Chronique de Concert
Philippe Bernold et Les Festes Vénitiennes
Grand Théâtre De Provence - Aix-en-Provence 23 février 2012
Critique écrite le 24 février 2012 par Mardal
A grands coups d'archets, Les Festes Vénitiennes font ressurgir la fastueuse époque baroque du prêtre roux. C'est au Grand Théâtre De Provence.
Brigit Goris, violon
Diego Salamanca, théorbe
Nicolas Sansarlat, alto
Valérie Dulac, violoncelle
Joseph Carver, contrebasse
Anne-Catherine Vinay, clavecin
Philippe Bernold, flûte et direction.
Brigit Goris lance une œillade entendue qu'elle appuie d'un sourire complice et satisfait à Odile Edouard. Nicolas Sansarlat les observe, de temps à autre. Valérie Dulac appuie son regard sur Anne-Catherine Vinay. Perché sur son piédestal, Diego Salamanca semble ignorer le reste du monde. Seule sa tête émerge au-dessus de la caisse de la théorbe qui darde son manche interminable. Philippe Bernold saute, trille et virevolte, tel le chardonneret, il Gardinello de Vivaldi. Son chant ralentit, puis repart de plus belle, les notes fortes sont appuyées d'une tension nerveuse du visage. Il ajoute les ornements de son choix, gracieux et élégants sur de nombreuses phrases. Le violon lui répond, l'accompagne un instant puis part de son côté, cédant la place au violoncelle ou à l'alto. Signe courtois qu'il ne faut point applaudir : entre deux mouvements d'un concerto, la flûte ne quitte pas sa lèvre.
Plus tard, on module durant quelques mesures. Un nuage passe, l'instant se nuance, il devient grave, triste ou nostalgique. Puis l'on repart de plus belle. Les corps se balancent et tanguent, sous les assauts du vent et la hauteur des vagues durant l'allegro de Tempesta Di Mare, se figent, comme pour guetter un danger dans La Notte. Figurative, déjà à l'époque, la musique illustrait le monde. On imagine Vivaldi quittant le froc, sémillant au milieu d'une pulvérulence de jeunes filles qu'il dirige à l'hospice de La Pietà, au début du XVIIIe siècle.
Le spectacle est musical, mais le jeu de scène, la gestuelle des musiciens baroques subliment les concertos. Au point d'orgue suivant, un tableau apparaît, une immobilité éphémère, un arrêt sur image. Inutile d'essayer de capturer cet instant, il a déjà disparu. Le style baroque use et abuse de ses moyens jusqu'à les dilapider, et pour notre plus grand bonheur. Il y a quatre siècles, tout était déjà inventé. Hier soir, tout resurgissait. C'était au Grand Théâtre De Provence.
Concerto op. X n° 1. "La Tempesta di Mare" Allegro - Largo - Presto
Concerto op. X n° 6. Allegro - Largo - Allegro
Concerto ripieno en do PV 27. Allegro Ciaccona
Concerto op. X n° 3. "Il Gardellino". Allegro - Cantabile - Allegro
Concerto op. X n° 4. Allegro-Largo-Allegro
Concerto op. X n° 5. Allegro ma non tanto - Largo cantabile-Allegro
Concerto op. X n° 2. "La Notte". Largo - Presto - Largo - Presto - Largo "il Sonno" - Allegro
Critique écrite le 24 février 2012 par Mardal
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