Chronique de Concert
Powerwolf + Battle Beast + Serenity
Revenir dans cette Coopérative de Mai, 11 ans après ma seule incursion en ce lieu, pour l'inoubliable show de Slayer, ça m'a foutu le petit frisson nostalgique tant la soirée d'alors fût mémorable à bien des égards. Et je n'ai une nouvelle fois pas été déçu par cette salle qui est pour moi une des meilleures de France dans sa catégorie, tant elle est bien pensée et agréable, bénéficiant d'un son tout bonnement excellent à chaque fois, même pour les openers.
Ce soir là, le rideau était tiré vers le milieu des "gradins", mais je trouve que ramener dans les 600-700 pélerins (à vue de nez) sur Clermont pour un combo finalement peu connu, c'est très honorable. Surtout que ce public en majorité jeune, était au diapason des trois formations présentes, distillant une chaude ambiance dès Serenity, allant jusqu'à un franc bordel bruyant et unanime durant tout le show de Powerwolf ! Sur ce coup, l'audience a réellement jouer son rôle de 12ème homme, portant un groupe déjà au top de sa forme. Un grand bravo aux metalheads de la Coopé !
Serenity
Personnellement, je ne connaissais pas Serenity, qui ouvrait les hostilités, et honnêtement après deux titres je n'ai pas eu envie de connaitre plus que ça ! C'est pas mauvais en soi, la base speed mélodique est là, le chanteur est plutôt bon, mais ça reste très très quelconque... C'aurait pu fonctionner il y a 15 ans, mais de nos jours ça sonne dépassé. De plus, on m'a dit par la suite que c'était vendu comme du Metal Symphonique, avec une chanteuse. Je n'ai pas vérifié, mais ce soir là il n'y avait aucune vocaliste, et il n'y avait rien de symphonique.
Battle Beast
Pas plus de 20 minutes plus tard (ils sont ultra carrés sur les horaires à Clermont !), la "sensation" Battle Beast envahit la scène. Sensation car j'en entend du bien comme du très mauvais. Et s'ils étaient également au Rockfest 2015, ils jouaient trop tôt pour que je juge par moi même.
Un jugement que je peux rendre en ce soir du 2 avril 2016: boudiou que c'est pas bon ! Ben ouais, sur ce que j'ai pu voir, et surtout écouter, je relèverais deux défauts rédhibitoires pour ma pomme: des soli allant du "pas inspirés" à mauvais, et plus que tout une chanteuse qui n'arrête pas de gueuler, dans le très mauvais sens du terme ! Elle m'a sérieusement écorché les tympans la demoiselle fardée de manière étrange.... Y a hurler et hurler dans le Metal. Dans ce cas précis ça sonnait forcé et ça dénaturait toute option mélodique.
Ce qui est dommage dans le sens où sur certaines compos, j'ai apprécié quelques riffs, vraiment heavy ou heavy speed (dont une qui m'a fortement fait penser à "At the end of the rainbow" de Hammerfall), mais impossible d'accrocher à un morceau entier, les bons riffs ou les bons moments étant stoppés net par des cassures de rythme mal ficelées ou des soli assez laids... Sans parler du clavier-guitare en vogue dans les 80s, intervenant de manière incongrue la plupart du temps.
Heureusement pour le groupe, la globalité de la salle n'avait pas l'air de penser comme moi, et leur a réservé forts vivats et applaudissements tout du long. Mais faut tout de même que quelqu'un signale à la dame, au passage, qu'elle n'est pas obligée de gueuler tel un goret constipé pour nous causer entre les chansons...
Powerwolf
Le temps de se chercher une petite mousse puis de se placer idéalement à hauteur de la table de mixage, et c'est parti pour près d'une heure trois quarts d'un heavy speed de haute facture. C'est simple, dès les premières mesures du concert de Powerwolf, on sent toute la différence de qualité, de niveau, de classe, par rapport aux openers. On est dans la division supérieure, celle des professionnels.
