Chronique de Concert
Piers Faccini & Simone Prattico + Yasmina Sana
Surprise dans un premier temps de découvrir des gradins dans la salle, je comprendrais ensuite, en vue de l'atmosphère présente, le pourquoi du choix de cette scénographie du lieu.
J'avais déjà eu l'occasion de découvrir la chanteuse, sur le festival "Cinéfil", sur une péniche amarrée aux bords de Saône de Trévoux, en présence de tout ses musiciens. Ce soir là, elle n'est accompagnée que du guitariste Benoît Richou. Le souvenir de sa prestation m'avait laissé un agréable ressenti. La voix de la chanteuse, en effet est très douce et apaisante. Dans une ambiance intimiste, Yasmina Sana nous invite, comme la première fois, à la suivre dans ses introductions, qui prennent la forme d'un conte chanté jusqu'au chant véritable.
Bien souvent, il s'agit de l'origine de sa chanson même: la rencontre influente d'un personnage au cours d'un voyage, l'évocation d'une personne d'un film (d'une femme tirée d'un documentaire plus exactement pour le morceau "Laissez les poupées"... Elle nous interprète les morceaux "Animal ordinaire", "Lachez les Lyons", "Tatareh" (sur lequel le public se joint à elle pour chanter), tirés de son premier album "Animal Ordinaire", sorti en 2012 avec toujours, Benoît Richou à la guitare, ( et sur album : Brice Berrerd à la Basse et contrebasse et Renaud Burdin aux percussion et à la batterie).
Yasmina Sana ne se cantonne pas à faire de la variété française, elle nous amène beaucoup plus loin. Ses morceaux, qui touchent à l'universel par ses thèmes : la femme, les rencontres, la poésie et tout simplement le voyage, nous entraînent dans un étrange bain de saveurs du monde. On se rappellera le morceau ou la chanteuse reprend le cri typique de son pays d'origine, l'Algérie. Dans un registre à la croisée de l'orient, du folk, du rock et bien d'autres influences, les territoires sonores ne sont pas fermés et c'est une belle tolérance sonore dans laquelle on s'immerge aisément.
L'entracte annoncée, on attend quelques instants jusqu'à l'arrivée de Piers Faccini, qui émerge du public, sur le coté gauche de la scène et gravit paisiblement les marche sur un chant serein. Il interprète un premier morceau en solo, toujours posément. Le rejoint ensuite le percussionniste et batteur Simone Prattico qui commence un jeu très subtil sur les xylophones.
Toujours dans une veine "épurée", l'interprète anglo-italien nous livre les morceaux de son dernier album "Between Dogs and Wolves", sorti en septembre 2013, en passant de "Black Rose" à "Il Camino", "Reste la Marée" (interprété en Créole), "Missing Words", "Like water like stone"...
Multilingouiste, il glisse de l'anglais à l'italien en passant par le français. On le suit, sur ses balades ethniques ou vient s'ajouter à certains endroits quelques notes d'harmonica.
La poésie sonore concorde avec la poésie visuelle qui présente une illustration sur carreau, re-projetée sur un drap, derrière les musiciens. Les images évoquent l'idée de voyage et d'abondance, avec un chemin qui se perd dans les dunes (Il camino/ Visuel que l'on retrouve également dans le clip de Black Rose) et l'image de l'arbre ou se glissent différentes teintes de bleu et rouge. Ces images, réalisées par Piers Faccini même, participent à la délicatesse, au ton feutré des mélodies.
Ce très bel ensemble minimal marquera beaucoup les spectateurs qui veillent à leurs rappels! Deux rappels pour le duo Faccini/Prattico avant que leur son ne se mutent en souvenirs!
Critique écrite le 24 novembre 2013 par Karen Solvery
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