Chronique de Concert
Pomme + Minuit + Clara Luciani (festival Avec le Temps)
Quand j'ai vu que Pomme était programmée au festival Avec le Temps j'ai fait un bond ! Enfin ! J'ai donc bloqué la date sur mon agenda, celle-ci et celle de Bertrand Belin. Puis j'ai vu qu'elle partageait l'affiche avec deux autres artistes et j'ai compris que je n'avais pas intérêt à arriver en retard car c'est elle qui faisait l'ouverture de la soirée. Lorsque j'arrive elle est déjà sur scène en train d'interpréter A peu près (celle qui fait "Je te retrouverai").
Je retombe instantanément sous le charme de sa voix, de ses textes, de son regard dont se dégage une espèce d'innocence et de sincérité rare sur ce genre de scènes. Fragile en apparence, mais évidemment forte (il le faut pour monter sur scène et se chanter comme ça en français). Je la compare souvent à Sammy Decoster pour le côté folk, le français, le style (vestimentaire) un peu rétro, la beauté des textes et le propos... (il leur arrive de jouer ensemble d'ailleurs)
Par contre entre les morceaux elle est beaucoup plus légère dans sa façon de s'adresser au public. C'est dans ces moments-là que je me rends compte qu'elle est vraiment beaucoup plus djeun's que moi ... "quartier de ouf" à propos du cours julien, c'est parti pour 30 minutes "échantillon de love", ou encore cette nouvelle chanson "assez swag".
En tout cas elle est contente d'être là et de venir tous les 4 ans (la dernière fois c'était il y a 2 ans) dans cette ville où il n'y pas de nuages. Le deuxième morceau sera l'irrésistible Pauline, puis le très folk (je pense à Melanie même si leurs voix ne se ressemblent pas) Tout la haut. J'essaie de me mettre à la place des gens qui sont venus pour Clara Luciani et son esthétique très travaillée et mise en scène et qui découvrent cette jeune femme cash.
Le "nouveau" titre si "swag" est en fait Sequoia que j'ai déjà entendu un paquet de fois (sans avoir l'album - épuisé sur son site en vinyle). Puis ce sera le limite moyenâgeux (très Malicorne en tout cas) Adieu mon homme. Suivra une petite discussion où elle nous expliquera que les premiers rangs sont si près qu'ils doivent sans doute voir ses crottes de nez, et d'enchainer sur le fait qu'elle n'a pas eu le temps de changer de chaussettes avant de monter sur scène...
Petite leçon au public lorsqu'elle sort son auto-harpe qui, nous dit-elle, lui donne l'impression d'être une bonne personne quand elle en joue. Ce sera pour un Mon Ange d'une beauté glaçante. On entendrait une mouche voler tellement tout le monde est à l'écoute. Ce qu'elle désamorce assez vite en fin de morceau en nous racontant qu'elle sera au stand après "vous pourrez me câliner, je suis tout à vous". "Peut-être que je n'aurais pas dû dire ça".
Elle fait aussi allusion au fait que Clara (qu'elle aime beaucoup) lui a dit "tu vas voir ce soir tu vas tout niquer". Du coup "J'espère que j'ai tout niqué". Le contraste entre l'élégance des textes et celui des intermèdes ;-). En tout cas même si je n'aurais pas formulé cela comme elle, il semble qu'elle ait vraiment conquis tout le monde ce soir.
Elle finira par Nuit Blanche ce qui lui permettra de chanter "Minuit arrive" et même citer Clara Luciani en changeant à peine les paroles. Ça a duré une demi-heure c'était parfait, juste un trop court. Qu'est-ce que j'aimerais la voir à la Meson (faut pas rêver) ou au Makeda... Comme attendu le stand merchandising (où elle est présente pour dédicacer ses différents items) est pris d'assaut. Je vois qu'elle a amené quelques vinyles. 20 euros. Pas d'bol j'ai oublié mon porte-monnaie. Une copine me prête 10 euros. Le temps que je trouve les 10 autres il n'y en a plus...
Je retourne au pied de la scène alors que le changement de plateau est en cours. Il n'est pas long car l'essentiel du matos était déjà là. En bande son le fait d'entendre Alanis Morissette me plonge "quelques" années en arrière. En tout cas heureusement que le suivant ne joue pas dans le même registre, car ça aurait été du après Pomme. Non, effectivement, la musique de Minuit n'a rien à voir : plus énergique, plus dansante plus festive.
En les voyant je crois me rappeler que je les ai vu très brièvement sur un festival (Babel Med sans doute), mais si je ne suis pas resté plus à l'époque c'est que cela n'avait pas dû me retenir. Minuit c'est donc le groupe des enfants de Catherine Ringer et Fred Chichin, avec elle qui chante et lui qui joue de la guitare (ça ne s'invente pas), plus un bassiste, un guitariste, un batteur et un clavier.
