Chronique de Concert
Placebo
Le zénith affichait complet pour le deuxième des trois concerts parisiens de Placebo. En 15 ans de carrière, Placebo s'est imposé comme un étendard du rock dit indépendant à l'orée des années 2000, période ou le rock ne semblait n'être plus qu'un souvenir délaissé à la faveur d'une mouvance electro, techno plus que discutable dont la postérité reste à ce jour une illusion... A cette triste époque, Placebo s'était affirmé comme un power trio énergique fortement influencé par Joy division, Cure, le glam rock et David Bowie période trilogie berlinoise... Outre ces influences, Placebo possédait en la personne de Brian Molko, un chanteur avec une voix vraiment personnelle et véhiculait une attitude sulfureuse basée dur les codes sexe, drogues et rock and roll qui ne laissait pas indifférent. Mais surtout, Placebo avait la recette pour pondre des tubes à répétition suffisamment fédérateurs pour attirer en même temps l'attention du fan de rock le plus exigeants que les programmateurs des grandes radio FM et donc de s'imposer comme dans nos contrée comme un groupe grand public.
Des titres comme Pure morning, Every you and every me, Slave to the wage ou The bitter end end sont effectivement des titres imparables.
Placebo tourne pour soutenir son nouvel album "Battle of the sun "sorti peu avant l'été et qui est marqué par un changement de personnel puisque le batteur Steve Hewitt a cédé sa place à un jeune bucheron tatoué américain du nom de Steve Forrest. Il faut souligner que Placebo passe trois soirs au zénith plutôt qu'un soir à Bercy, ce qui est plus qu'appréciable puisque cela nous donne l'occasion de les voir dans une vraie salle de concert à dimension presque humaine et ne souffrant pas de l'acoustique effroyable du blockaus du 12 ème arrondissement.
Revenons au concert. Mauvaise nouvelle !!! Impossible de se garer car le parking du Zenith est en réparation, nous arrivons donc en retard et le concert est déjà commencé et ce n'est jamais évident de rentrer à froid dans l'ambiance d'un concert déjà lancé.
Première impression. Placebo en 2009, c'est de la grosse artillerie. Le son est puissant et excellent. Ils n'ont pas lésiné sur les moyens et le light show est très impressionnant. On est désormais très loin du power trio des premières années puisqu'ils sont sept sur scène.
A chaque chanson les musiciens changent d'instruments et démontre une collection de guitare impressionnante. La set list est un savant mélange de nouveaux et d'anciens titres joué de manière hyper professionnelle et carrée. On est clairement pas là pour plaisanter. Placebo donne au public ce qu'il est venu chercher : Du son et des tubes !!!! Sur scène le nouveau batteur démontre une puissance de feu digne de l'étoile Noire face à la planète alderande, ce qui est assez impressionnant.
Brian Molko chante bien et maitrise bien la scène même s'il est loin d'avoir le charisme d'un Bowie, d'un Nick Cave et d'un Iggy Pop. Il vaut toutefois mieux qu'il reste silencieux entre les morceaux car ses sorties sont presque dignes d'un Nikola Sirkis ou d'un Jean-Louis Aubert au meilleur de leurs formes. Son acolyte, le bassiste Stefan Ofsdal promène sa grande carcasse qui est une sorte de croisement entre un Frankenstein anorexique maniérée et du personnage de The Gimp dans pulp fiction (l'étrange esclave SM enfermé dans un coffre). Au-delà de son apparence, force est de constater que le musicien maitrise son sujet et qu'il est la base de l'architecture musicale du groupe.
Au-delà de cette première impression remplie de puissance et de professionnalisme, d'autres constats s'imposent à nous. Même si le public a l'air d'être content, le groupe est glacial, il semble qu'il manque d'âme...Sa prestation aussi professionnelle soit elle ne transmet aucune chaleur et aucune émotion. On a l'impression d'être devant un concert millimétré où chaque note ou attitude est tellement travaillée qu'elle ne laisse aucune place à l'improvisation .
