Chronique de Concert
Le Prince Miiaou
Enfin, oui, j'ai enfin vu Le Prince Miiaou et la très talentueuse Maud-Elisa Mandeau sur scène. Oui, j'attendais beaucoup de ce concert et OUI, j'ai pris ce que j'étais venu chercher, une grosse claque à l'émotion intense.
Après l'avoir raté en mai dernier lors de son passage au Café de la Danse à Paris car j'avais choisi d'aller voir ce jour-là "ce gros foutage de gueule de Stupeflip au Bataclan avec comme résultat un bilan bien mitigé par ailleurs". Contrairement à ma chère Ed qui avait tiré le bon numéro ce soir-là en allant voir Maud-Elisa sur scène. Nous nous étions retrouvés à la fin de nos concerts respectifs autour d'une bière à Bastille avec nos compères Nico et stef les photographes. Je me rappelle le grand plaisir qu'elle avait eu de nous raconter à chaud ce qu'ils venaient de vivre et cette émotion palpable qui se lisait dans son regard. Lisez son compte-rendu de l'époque et vous comprendrez mieux pourquoi j'étais si motivé à voir "Le Prince Miiaou" sur scène. Depuis j'ai écouté très souvent son très réussi dernier album "Fill The Blank With Your Own Emptiness" que j'ai chroniqué ici.
Ce soir, ça se passe à la Maroquinerie où j'ai pris un abonnement ces derniers temps. Ce concert annonce la fin de la tournée.. Il était donc temps pour moi de combler cette forte envie née du coup de foudre qu'a eu Ed pour cette artiste à ranger dans aucune case. Qui mieux qu' Ed alors pour m'accompagner à ce concert vu qu'elle m'avait transmis son enthousiasme et sa grande ferveur envers ce groupe. Enfin, c'est le jour J, l'heure H et bientôt la minute M, il est 20h30, les gens aux abords de la salle sont un peu éparpillés entre l'entrée, la terrasse, la salle de restauration. La première partie Mesparrow joue depuis 30 minutes et Le Prince Miiaou est annoncé à 21 heures.
On s'inquiète un peu avec Ed, va t'il y avoir du monde ce soir, elle le mérite tellement on se dit pour le coup. 10 minutes avant le début, on est dans la salle qui est correctement rempli à ce moment-là.
Maud-Elisa est sur scène mais ne fait que régler le son de sa guitare. C'est toujours un peu surprenant ici de voir les artistes soignés les derniers détails techniques sous le regard du public.
21h, la salle se remplit d'un coup d'un seul à l'arrivée des trois garçons et de Maud-Elisa sur les planches. On est rassuré car on ne doit pas être loin d'être complet avec je pense 450/500 personnes qui ont fait le déplacement à la Maroquinerie dans le 20ème. Bonne nouvelle, le concert peut démarrer enfin ou presque. Le morceau d'ouverture sera "J'ai deux yeux" mais la guitare de Maud-Elisa ne sonne pas, rien ne sort de sa gratte.
Tant pis, au bout de 2 minutes, elle arrête tout et dis "merde, c'est pas possible, on va reprendre après avoir réglé tout ça", ce qui donne l'occasion à l'artiste d'établir un premier contact sympa et rock'n'roll avec son public et c'est reparti. 1,2,3,4, elle retape à nouveau d'une main sur sa caisse, le public l'encourage en la soutenant par des cris et de chaleureux applaudissements.
Cette intro me fait penser à Arcade Fire avec cette rythmique et les voix des trois musiciens qui l'accompagnent et qui proposeront d'ailleurs de belles harmonies vocales tout le long du concert en soutien de la chanteuse/guitariste. D'ailleurs, ces trois-là sont discrets mais pas effacés je précise. Ils constituent un vrai bloc solide, efficace et talentueux derrière la belle fragile et lumineuse. Le violoncelliste (doué) passe au clavier par moment, le bassiste à la gratte, Prince Miiaou de la guitare à la basse voir à la flûte, au sifflet et le batteur aux percus.
Je prends un pied fou et je passe par plein de sentiments. Elle est émouvante, écorchée, touchante, fragile et tellement rock.
On touche l'obscure, la noirceur, l'angoisse, la peur, la mélancolie mais le tout se transforme souvent en feu d'artifice d'où son côté un peu Pj Harvey début de carrière. Elle installe au fur et à mesure une belle connivence avec son public et le fait participer. Je vis ce soir ce qu'Ed a vécu quelques mois plus tôt et ce qu'elle vivra encore ce soir, une floppée d'émotions pour une artiste qui m'impressionne vraiment. Elle se lâche de plus en plus et porte un gros masque de ski sur une chanson. J'adore ces petits pas et son attitude quand elle part à donf avec sa guitare. Comme disait Ed notre photographe à l'époque, tout ce que touche Prince Miiaou se transforme en or, je dirai mieux, en or brut. Pas de compromis, elle est inclassable, brillante, chante parfois en français et souvent en anglais. Elle fait cracher des larsens à sa guitare electrique et se plie en deux devant son ampli. Visiblement touchée par l'accueil, et Oui Mademoiselle, vous avez un public maintenant qui vous aime, qui t'aime beaucoup Maud-Elisa car comment ne pas être sensible à tout ce qui nous est offert ce soir, à ce que tu nous offres avec tes musiciens. Elle chante de mieux en mieux au fil du concert, tout cela en douceur ou en criant remarquablement, la douceur, la tempête, c'est un vrai bonheur.
Ils nous quittent mais reviennent quelques secondes après pour un rappel de toute beauté et c'est la fin ou presque. Maud-Elisa reviendra seule interpréter une reprise "Tous les garçons et les filles" de Françoise Hardy à sa manière, tout en douceur et en émotion. Il est pratiquement 22h30 et on terminera par cette bien belle image du groupe au complet qui saluera son public heureux comme jamais façon "théâtre". Le Prince Miiaou a réussi à se forger sa propre griffe nourrie par un talent évident. Sa fragilité, sa force, ses doutes, ces larmes, ces pleurs, ses failles et sa volonté inébranlable ressortent en relief comme la plus sublime des peintures.
Ce soir, je fus touché comme rarement alors vivement la suite, un nouvel album et une prochaine tournée mais pour cela, il va maintenant patienter un peu mais pas trop longtemps j'espère.
Chapeau bas l'artiste.
Remerciements : Anne-Sophie Lambel et le label 3ème Bureau
Crédits photos : Edwige Henry
Critique écrite le 15 mars 2012 par Lebonair
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