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Chronique de concert Phocean Jazz Orchestra
Mardi 5 novembre 2024 : 7058 concerts, 27217 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Phocean Jazz Orchestra
Incroyable aventure que celle de ce dimanche 29 juin au 5 de la rue Armand Bedarrides dans le 6ème près du Cours Julien.
On assistait, en effet, à la naissance d'un big band professionnel de très belle envergure... Enfin un big band pro à Marseille !!! Pour faire écho à ceux d'Aubagne ou de Bandol...
Accueillis dans une salle de parfaite circonstance, l'Arthémuse (arthemusemarseille.com), une centaine de spectateurs, amateurs et pros du jazz soul et funk, sont venus écouter ce show case (la première présentation) du Phocean Jazz Orchestra. Entre professeurs et élèves du conservatoire ou encore amateurs éclairés, ce sont pas moins de 18 musiciens qui nous emmenaient soudain dans les petits clubs confinés d'un New York exalté...
Ce big band est le fruit d'une belle amitié et la passion du jazz avant tout. Il s'agit en effet de trois acolytes : Franck Blanchard: (Contrebasse) et Pierre Bedouk (Batterie), dans un premier temps, puis Thierry Amiot (Trompette) qui n'a pas hésité un instant lorsque la direction musicale lui a été proposée... Il faut dire qu'avec vingt, trente (ou plus ?) années dédiées au corps musical, ils savent y faire. Et c'est en à peine sept répétitions, qu'ils nous ont concocté une présentation, revisitant les grands moments du jazz, nous entraînant avec leur bonne humeur dans l'antre de leur passion.
D'emblée le décor est posé, sur un Nutville effervescent, inspiré de l'arrangement de Buddy Rich, et en hommage à un grand du jazz, Horace Silver, qui disparaissait le 17 juin dernier. Epoustouflant !. Nous étions littéralement submergés de notes survoltées, dans une harmonie des instruments découvrant tour à tour de véritables pépites que ces solos sax (ténor et alto), trombones, trompettes, piano, contrebasse et batterie tour à tour se renvoyant les notes et remplissant l'espace de millions d'ondes entre le public et la scène. Dans cette envolée, on imaginait soudain des hommes et des femmes avec leurs costumes des années 30 se trémoussant au milieu de la piste.
Il y eût ensuite une très belle interprétation de Flight of the foo bird de Neal Heafti version Atomic Basie des années 50... On remontait le temps en de vibrantes performances : les solos de sax tenor de Laurent Briclot et Thierry Laloum à couper le souffle, la subtile finesse des altos de Thomas Dubousquet et Arnaud Farcy, l'incroyable trombone basse d'Alain Delzant, un sax baryton tout en retenue de Samuel Modestine, les performances musclées de Jenna Bersez au trombone, l'incroyable trompette de Thierry Amiot.
Mais il fallait les voir aussi ces trois autres trompettistes (Augustin Héraud, Benjamin Deleuil, Pierre-Olivier Bernard) relevant soudain les notes, quand les trombones (Hugo Soggia, Bertrand Chappa et Jenna Bersez) les faisaient redescendre, sur un rythme endiablé par la contrebasse et la batterie et le non moins présent piano de Jean Sallier-Dolette ...
D'autres morceaux de soul s'enchaînaient, Things ain't what they used to be de Mercer Ellington dans la version électrique du Woody Herman Big Band, le fameux One O' clock jump de Count Basie à la Bob Mintzer. Soudain des années 70 en revisitant le funk jazz via Chameleon d' Herbie Hancock selon une approche du Maynard Ferguson Big Band, suivi de Pick up the pieces version Phil Collins Big Band plus récent. Et pour finir, encore une belle surprise, avec Cantaloupe Island d'Herbie Hancock, arrangé cette fois par Thierry Amiot lui-même, pour un bis en impro totale, dédié à l'Arthémuse, et remercier Jean-Pierre Antino et Lawrence-Olivier Aude-Parra d'avoir permis à ce big band de répéter...
Les musiciens ont vraiment donné de leur souffle et de leurs doigts tout ce qu'ils avaient de plaisir à jouer. Il en ressortait une joie vraiment intense, partagée, et pour un peu, nous les sentions prêts à recommencer.. Enfin, chapeau bas à Thierry Amiot, qui possède cette aisance dans la simplicité, où tout semble facile, sachant être partout à la fois, par petites touches, donner les consignes, reprendre un solo, ou encore présenter chaque musicien et morceaux choisis.
Les auditeurs qui du pied, qui des mains ou d'un hochement de tête, ne pouvaient réprimer un tel engouement.. Quelques cris parfois, des applaudissements souvent, accompagnaient le big band, tant les performances des musiciens, la qualité des rythmiques de la batterie et contrebasse, les envolées des trompettes et un piano vertigineux nous ont fait vibrer...
De cette soirée mémorable, nous ressortons enthousiasmés, énergétisés. Impressionnés par la finesse et l'élégance des jeux, l'écoute de chacun, un tempo bien marqué, des sons chauds, émouvants à souhait et percutants sans modération.
Des heures après, nous reste la sensation émouvante d'avoir assisté à un moment historique dans l'histoire du jazz marseillais, et d'ailleurs.. Car si le Phocean Jazz Orchestra nous a fait voyager ce soir dans le temps, cela n'étonnerait personne dans le public, qu'il soit convié à des festivals internationaux prochainement ; on pense à Bruxelles, Londres et New York bien évidemment.
En attendant, ce moment de pur bonheur sera renouvelé à la rentrée prochaine en septembre/octobre. A suivre donc et à réserver à l'avance dans les agendas..
Critique écrite le 05 juillet 2014 par Carbone14
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