Bien sûr, certains me diront que Placebo est un groupe un peu dark flirtant avec le courant gothique. Je vous l'accorde aisément, cependant Placebo ne véhicule pas ce magnétisme ou cet esthétisme froid et fascinant que l'on peut retrouver chez Bauhaus, Joy division, The Cure ou Nick Cave.
Mais le plus marquant, c'est que Placebo, derrière son attitude et son gros son est en fait un groupe pour nanas. En effet derrière les guitares, les refrains et les couplets sont finalement assez bubble gum. L'attitude androgyne de Brian Molko semble beaucoup leur plaire.
La preuve c'est que la gente féminine est d'ailleurs particulièrement présente dans le public et qu'on y retrouve pas mal de groupies ado hurlant comme si elles avaient croisé Patrick Bruel ou Tom Cruise il y a 20 ans, ou Tokio Hotel il y a deux ans
Il se peut qu'il y est une filiation entre Tokio Hotel, Indochine, et Placebo pour le public. Ces groupes s'écoute à 15, 18 et 20 ans.
Plus le concert avance et on s'aperçoit que Placebo n'a rien inventé.
Musicalement, même si c'est très bien joué, il n'y a aucune personnalité. Tout est pompé à droite et à gauche, édulcoré et formaté pour coller à l'image qu'ils tentent de donner... Placebo est donc le parfait exemple du groupe mainstream qui touche le grand public mais qui ne marquera pas l'histoire. Il y en a d'autre dans cette catégorie et selon les époques : Coldplay, The Troggs, Pat Boone...
On est donc finalement pas à un concert de Rock mais à un showroom présentant un produit formaté à un public ciblé et sélectionné pour sa capacité à l'aimer et le consommer. Autrefois, Placebo avait probablement une âme et de la spontanéité, mais c'est aujourd'hui un vampire coaché par des marketeurs et des conseillers en communication. Il y a fort à parier que leurs albums ne cesseront jamais de se répéter et de devenir de moins en moins intéressants...
Critique écrite le 26 octobre 2009 par lol
> Réponse le 27 octobre 2009, par Quiou
et bien en lisant votre critique je dois avouer que je suis tout à fait d'accord avec vous. j'étais en fosse et je suis accessoirement une fille (et pas une groupie qui hurle). C'était mon premier concert de Placebo et sans doute mon dernier. J'ai trouvé que ce groupe dont j'aime pas mal de chansons manquait d'âme et d'entrain. Brian Molko sur scène c'est genre une machine qui enchaine chanson sur chanson sans parler à son public alors que pour une fois un chanteur anglais sait parler le français. Certains tubes connus n'ont pas été chantés. La seule chose positive c'est qu'au moins ce sont des pros et ils jouaient donc bien. Heureusement que la première partie était bien. Juste décevant ! Réagir
> Réponse le 27 octobre 2009, par Sami
A l'orée des années 2000, Placebo n'était déjà plus que l'ombre de lui même ; depuis le premier (excellent même si déjà sur une major) album de 1996, ils n'ont fait que se répéter en moins bien sur disque et assurer le minimum syndical sur scène. C'était peut-être pas plus mal que les jeunes préfèrent écouter de l'electro plutôt que ce rock convenu là. Réagir
> Réponse le 29 octobre 2009, par elo de paris
[ZENITH - 25/10/09] Et bien moi je les ai trouvés brillants, émouvants et toujours bourrés de talent. Je me souviendrais longtemps de ce concert qui m'a transportée dans leur univers. J'ai passé une super soirée. VRAIMENT Réagir
> Réponse le 30 octobre 2009, par natnat
c'était du grand professionnalisme, c'est vrai, mais il nous a manqué un peu de chaleur de de vie de la part du groupe vis à vis de son public, exit l'âme de Brian et Stephan, dommage, la France ne lui a pas donné assez d'amour... quelle ingratitude, PLACEBO est-ce le début de la fin ? je ne l'espère pas, ils avaient un style et une voix que j'aimais beaucoup... Avant d'aller à leur prochain concert, je me poserais la question... Mes prochains concerts : MUSe et DEPECHE MODE, vivement un peu plus de synergie avec nos groupes adorés ! Réagir
