Chronique de Concert
Pere Ubu
Il est des groupes à côté desquels on passe... Me concernant, ce fût le cas de Pere Ubu dont j'avais écouté, vaguement, à l'époque (1978), le classique et emblématique Modern Dance. Et c'est tout! Le groupe tire son nom du personnage de fiction "le Père Ubu", héros de la pièce de théâtre Ubu roi de l'écrivain français Alfred Jarry. Ce n'est pas un hasard : la musique du groupe de Cleveland est... Pataphysique.
C'est donc avec des oreilles "neuves" que j'ai été voir leur concert. Et je n'ai pas été déçu... C'est le Poste à Galène qui accueille Ubu, roi d'une musique post-punk d'avant-garde et "d'avant-garage", une musique étonnante dont le Pere Ubu est,finalement le seul représentant.
"Avant-Garage" ? Un terme qui reflète "l'intérêt aussi bien pour l'avant-garde expérimentale que pour le caractère brut et bluesy du garage rock". David Thomas avait déclaré qu'il s'agissait "en réalité davantage d'une blague inventée pour avoir quelque chose à répondre aux journalistes qui voulaient leur coller une étiquette...", mais finalement, le gag reflète une certaine réalité.
David Thomas est le fondateur mythique du groupe et personnage ubuesque lui-même. Il reste le seul membre permanent. Mais la "nouvelle" formation a fait preuve d'une étonnante vitalité. Keith Moliné, Michele Temple, Robert Wheeler, Steve Mehlman se révèlent des collaborateurs précieux. Le groupe a joué une trentaine de chansons, d'un accès parfois difficile,mais toujours avec passion et foi.
Absente, hélas, de la set-list Non-Alignement Pact, une des rares chansons que je connaissais bien à travers la version de That Petrol Emotion ... Assis sur sa chaise à éructer ses chansons en buvant de grands verres de vin, David Thomas et les siens, ont comblé LEUR public. Mention spéciale au batteur, assez fantastique, même si les autres n'ont pas démérité.
Bien que Pere Ubu n'ait jamais connu de grande popularité ou un immense succès commercial, il a conquis une base d'amateurs indéboulonnables: les marseillais présents faisant assurément partie de ce noyau de "fidèles". Les chansons se sont enchaînées sans discontinuer comme sans démériter... De Final Solution à Real World en passant par West Side Story ou l'indétrônable Modern Dance ce fût un bon concert!
Sinon David Thomas est toujours grinçant : au public qui répond à son monologue Thomas lâche : "Ce n'est pas un dialogue, je ne m'adresse pas à vous, je me parle à moi-même...". Ubu un jour, Ubu toujours, le paternel...
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Critique écrite le 14 avril 2016 par Gilles Borgogno
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