Chronique de Concert
Powerwolf / Amaranthe / Kissin' Dynamite
Et si pour Uriah Heep on avait difficilement atteint les 500 pèlerins à la moyenne d'age proche de la soixantaine, hier soir c'etait ultra complet avec une moyenne d'age avoisinant les 30 ans à tout casser, une grande majorité tournant autour des 20 piges à peine.
Une jeune audience que je ne vois que pour cette génération de groupes metal, à savoir les Ghost, Sabaton, Battle Beast et consorts, on sent vraiment le décalage avec toute l'epoque Heavy Metal plus ancienne. Ca s'est vite vérifié au vu des tshirts arborés, assez peu diversifiés et dans cette lignée de combos plutot récents. Par contre ils ont l'air d'avoir plus d'argent que nous au même age si j'en juge par le défilé impressionnant au merchandising, et la quantité d'articles achetés au stand Powerwolf ! Tant mieux pour les musiciens en tous cas.
Et si j'ai l'air de qualifié cette new generation de plus "cloisoinnée", je reste en revanche admiratif par son enthousiasme et sa folie à supporter ses formations fétiches.
Car l'ambiance fut tout bonnement hallucinante tout du long ! Ce public fait assurément partie des plus chauds bouillants que j'ai pu voir et entendre à Marseille, voire en France ! Incroyable le bruit généré, les applaudissements, la ferveur, l'accueil reservé à chacun. Tu m'etonnes que les zicos etaient ravis d'etre là et de jouer leurs chansons...
A commencer par les Kissin' Dynamite donc, formation germanique que j'avais déjà vu, et apprécié, en ouverture de Dragonforce fin 2012 au Moulin. Même constat hier soir, un bon set orienté glam, chanteur pêchu et zicos très corrects. Quelques morceaux sont vraiment entrainants et rapidement mémorisables, le frontman a une bonne présence et se démène comme un beau diable sur les planches, c'est fun et bien troussé. Il leur manquera toujours le petit quelque chose en plus pour passer au niveau supérieur et faire une tournée en headliners, mais au moins on ne voit pas les 40 minutes passer, ils ne se prennent pas la tronche, c'est une bonne entrée en matière et les fans ont bruyamment manifesté leur contentement.
Que dire ensuite des suédois d'Amaranthe, dont j'avais uniquement eu des echos, peu flatteurs sur leur musique, mais dithyrambiques sur leur chanteuse... Je ne savais pas trop quoi en penser en les découvrant titres après titres, et encore maintenant à plume reposée... C'est très etrange comme choix musical. On navigue entre l'electro pop metal, la dance metal (nan ça n'existe pas officiellement mais ça leur va bien !), le bruitiste synthétique, aux influences power-hardcore...
En fait c'est rien de tout ça et tout ça en même temps. Selon les chansons c'est super entrainant comme de la dance, parfois ce sont des sons distordus avec grosse voix forcée avant d'enchainer sur un refrain guilleret ("1.000.000 lightyears"), certains morceaux ont une construction bizarre... Un genre de fourre tout dont les elements les plus electro et entrainants m'ont plu ("Digital world"), mais dont le coté "sous Lacuna Coil" ("Hunger") mixé au coté "sous Marylin Manson ayant trop ecouté Dagoba" ("GC6") m'a rebuté.
Déjà, trois chanteurs c'est deux de trop. Cette manie d'avoir un vocaliste guttural forcé pour contrebalancer la partie féminine m'a toujours gavé. Mais alors en avoir un autre pour chant clair (et pas très bon celui là...) c'est carrément inutile. Et puis le nombre de samples noie la musique organique live, c'est souvent très confus et brouillon. Enfin, le gratteux blond a proposé des soli totalement hors de propos limites mauvais, comme s'ils se sentaient obligés d'en foutre un par titre pour respecter le cahier des charges... Et c'est sans parler des cinq minutes perdues à partir de scène au bout de 35 minutes, faire revenir le bassiste pour faire le con et un clapping longuet, puis jouer un ultime morceau. Débile.
Quant à la Elize Ryd au chant, ah j'avoue qu'elle a un beau petit cul, comme dirait un certain Hank Moody... Et si je me permet de faire cette remarque, c'est parce que la demoiselle en use bien pour aguicher et faire monter un peu plus la température dejà elevée de l'Espace Julien. Mimiques et poses font partie du jeu, et c'est vrai qu'elle est bien jolie, donc rien d'anormal à ça. Musicalement je ne dirai pas qu'elle sert à rien, car j'aime bien sa voix chantée sur les refrains et son banging-hélicoptère récurrent avec ses magnifiques cheveux longs. Mais soyons honnêtes, c'est pas la chanteuse de l'année. En même temps elle ne serait pas là, je pense que l'interet pour le groupe serait bien moindre...