> Réponse le 30 octobre 2009, par Audrey
[Zenith Paris - 27 octobre 2009] Moi j'étais au concert le mardi soir, et j'étais là dès le début, et je dois dire que j'ai été totalement refroidie par le public... je n'avais jamais vu ça !!! Un public blasé, qui n'a pas du tout fait entendre son envie de voir Placebo monter sur scène... Avant que le groupe arrive, il n'y avait pas d'applaudissements ni appels de la foule... Donc je pense que le manque de communication entre le groupe et le public peut venir de là. Moi aussi j'attendais un peu plus de communication de la part de Brian Molko parfaitement bilingue mais peut être qu'après 3 soirs, il n'a pas voulu faire d'efforts ? Réagir
> Réponse le 31 octobre 2009, par CLAUDE
[Zénith de Paris - 27 octobre 2009] J'étais au concert de Placebo du mardi 27 octobre, c'est la première fois que je vois PLACEBO en live, et j'ai surtout écouté les deux derniers albums que je trouve très bons... J'ai vu le concert à ARRAS à la télévision, il devait se dérouler en juin de cette année. Il est vrai que l'on sent une certaine maitrise émotionnelle de la part des membres du groupe, mais je pense qu'à leur décharge, ils ont effectué une tournée qui les a amenés depuis le début de l'année à travers le monde (il y a de quoi être lassé), et qu'ils doivent je pense s'économiser afin de gérer au mieux leur prestation, le concert était très pro comme c'est mentionné, avec un son digne de ce qu'est PLACEBO, il ne faut pas oublier qu'il y a peu le groupe traversait une période très difficile, on ne peut donc pas... La suite | Réagir
> Réponse le 01 novembre 2009, par Valrie
[Zénith de Rouen - 31 octobre 2009] Habitant dans les Yvelines, j'ai préféré aller à Rouen car le Zénith de Paris, c'est l'enfer pour y aller. C'est la première fois également que je vais vois Placebo, et ça fait trois mois que je trépigne d'impatience à cette idée (je ne suis pas non plus une groupie hurlante, j'ai 45 ans !). Le public était plutôt froid, beaucoup n'applaudissaient pas, ne bougeaient même pas, et ça peut déstabiliser, je pense. J'ai adoré la scène blanche, les éclairages, et la voix hallucinante de Brian Molko. Quant au concert, que dire ? Mon mari qui aime la grosse artillerie a adoré. Moi qui vibre lorsque j'entends les albums, je n'ai pas ressenti l'émotion que j'attendais car tout était beaucoup trop rock, sans temps mort, un peu de subtilité dans les ballades et certaines chansons m'aurait mieux... La suite | Réagir
> Réponse le 14 novembre 2009, par Kalo
[Halle Tony Garnier, Lyon - 6 novembre 2009] Lol ! j'adore la réaction "bon album même si déjà signé sous une major"... comme si le fait de signer sous une major était forcément synonyme de mauvaise qualité... En plus, c'est un peu faux puisqu'ils ont ainsi pu créer leur propre label "elevator music" et avoir une liberté qu'ils reconnaissent eux même. J'avais assisté au concert de présentation de l'album au Transbordeur de Lyon en mai ou juin dernier. Et j'avais cette impression, non pas de manque d'âme, mais de retrouvailles avec LE placebo que j'aime. N'en déplaise à ses détracteurs, un bon concert de Placebo, ce n'est pas un concert de Stupeflip ou on se prend des bouteilles d'eau dans la tronche lancée depuis la scène, ce n'est pas non plus un concert de Cali qui dragouille ma sur pendant tout le concert. Un... La suite | Réagir
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