Chronique de Concert
Pearl Jam (Festival Lollapalooza Paris 2022)
Ce dimanche 17 juillet 2022 à 21h30, un miracle a eu lieu à Paris car on n'y croyait vraiment plus. On parle évidemment de Pearl Jam, qui a enfin joué en France, eux qui nous ont délaissés depuis 2012 et un dernier show donné dans le cadre du Main Square Festival à Arras. En effet, depuis une décennie, la légendaire formation de Seattle, dernier survivant du mouvement Grunge qui a marqué durablement l'histoire du Rock (Nirvana, Soundgarden, Alice in Chains, Mudhoney, L7, entre autres) a rendu bien amer ses très nombreux fans français pour avoir rayé de la carte le pays lors de leurs nombreuses tournées européennes sur cette période.
En 2018, on lisait ceci sur le site de hardforce.com : "Le groupe Pearl Jam ne s'étant plus produit en France depuis 2012, les fans commencent à trouver le temps long et d'autres ont tout bonnement baissé les bras. Certains s'accrochent toujours et une pétition a été lancée sur le site change.org afin de faire revenir le groupe dans l'Hexagone. En effet, Pearl Jam se produit régulièrement en Europe et cette année encore sera présent tout autour de nos frontières sans jamais y poser un flight-case"
On peut rajouter également qu'ils n'ont pas joué en salle depuis le 11 septembre 2006 (Paris Bercy), une éternité, ce qui nous a souvent donné envie de pleurer tant on a pu être dégouté, écœuré et donc bien frustré.Pearl Jam, c'est tout simplement l'histoire de notre vie, notre grand amour mais également notre plus grande frustration en matière de concerts sur ces trois décennies. Le public français s'est donc contenté de miettes en 30 ans et si on fait les comptes, voilà ce que ça donne en chiffres : six concerts parisiens en comptant celui d'aujourd'hui - 1992 x2, 1996, 2000, 2006 -, un à Marseille (2006) et les deux derniers au Main Square Festival à Arras (2010, 2012). On appelle ça les vaches maigres. Maintenant, on est en 2022, après deux reports de cette édition du Lollapalooza en raison de la pandémie (on a souffert jusqu'au bout par ailleurs car les Américains devaient être présents en 2020 puis en 2021 mais ils ont toujours maintenu leur participation " il aurait manqué plus que ça "), Pearl Jam fait donc son grand retour chez nous mais encore une fois, en configuration festival mais on s'en sort bien, ils ont prévu de jouer deux heures (en salle, la durée, c'est 2 heures 30 voire plus). Bon, allez, on arrête de pleurnicher car aujourd'hui, on est très heureux quand on file en direction de l'hippodrome de Longchamp près de la porte Maillot et du Bois de Boulogne. (Solidays se déroule également dans ce même lieu et toujours trois semaines avant). On a même peine à y croire et de plus, la vague de chaleur qui a envahi l'Europe depuis un moment nous bouffe de l'énergie. On s'en sortira très bien ce soir malgré tout parce le show est programmé en clôture du festival, la nuit tombante et parce que les deux jours suivants, on passera à 41 degrés sur Paris, soit l'enfer de la fournaise.
A 21h30, c'est enfin la délivrance après tant d'attente. En intro, c'est le morceau "The Greatest" de Cat Power qui passe dans les énormes amplis. Puis les musiciens et le charismatique Eddie Vedder arrivent sur scène. "Why go" ouvre le bal et c'est l'explosion. On est envahie de frissons et d'émotions. Ils sont tous là, à quelques mètres de nous et devant au moins 25 000 personnes voir bien plus. Premier titre joué et premier uppercut dans la gueule, on encaissera . On comprend très vite que Pearl Jam est toujours énorme sur scène et que c'est un vrai groupe qui va mettre une branlée à toutes les formations qui seront passés durant ce week-end d'après certains commentaires lus sur la toile. En effet, Ament, Gossard, McCready,Vedder ont peu d'équivalent tant le niveau est juste exceptionnel. Eddie Vedder, qui comme à son accoutumée à sa bouteille de rouge à la main, va chanter de mieux en mieux au fur et à mesure du concert et nous régale. Les années n'ont pas émoussé la formation tant l'envie, la combativité, l'énergie restent intactes. Le 11ème titre "Not for You" va nous faire passer dans une dimension supérieure encore avec une missive contre Trump et Poutine et ces menteurs qui détruisent notre monde. Vedder est toujours en colère et il y a de quoi.