En tous les cas je suis resté presque tout le set par curiosité, j'ai au moins apprécié leur energie, et ils ont reçu un accueil terriblement vibrant de la part des metalheads du cru. Ca dansait, ça hurlait, ça pogotait... Chaud !
Mais tout ça reste de "l'amateur" en comparaison d'un show de Powerwolf. Les allemands font preuve d'un professionnalisme impressionnant, et ont à mon sens et toutes proportions gardées, une volonté de faire le show à la Maiden. Niveau décors, lights, jeux de scènes et artifices je les trouve dans la même lignée que les Maitres du Heavy. Une volonté d'etoffer leur musique par un visuel marquant, avec gros backdrops colorés, plateformes pour se balader et poser, rampes de flammes persistantes selon les morceaux, lightshow très elaboré pour quelques titres-phares ("Let there be night" etait un must pour cela), décors dans leur thème de prédilection...
Tout cela fait partie du décorum et colle à la volonté du groupe de faire de leur zik un genre de théatre grand guignolesque, macabrement marrant. Et là où ce serait ridicule pour une majorité de formations, avec eux ça fonctionne parfaitement.
Comme à leur habitude ils se pointent grimés en balançant une chanson du dernier opus (dont ils joueront six extraits, facilement assimilables même sans l'avoir ecouté auparavant), mais avec un gros son très mauvais car saturé de basses et infra basses. Un comble pour un groupe sans bassiste sur scène... Heureusement cela s'ameliorera très vite et à part quelques fluctuations sur les oeuvres les plus bourrines et double pédale. Cependant les deux grattes resteront un peu en retrait de la batterie, dommage vu l'importance des deux guitaristes et de leurs riffs.
Si le chanteur et le clavier font leur show comique entre chaque chansons, quand ça joue ça rigole plus. C'est incroyable le nombre d'hymnes heavy qu'ils peuvent enchainer pour le plus grand bonheur d'une audience en totale folie et en complète furie ! Une ferveur proche de celles des fans germaniques qui sont à fond sur le groupe jouant dans de plus grandes salles là bas.
Les refrains ultra mélodiques rentrent immédiatemment dans les esprits, ils sont doués pour ça. Sans les connaitre en avance l'enorme "Killers with the cross", l'ultra heavy "Stossgebet", l'imparable "Incense and iron" ou le fun "Demons are girl's best friend" du petit dernier en sont de parfaits exemples.
Mais alors quand ils riffent leurs meilleurs morceaux tels "We drink your blood", "Sanctified by dynamite", "All you need is blood", "Amen and attack", "Army of the night", "Resurrection by erection", "Coleus sanctus" ou le monstrueux "Armata Strigoi", ça devient l'orgie des "ohohoh" des cheveux qui se mélangent, des gorges déployées et des mains qui tapent l'une dans l'autre !
L'une des forces du groupe est d'avoir une musique ecrite pour faire participer les fans. Une espece de communion joyeuse et positive, renforcée par le fait qu'entre chaque morceau l'excellent vocaliste s'adresse au public dans le genre Maitre de cérémonie religieuse de second degré avec toujours le mot pour rire et nous faire croire que nous faisons tous partie de cette communauté Heavy Metal bénie. Et en français dans le texte s'il vous plait ! Pas un french parfait, mais vu tout ce qu'il cause, les efforts sont plus que louables et dépassent largement les simples mots de bases habituels. Une autre preuve de la volonté du combo de faire plaisir à ses fans, en s'investissant de toutes les manières possibles pour partager ce en quoi ils croient.
Et en ce qui concerne tous ces intermèdes parlés, moi qui deteste ça normalement, j'avoue qu'ils sont les seuls à ne pas me faire royalement chier. Parce que justement ça participe au show global, mais surtout c'est la plupart du temps réellement comique et de bon aloi. Ils ne se prennent vraiment pas la tronche, et même si tout est carré et prévus dans les grandes lignes, y a du spontané et du naturellement sympa et sincère dans leur attitude.
Une sacrément bonne soirée, dans une ambiance du tonnerre qui fait plaisir à voir, et dont les headliners ont fait l'unanimité, ce qui est totalement mérité.
Setlist:
Fire and Forgive
Army of the Night
Incense & Iron
Amen & Attack
Let There Be Night
Demons Are a Girl's Best Friend
Killers With the Cross
Armata Strigoi
Blessed & Possessed
Where the Wild Wolves Have Gone
Resurrection by Erection
Stossgebet
All We Need Is Blood
We Drink Your Blood
Lupus Dei
Rappels:
Sanctified With Dynamite
Coleus Sanctus
Werewolves of Armenia
photos par Ronin
Critique écrite le 28 janvier 2019 par Gandalf
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