Chronique de Concert
Pearl Jam + Ben Harper (Main Square Festival 2010)
Main Square Festival, Citadelle d'Arras 3 juillet 2010
Critique écrite le 07 juillet 2010 par Lebonair
Paris, 18 heures, nous sommes en partance pour Arras et son Main Square Festival. 6ème édition cette année et une 1ère pour nous. Nous voilà donc 2 heures plus tard à quelques encablures de l'entrée du festival. On mange un morceau, on reprend des forces avant d'aller découvrir le cadre magnifique de la Citadelle d'Arras. Ce lieu construit par Louis XIV sur les plans de Vauban a été utilisé pendant plus de trois siècles à des fins militaires et il est classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Le festival s'installe donc sur ce nouvel espace, c'est vraiment bien pour le Main Square Festival qui s'offre une vraie bouffée d'oxygène notamment par sa nécessité de grandir, tout ceci à 20 minutes à pied du centre ville.
Avant, sur la Grand-Place, les retours n'étaient pas forcément positifs. Là, force est de constater que les organisateurs, avec à leur tête France Leduc, ont eu une très bonne idée. Il y a plus d'espace et de surcroît vert, on trouve également une deuxième scène ainsi qu'une vaste plaine à proximité immédiate pour accueillir les campeurs, tout ceci dans un cadre vraiment magique. Après on pourra dire ce qu'on veut du Main Square Festival et son Live Nation d'organisateur qui est souvent critiqué par ses méthodes, le business qu'il fait avec la musique (contrats d'exclusivités avec des mégas groupes, tarif des billets concerts exorbitants) mais ce soir, on n'a rien à redire, tellement l'organisation est de qualité. Seul bémol sur ce qu'on a vu, ce sont ces deux écrans d'une taille ridicule situés sur les côtés de la grande scène. On pense aux spectateurs n'ayant pas eu la possibilité ou l'envie de se retrouver devant qui ne devaient pas voir grand chose. Un travail devrait être fait à ce niveau pour améliorer la vision d'au moins 40% du public. Pour finir, c'est une excellente idée de couper en 3 cette immense fosse en termes de confort et de sécurité.
Niveau musique, c'est trois jours de festival avec la veille, le 2 juillet, une journée archi-complète depuis longtemps avec The Black Eyes Peas, Jamiroquai, David Guetta pour les têtes d'affiche, Pearl Jam, Ben Harper et M pour le samedi et dimanche 4 juillet avec Rammstein, Pink, Gossip. Pour compléter, on a l'opportunité de découvrir d'autres artistes plus ou moins connus en dehors de ces poids lourds. Nous, on a choisi la journée du samedi 3 juillet pour vous parler de ce festival. On va pas vous le cacher, on a choisi ce jour pour une seule et unique raison : Pearl Jam. Une seule date en France pour cette année et nous, archi-fans du groupe depuis le début. Je pourrais même dire que c'est, à mon avis, le meilleur groupe live rock au monde (avec les Forbans, bien sûr). Dur, dur d'être objectif alors quand on aime autant un groupe qui, de plus, sait très bien nous donner envie et nous rendre fous, vu le peu de fois où il a joué en France en 18 ans. Le 11 Septembre 2006 est la date du dernier concert donné à Bercy devant 15 000 personnes, pour un moment dantesque à pleurer de bonheur tout le long d'un set qui avait duré 2 heures 30.
Pearl Jam, on y reviendra plus tard. On entend au loin -M-, autour des 20h30, vu déjà dimanche dernier au Solidays qui, à vrai dire nous a pas trop fait vibrer ce jour-là. Déjà, quand on n'aime pas trop sa musique et surtout sa voix, c'est dur d'apprécier pleinement. Force est de reconnaître que c'est un sacré guitariste et une bête de scène comme on n'en voit plus trop chez les artistes français mais par contre, ça ressemble plus à un spectacle qu'à un concert de rock, peut-être le cul entre deux chaises ce Mathieu ? Au final, c'est gentil, sympa, mais on apprécie moyennement ces interventions infantiles et toutes ces sollicitations débiles lancés au public, rigolotes certes mais soûlantes à la longue. Une fois ou deux, ça va. Après : STOP ! -M-, reviens à ce que tu faisais avant et on reprendra un coup de séduction à l'avenir. Comme beaucoup l'adorent, on en dira pas plus, chacun ses goûts.
Après avoir fait un tour vers la Green Room, seconde scène du festival où on a pu voir Taylor Hawkins (le batteur des Foo Fighters) faire ses balances, on repart direction la grande scène, à deux minutes à pied pour assister au show de Ben Harper et ses Relentless 7. Il est 21h30, la grande cour est pratiquement pleine et c'est parti pour environ 1 heure 20. Ben Harper, alors, ça donne quoi avec son nouveau groupe ? Et bien ça sonne rock, Ben Harper s'offre une cure de jouvence avec ses nouveaux musiciens. Certains pensent qu'il a pris des risques en se lançant dans cette nouvelle aventure mais on sera plus mesuré.