C'est carré, aussi carré que sur album. Le combo est littéralement porté par un chanteur qu'on peut prendre à la rigolade au début vu son accoutrement de prêtre des Carpathes et son maquillage noir et blanc, mais dont on se rend très vite compte qu'il SAIT chanter, au delà de l'esbroufe inhérente au folklore proposé. Il est aussi à l'aise dans les graves que lors des passages plus hauts perchés, et possède un certain coffre qui comble l'espace sonore de manière substantielle. Je suis fan de ce mec !
Les autres zicos ne sont pas en reste, avec cette paire de gratteux qui bouge constamment d'un coté à l'autre de la scène en assurant riffs et soli ultra efficaces, un batteur cogneur souriant et le clavier/chauffeur de salle ne tenant pas en place ! C'est toujours étrange de voir un groupe de heavy sans bassiste on stage, mais les Allemands n'ont aucun souci avec ça, assumant leur choix et la présence de samples.
Mais si le public est à ce point survolté, n'hésitant pas à transformer la fosse en pogo géant et même en wall of death par moments, c'est d'abord grâce à toutes ces compos inspirées qui poussent à hurler à plein poumons les refrains immédiatement mémorisables, qui démangent irrésistiblement les cordes vocales à grogner avec force les "ouh", "ah" et autres onomatopées régressives, qui incitent en deux accords à banguer comme un épileptique.
Powerwolf c'est du heavy qui rend heureux, tel un Hammerfall d'époque auxquels ils me font beaucoup penser sur maints cotés, mais avec une dose de fun en plus. Le fun des paroles horrifico-comico-sexuelles, le fun des mélodies qui restent pour longtemps dans la tronche, le fun des musiciens qui ne se prennent pas au sérieux malgré leur professionnalisme. Et leur respect du public, notamment en faisant l'effort de parler dans notre langue, chose bien rare de nos jours de la part d'une formation étrangère... Ce qui peut amener une situation cocasse lorsque le chanteur prononce plusieurs fois "obsédé" au lieu de "possédé", terme que les fans lui souffleront quand il se rend compte que le mot "obsédé" fait marrer les gens. Un moment frais et fun !
Mais plus que tout, il faut retenir le plaisir pris au vu de cet enchaînement ininterrompu de hits. Une setlist homogène, sans temps morts. Les esprits chagrins taxeront le groupe de facile, utilisant la même recette pour la majorité des chansons, et ce depuis leurs débuts. Et je répondrais ouais, sans aucun doute même. Mais la recette est tellement bonne et bien exécutée qu'on adore ça ! Et on cautionne en plus ! Ils auraient pu rajouter une dizaine de morceaux ("Sanctus dominus", "We are the wild", "Murder at midnight", "Die die crucified"...) qu'on ne se serait pas lassé un brin !
Voilà un groupe avec lequel on aime hurler à la lune ("Werewolves in Armenia", "Sacred and wild", "All we need is blood") en parcourant les steppes glacées au son des riffs épiques ("Armata strigoi", "Army of the night", "In the name of god", "Blessed and possessed"...) et des refrains entetants ("Resurrection by erection", "We drink your blood", "Sanctified with dynamite", "Coleus sanctus"...) pour se retrouver dans une eglise abandonnée et communier tous ensemble ("Lupus dei","Kreuzfeuer", "Let there be the night") au nom du Heavy Metal.
Un putain de coeur gros comme ça qui a gonflé les coeurs des centaines de pèlerins présents. Amen.
Setlist :
Blessed & Possessed
Coleus Sanctus
Amen & Attack
Sacred & Wild
Army of the Night
Resurrection by Erection
Armata Strigoi
Dead Until Dark
Let There Be Night
Werewolves of Armenia
Saturday Satan
In the Name of God (Deus Vult)
We Drink Your Blood
Lupus Dei
Rappel:
Sanctified With Dynamite
Kreuzfeuer
All We Need Is Blood
Critique écrite le 05 avril 2016 par Gandalf
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