Au beau milieu de "Given To Fly", le père Ed interrompt le groupe pour attirer le personnel de sécurité car il voit une personne qui commence à faire un malaise. Pendant cette courte pause, il en profite pour nous parler notamment de leur engagement politique et cite également Jack White qui jouera trois fois à l'Olympia dès le lendemain (On vous en reparlera, ça tombe bien !). Histoire d'enfoncer le clou au cas où on avait oublié (sourire), Eddie nous dit qu'ils ne sont pas passés en France depuis 10 ans et nous remémore leur tout premier concert à la Locomotive il y a 30 ans tout juste et une fois la personne évacuée, ils repartent à fond sur "Given to Fly". La dernière partie du concert est terrible, avec un enchainement de morceaux monstrueux. On prend alors claque sur claque. Le sommet du sommet est atteint sur "Black" qui nous donne envie de verser une larme. Le public est à l'unisson, fait bloc avec le groupe, le moment est exceptionnel, magique. Les bombes "Go" et "Porch" concluent le set en boulet de canon avec une énergie remplie d'étincelles.
Pour le rappel, Vedder, avec beaucoup de sincérité, parle de l'importance de la vie et l'hymne "Alive" qui suit va faire chanter le public qui nage en plein bonheur. Ed va se lancer durant cette version à rallonge dans une distribution de tambourins et de médiators aux fans situés dans les premiers rangs et Pearl Jam clôture son set sur "Baba O'Riley" des Who avec un McCready juste incroyable. Phénoménal ! Ce dernier, comme à son habitude, nous scotche à nouveau de son jeu de guitare tranchant, percutant, incisif et jouissif au possible. Le groupe nous salue et sort de scène alors qu'Eddie Vedder a du mal à nous quitter. Mais il repart avec plein de cadeaux que les fans lui ont offerts. Ces derniers mots seront "Je t'aime. See you next year" qui laisse présager un retour du groupe l'an prochain. Il est un peu plus de 23h30, le festival Lollapalooza se conclut en beauté avec un groupe unique, fabuleux qui est tout simplement un monument du rock.
Quelques jours plus tard, le groupe postera ceci sur les réseaux sociaux après l'annulation du concert de Vienne le 20 (celui de Prague va l'être également le 22). "À tous ceux qui s'attendaient à un super show de Pearl Jam ce soir à Vienne, c'était aussi notre cas. Cependant, en raison des circonstances extrêmes du dernier concert en extérieur près de Paris (chaleur, poussière et fumée des incendies), la gorge de notre chanteur Ed Vedder a été endommagée. Il a vu des médecins et suivi un traitement, mais pour l'instant, ses cordes vocales ne se sont pas rétablies. C'est une nouvelle douloureuse et un timing affreux... pour toutes les personnes concernées. Ceux qui travaillent si dur pour mettre en place les shows ainsi que ceux qui donnent leur temps précieux et leur énergie pour y assister... En tant que groupe, nous sommes profondément désolés et nous avons essayé de trouver des solutions pour continuer à jouer. Et Ed veut jouer. Mais sa gorge ne fonctionne tout simplement pas en ce moment. Le groupe a ajouté : "Nous sommes vraiment profondément désolés. Les billets seront remboursés au point d'achat. Merci de votre compréhension."
On a su également pour être complet que les fumées des feux qui toucheront la Gironde durablement, sont en effet remontées jusqu'à Paris. Des départs de feu ont aussi été constatés les derniers jours en Ile-de-France avant le Lollapalooza. Ces fumées ont affecté la qualité de l'air, comme l'a indiqué le mardi soir suivant l'observatoire de la qualité de l'air Airparif. "Il y a bien des niveaux de particules importants en Ile-de-France qui seraient liés à cette remontée de masse d'air chargée en particules issues des feux en Gironde, couplée, à l'échelle plus locale, avec d'autres incendies", a précisé Airparif à l'AFP. Ces particules présentes dans l'air, issues de la combustion, inférieures à 10 et 2,5 microns, peuvent en effet entraîner des troubles respiratoires et cardiovasculaires, en cas d'exposition longue. On vous le répète à nouveau, ce dimanche 17 juillet, ce fut un miracle. Après l'annulation du concert à Vienne le 20 et de Prague le 22, le show à Amsterdam aura finalement lieu non pas le 24 mais le 25 juillet car entre-temps Eddie aura retrouvé sa voix. La tournée européenne se terminera donc sur une bonne note.
Concernant le festival, à l'heure du bilan, Perry Farrell, le rockeur et fondateur du Lollapalooza avait le sourire. Après 3 éditions qui ont marché relativement et deux annulations liés à la pandémie, cette quatrième édition a été un vrai succès avec 130 000 spectateurs en deux jours et grâce notamment à quelques exclusivités comme Imagine Dragons, Megan Thee Stallion, Anitta, Maneskin et Pearl Jam, évidemment. Résultat, le festival a attiré par sa programmation centrée sur le rap et l'électro (les deux musiques les plus populaires chez les jeunes) et une part de rock avec ce gros gâteau que fut Pearl Jam notamment, un public extrêmement hétéroclite comprenant également beaucoup d'étrangers, qui en cette période de l'année viennent très nombreux en vacances visiter la capitale, la plus belle ville du monde, enfin pour ceux qui n'y vivent pas...
Remerciements à Live Nation et particulièrement à Celine Dumait
Critique écrite le 22 août 2022 par lebonair
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