De l'énergie ils en ont à revendre, ils ont mis le paquet, y a de la déco à base de néons, le groupe est déguisé avec des tenues assez flashy, le fils a un pantalon pattes def, et elle porte une espèce de combinaison en dentelles bleue (donc assez transparente) avec un maquillage assez marqué autour des yeux.
Gros son disco rock (à un moment j'ai cru reconnaitre la ligne de basse de Thriller), je ne peux débloquer de la ressemblance entre la chanteuse et sa mère. Physique et voix très proches (ça on ne peut pas lui reprocher, quoique sur les intonations elle n'est pas obligée), mais les grimaces, la façon de danser à la Marcia Baila / Petit Train, cette façon de regarder un peu méchamment la bouche ouverte et tout ça, on a l'impression de frôler la parodie.
Sauf qu'il n'y a pas la folie des Rita Mitsouko ... ni dans les textes, ni dans la façon d'introduire / présenter les morceaux. "nous les femmes" parfois on aime les hommes durs (plus tout à fait sûr des mots utilisés) avant d'introduire un chanson sur un tueur ... "après la terreur, le rêve". Bref je n'accroche pas et trouve cela trop artificiel. Par contre sur la fin ils feront un morceau en anglais "Dancing" très entrainant et dansant !
Fermeture des grands rideaux rouges pour changer le plateau cette fois ; et cette fois c'est Joan Osborne qui nous tiendra compagnie (on est bien en 2019 ?), ce qui ne me déplait pas. Cette fois l'attente me parait interminable. Cela dit je peux constater que mon nouveau déo écolo solide sans plastique qui ressemble à un petit savon marche très bien. Le rideau finit pas s'ouvrir.
Je suis venu ici sans connaitre la musique de Clara Luciani. La seule chose que j'ai visionné (et écouté) c'est le clip du morceau qui était posté sur le site de l'espace (sans doute celle là) et franchement j'ai trouvé cela très variété et très statique. Par contre je l'avais déjà vue sur la scène du feu-Poste à Galène lorsqu'elle avait fait de l'interim au chant pour La Femme.
Lorsqu'elle arrive sur scène au milieu de ses 4 musiciens (guitare, basse, batterie, clavier), je suis frappé par sa taille (ça ne m'avait pas marqué au Poste). Par contre je retrouve assez vite ce regard perdu au loin quand elle chante, presque robotique et ce visage qui parait de marbre sauf quand d'un coup elle se met à sourire. Alors là c'est le contraire elle a les yeux qui pétillent et on se met instinctivement à sourire aussi.
(dans les notes que j'ai pris sur mon téléphone je vois : "Retour des tailles hautes" - Effectivement, je ne suis pas très branché mode, mais ça fait plusieurs fois que je me dis que nous assistons depuis quelques temps au retour des tailles hautes (en tout c'est le cas des trois chanteuses de ce soir). Je suis aussi frappé par sa voix assez inhabituelle par son côté grave (pas tout le temps)
Si elle est plutôt statique au centre de la scène et sous les projecteurs, autour d'elle les musiciens s'agitent dans l'ombre. Le bassiste / guitariste dans le fond notamment qui est à fond dès le départ et fait beaucoup de grimaces. Les paroles me touchent plus par leur forme / sonorité que celles de Minuit, par contre au niveau du fond, pas un brin. J'ai d'ailleurs du mal à me l'expliquer.
Entre les morceaux elle s'adressera beaucoup au public avec son sourire ravageur malgré lui. Pour nous demander s'il y a des Eddy dans la salle (avant le morceau du même nom), pour nous flatter en disant que Marseille est "la plus belle ville du monde", pour nous dire qu'elle n'a pas besoin de nous expliquer d'où vient le titre de son album "Sainte Victoire" ...
ou pour lancer un surprenant "qui ne saute pas n'est pas marseillais !" au moment d'attaquer un nouveau morceau Nue. Au moment où ses musiciens quitteront la scène pour qu'elle joue Tête à tête seule elle les rappellera pour nous les présenter avec bienveillance ... n'ayant plus le droit de prendre des photos - c'est curieux cette consigne de ne laisser aux photographes accrédités que les 3 premiers morceaux* (et en plus de plus en plus fréquemment de demander à les valider) alors qu'en général dès le quatrième les éclairages deviennent beaucoup plus sympas - je prendrai un peu de recul.
Je resterai encore un peu, histoire de voir si ça allait finir par me plaire et puis finalement je partirai peu après le morceau qui doit s'appeler femme ou drôle d'époque... en me faisant la réflexion que depuis un moment j'avais vraiment l'impression d'assister au retour en force de la variété (parfois) sans texte ... direction l'Intermédiaire
* ce qu'il est encore plus sur le sujet des restrictions des photos "pros" c'est qu'à côté de cela les premiers rangs font des photos et vidéos tout le long en étant si bien placés et avec de si bons portables qu'ils en font des tout aussi jolies ... et que ça contribue au buzz d'un artiste ...
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Critique écrite le 21 mars 2019 par Pirlouiiiit
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