Chronique de Concert
Penelope Isles
Au Fût et à Mesure, Clermont-Ferrand 1er juillet 2019
Critique écrite le 07 juillet 2019 par Pierre Andrieu
Après une épique et arrosée dernière soirée au festival Europavox, on réussit à se traîner tant bien que mal vers 22 heures le lendemain au Fût et à Mesure, un sympathique bar à bières situé place du Mazet à Clermont-Ferrand, pour assister au show des géniaux Penelope Isles... Un groupe qu'on a déjà vu en forme internationale à La Coopé l'année dernière à l'occasion du précieux festival God Save Clermont. Le manque de sommeil n'est pas une excuse valable pour louper un truc de cette trempe quand il est de passage dans notre ville, sinistrée en pop classieuse (on n'a pas 14 ans et on n'est pas fan de Nekfeu, aperçu hier en live place du 1er mai... ). Donc, on se retrouve serré dans un lieu minuscule en compagnie d'une belle bande de popeux et des quatre musiciens qui s'apprêtent à publier le 12 juillet leur magistral premier album, intitulé "Until The Tide Creeps In". Le concert devait avoir lieu dehors mais l'orage de grêle qui a accueilli les Anglais à leur sortie du van (et qui n'a pas entamé leur joie de vivre et leur envie de jouer) en a décidé autrement. Ça ne fait rien, le combo basé à Brighton joue sur une sorte de promontoire permettant une bonne visibilité, le son est impeccable, il y a la clim et dès les premières mesures jouées ont sait que ça va être mémorable : ces gens-là maîtrisent leur son à la perfection, chantent divinement et se sont créés un répertoire où il n'y a que des compositions stratosphériques.
Très concentrés pendant l'exécution de leurs morceaux, entre dream pop, folk et power pop, les quatre futures stars signés sur le label Bella Union sont ravies et très souriantes quand les manifestations de joie et d'enthousiasme saluent chaque nouveau tube interprété. L'alchimie qui règne au sein du combo est à peine croyable : les deux frère et sur Lily (chant, synthés et basse) et Jack Wolter (voix et guitare) sont sur la même longueur d'onde (positive), évoluant à un incroyable niveau musical et vocal. Leurs deux acolytes, l'excellent batteur choriste Jack Sowton et la multi-instrumentiste (synthés, basse, guitare) et choriste Becky Redford, étant, eux-aussi, dignes de toutes les louanges. Dès le deuxième morceau, la pureté de la voix de Lily Wolter - qui évoque carrément l'elfe Kate Bush - manque de très peu de nous faire chialer, la magie se poursuivant avec toutes ses interventions au micro, à la basse ou au synthétiseur, que ce soit sur ses propres morceaux (sublimement pop, folk et graciles) ou sur ceux de son frère (où elle assure souvent des churs à tomber à la renverse). L'aîné de la fratrie, Jack Wolter, n'est pas en reste, sa voix, placée de manière aiguë - on pense à Kevin Parker, Thom Yorke, Grant Lee Buffalo, Neil Young et Jonathan Donahue - étant bouleversante de puissance émotionnelle, comme son jeu de guitare, qui est également remarquable de précision et de contrastes.
Pendant le temps passé sur scène, la troupe étale toute sa classe et démontre l'étendue de son registre, ses morceaux, souvent surprenants et orignaux dans leurs structures, pouvant être dans les lignées d'artistes aussi inatteignables pour le commun des musiciens que Radiohead, Beach House, Tame Impala, Crosby Stills Nash & Young, Fleet Foxes, Deerhunter ou Kate Bush. Et ce en gardant une singularité propre à Penelope Isles, comme sur les superbes "Cut Your Hair", tube pop rock à rebondissements avec churs élégiaques et mélodies venues du cosmos, "Leipzig", pop folk song d'une finesse hallucinante, "Gnarbone", longue chevauchée psyché limite kraut rock avec churs à la Arcade Fire, breaks sidérants et solo tétanisant ou encore "Chlorine", power pop song aux saveurs indie nineties. Au Fût et à Mesure, tout le monde semble parti au delà des nuages en compagnie du groupe présent sur scène... Et ce n'est pas la reprise en unique rappel d'"Only Love Can Break Your Heart" de Neil Young qui va changer quelque chose à l'affaire ! Ne vous fiez pas à leur simplicité, à leur gentillesse et à leur allure de touristes en goguette (seul le t-shirt Daniel Johnston "Hi, How Are You" de la chanteuse peut mettre la puce à l'oreille sur leur statut de musiciens... ), les tout jeunes Penelope Isles font d'ores et déjà partie des cadors fréquentant le circuit actuel. On est prêt à parier qu'ils sont à l'aube d'une brillante carrière !
Photos live : NF
Liens : www.facebook.com/penelopeisles, www.penelopeisles.com, penelopeisles.bandcamp.com, twitter.com/PenelopeIsles, www.instagram.com/penelope.isles, www.facebook.com/godsaveclermont
Critique écrite le 07 juillet 2019 par Pierre Andrieu
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