummer ou Ornette Coleman. Cela ne l'empêche pas d'enchainer avec une magnifique version de "Set me free", de l'album "Easter".
On sent que les 40 années écoulées depuis la sortie de "Horses" n'ont pas laissé que des rides et des cheveux blancs à Patti Smith. On la sent un peu prisonnière de ses souvenirs et du passé. C'est probablement la grande différence entre les concerts qu'elle pouvait donner dans les années 70 ou l'urgence était palpable et ceux de 2015, ou flotte une certaine nostalgie. Mais peut-il en être autrement ?
Cette impression est renforcée lorsqu'elle s'absente quelques minutes et que son groupe se lance dans un medley réussi du Velvet Underground ("Rock and Roll", "white light, white heat", "I'm wainting for my man"...) Puis, Patti Smith resurgit alors sur scène pour envoyer des brûlots comme la reprise des Who, " My generation", ou des grands tubes de sa discographie comme "Because the night" et " People have the power", avant de s'éclipser sous un tonnerre d'applaudissement bien mérité. Même si à titre personnel je regrette qu'elle ne soit pas revenue pour quelques autres titres comme "Rock n roll nigger" ou encore "Waiting underground", qui étaient de grands moments lors des concerts précédents auquel j'ai eu la chance d'assister.
On quitte toutefois la salle en se disant que c'était probablement la dernière occasion de voir Patti Smith sur scène, d'autant que l'âge moyen du public et les couleurs de ses cheveux accréditent le fait que la nostalgie a désormais bien pris la place à la fièvre et à l'urgence que cette dame a porté avec sa musique. Mais ce fut malgré tout un beau moment nostalgique...
Critique écrite le 27 octobre 2015 par lol
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