Certes, il a délaissé ses Innocents Criminals, mais Ben Harper a toujours eu un beau penchant pour le rock, là, il le démontre davantage mais cela reste du Ben Harper évidemment. Des risques, mais sous contrôle pour tout dire et ce qu'on entend est très bon, même si on est un peu loin de la scène, surtout pour faire des photos de qualité, ce qui fut impossible à réaliser à ce moment là. Entre morceaux de son dernier album "Whites Lies For Dar Times", quelques titres phares de sa longue carrière, des reprises bien senties comme une de Led Zep et une parenthèse avec Eddie Vedder, on assiste à un concert de qualité. Fallait le voir assis à porter sa guitare d'une main et de l'autre main pour jouer, belle image. Par contre sa sortie de scène fut définitivement nulle. Partir en une fraction de seconde sans saluer son public, c'est une attitude difficilement compréhensible de sa part, à ce niveau là, il nous a habitué à largement mieux.
Vraiment dommage de finir là dessus mais nous allons avoir l'occasion d'oublier cette fausse note avec l'arrivée des cultissimes Pearl Jam 40 minutes plus tard. On en profite pour se rapprocher au plus près de la scène, au moins là , on pourra faire des photos. Il n'y a plus qu'à patienter gentiment au milieu d'un public vraiment de tout âge. La pression monte et l'ambiance s'électrise, beaucoup de monde crie à tue-tête "Pearl Jam, Pearl Jam". C'est un moment délicieux à vivre. Tout est parfait, température ambiante 25 degrés, 30 000 personnes à vue de nez. 23h35, les voilà qui arrivent sur scène sous une petite intro et ça démarre en douceur avec un titre du dernier album "Backpacer", "Unthought know". Ce morceau est parfait pour rentrer en communion avec son public, une forme de plénitude s'installe : que c'est bon de les revoir sur scène. Il faut profiter à fond car, nous petits Français, on a qu'une date en France et en plus dans un festival, ce qui veut dire par là que le show sera plus court que d'habitude et forcément un peu moins intense qu'en salle.
Alors, dès le deuxième morceau, on envoie la purée avec un des meilleurs morceaux de "Backpacer", "Got Some", ça saute dans tous les sens et on entend le premier solo de Mccready, court, direct et efficace. Le groupe est tout sourire et à l'air plutôt en forme. La déco est sobre mais le fond de scène est très sympa qui offre de superbes couleurs. Les 1ères notes de "Given To Fly" arrivent à nos oreilles, c'est du délire dans le public, il n'avait pas joué ce morceau en 2006, le son est bon et notre cher Eddie est en pleine forme.
Un petit clin d'oeil, Eddie Vedder a ressorti sa bouteille de rouge comme à chaque concert en France (c'est sûr, il boit pas souvent chez nous l'enfoiré), c'est vrai quoi, à quand une vraie tournée en France avec au moins 4/5 dates ? Quand ?
Enfin, arrêtons la crise de nerfs, on enchaîne sur "State Of Love And Trust" puis "Corduroy", "Even Flow" pour un retour dans le passé avec des morceaux toujours efficaces. On voudrait que ça dure 3 heures à ce moment là. Une pause avec la ballade "Just Breathe" et "Of The Earth". Le monument "Elderly Woman Behind The Counter In A Small Town" sera joué d'une manière magistrale et pour conclure cette 1ère partie de concert, "Porch", cette vieille tuerie.
Au bout d'une heure, les musiciens partent précipitamment (décidément c'est une habitude ici ou quoi ?). On a pas le sourire sur l'instant, les roadies déplacent certains éléments et... un nouveau logo apparaît, le fameux PJ en gros caractère et puis après 5 minutes d'interruption, les voilà de retour avec Ben Harper, et si on reprenait un "Red Mosquito", c'est pas bon tout ça ? comme un super apéro ! C'est pour ça que le Ben, il s'est barré à l'arrache tout à l'heure, parce qu'il revenait nous voir, no comment.
Le Ben repart et c'est 4 morceaux d'anthologie qui nous sont servis, je cite "Jeremy", "Black", "The Fixer" et "Alive", tous ces titres repris en choeur par un public conquis. Avec le temps et le nombre d'albums qu'ils ont sortis, Vedder change de set list tous les soirs et les chansons peuvent être jouées de différentes façons, soit d'une manière étirée, soit en format normal. C'est surement une des raisons pour laquelle, on ne voit pas de lassitude chez eux. "Alive", par exemple, Eddie a du l'interpréter des milliers de fois et il a toujours énormément de conviction à la chanter, ce qui en fait un des plus grands chanteurs de l'histoire du rock, des plus estimés et c'est largement mérité au même titre que l'ensemble du groupe. Honnêteté, sincérité, plaisir, unité, communion et talent : voilà la recette pour un groupe qui ne fait pas semblant. Quand on voit Cameron derrière ses futs, on dirait que le temps n'a pas usé le groupe, c'est beau. Il est plus d'une heure du matin, on finit sur une reprise des Who, "Baba O' Riley", suivie de "Yellow Ledbetter". Ce dernier titre avait conclu le show de Bercy en 2006. C'était moins fort mais tout aussi savoureux. C'est fini, le temps a passé trop vite, on sait qu'un festival ne peut pas faire jouer un groupe deux heures voire plus mais, nous petits français, on a pris ce qu'on a pu prendre, soit 1 heure 30 d'un moment merveilleux, d'un bonheur intense (et une petite frustration : trop court !!!) et pourquoi, pourquoi la France n'est-elle pas aussi gâtée que ses voisins ? Ne nous faites pas attendre encore des années les gars, vous êtes les meilleurs et nous, on le sait... Concernant le Main Square Festival, rendez-vous l'année prochaine !
Critique écrite le 07 juillet 2010 par Lebonair
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