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Chronique de concert Prodige Namor + Popo + Outlaw + Jak + Salma + Sasskad (soirée
Lundi 23 décembre 2024 : 6830 concerts, 27255 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Chronique de Concert
Prodige Namor + Popo + Outlaw + Jak + Salma + Sasskad (soirée
Le début de la soirée était fixée à 20h30 et comme à l'accoutumé au Balthazar, le concert ne débute pas avant 22h00 passé, la salle ne s'étant pas remplie rapidement. Le concept de cette soirée "Direct Usine" organisée par l'A.M.I et sous l'impulsion de Prodige Namor et Dj Rebel, est de réaliser dans un premier temps des ateliers écritures et scratch avec des jeunes artistes plus ou moins chevronnés, dans l'optique de se produire ensuite ensemble sur la scène du Balthazar.
Le line-up, si on peut parler ainsi, se compose donc de six artistes qui s'alternent, tantôt à 2 sur scène puis 3,4. Il y a là tout d'abord "Sasskad", un duo féminin formé par Sassia et Kad (d'où le nom du groupe). Lorsqu'on voit évoluer ces deux jeunes filles, on remarque tout de suite que ce sont deux pures marseillaises mais surtout qu'elles ont la rage ou plus exactement la hargne car il n'y a rien "hardcore" dans leur propos. Elles déploient tout simplement une énergie phénoménale, acharnées sur le micro tout en gardant le contrôle, c'est franchement beau à voir.
Certes, leur léger manque d'expérience ou de maturité (ce qui n'a rien de péjoratif)dans le domaine du rap en particulier, se fait parfois sentir au niveau du flow et des textes également. Mais malgré cela, elles déchirent comme on dit. A chacune de leurs apparitions, toutes seules ou avec d'autres, elles mettent un feu de Dieu, parvenant même à faire chanter le Balthazar : Ils nous barrent la route ! ou même Juge pas sur les refrains des chansons du même nom, c'est dire !
Ensuite il y a Popo (sur la photo de gauche), souvent accompagné de son acolyte Outlaw (photo de droite) ou de Jak. Jean-Philippe alias Popo n'est pas vraiment un novice quant à lui, bien au contraire puisqu'il fait du rap depuis 10 piges ! Et quand on le voit sur scène, et bien, le moins qu'on puisse dire c'est que ça se voit ! Au cinéma, on dirait qu'il crève l'écran, tellement il semble dans son élément. Tout y est, l'image et le son : la présence, le flow, la prononciation ou plutôt l'intelligibilité de ses propos et surtout le sens, le fond. Les textes sont très bien écris (encore une fois, à mon goût...) et ils reposent tous sur un message concret et conscient.
Sous ses allures extravagantes voire provocatrices, il appelle le public à réfléchir sur ce qui l'entoure. Certains diront sûrement "Mais pour qui il se prend celui là ?!?", lui s'en fout du moment que ça les pousse tout de même à réagir. Il fustige les faux, dénonce les manœuvres qui l'entourent, dresse un constat de l'endroit dans lequel on évolue, à plus ou moins grande échelle sans jamais être généraliste ou manichéen. Des morceaux comme Bac Nord, qui dépeint le quotidien d'un agent de cette brigade et interprété avec Outlaw ou S'ranger (c'est laisser faire...) avec quasiment tout le monde et dans lequel chacun décrit ses convictions et sa passion pour la musique engagée, sont des morceaux très captivant qui font leur effet sur le public. Les excités, dont je fais parti, sont à fond dedans.
Outlaw alias Seb Human Beatbox n'est pas en reste non plus. Il rentre littéralement dedans les yeux fermés et comme les autres, on sent qu'il y met ses tripes. Il n'écrit pas depuis longtemps (en français) mais ça ne se sent pas vraiment si ce n'est que ces phases solo sont plus rares et plus courtes. On regrettera juste qu'il ne nous aie pas offert un petit set de beat box de 5 ou 10 minutes pour dévoiler une partie de son talent au combien monstrueux dans ce domaine (jamais vu ou entendu plus impressionnant si ce n'est Razhel lui-même, sauf leur respect à ce niveau là, les gars du Saïan peuvent aller se rhabiller).
Dommage donc puisque il ne donnera le beat que peu de fois notamment pour accompagner Salma. Cette jeune fille à la timidité touchante et attachante possède une voix à en faire pâlir plus d'une. Autant je ne suis habituellement pas très fan des phases "R&B" dans le hip-hop, autant là, je suis littéralement bluffer par sa palette vocale ainsi que son timbre de voix car comme dit Popo : "C'est la vibe qui compte", et là, la vibe, elle est plus que présente. Son chant qui sait se faire légèrement arabisant pour redevenir "soul" me caresse délicatement les oreilles et je sens mes poils se hérisser à chacune de ses interventions. C'est grâce à elle notamment que je suis tombé amoureux du morceau Guérit-on de tout. Je ne saurais décrire ce que je ressens exactement lorsque j'entends cette chanson mais putain qu'c'est bon !
Sur un des morceaux et non s'en avoir hésité un petit moment Rilès se joint à tout ce petit monde pour poser un de ses textes comme le montre la photo de droite. Lui aussi se fait vivement applaudir par le public pour son message, son attitude et son talent et le connaissant personnellement depuis quelque temps, je suis à 10 000 quand je le vois monter sur scène. Lui aussi fait preuve d'énormément de fougue et de dextérité, ça fait plaisir à voir.
Je n'ai pas cité Namor qui était en quelque sorte le maître d'œuvre (même si je n'aime pas ce terme et qu'il ne convient pas vraiment) de ce show et qui y a pris part à plusieurs reprises. Mais, à vrai dire, je n'ai pas vraiment été convaincu par ses prestations, il s'est loupé pas mal de fois dans ses textes (il ne semblait pas trop les connaître) et ses impros faute de le rattraper l'enfonçait un peu plus chaque fois à mes yeux. A la fin du concert, il a promis un deuxième concert un quart d'heure plus tard.
Après un petit break assuré par les différents Dj dont je n'ai pas noté le nom (désolé, c'est pas ce que je regarde le plus) sauf Dj Ph, Namor est revenu avec deux nouveaux comparses dont Marocco. Cette fois, il était plus convaincant comme il posait ses "vieux textes" mais comme la fatigue se faisait sentir, je me suis rentré au bout de 3-4 morceaux. Malheureusement, il semblerait que j'ai fait à ce moment là, une petite connerie en cédant à l'appel du lit étant donné que quelques minutes après mon départ, Rockin'Squat montait en guest-star sur la scène du Balthazar. Etant un amateur d'Assassin, je ne peux cacher ma déception...
Au bilan, malgré cette légère frustration, j'ai passé une bonne soirée, le public était comme à l'accoutumé en ce lieu, c'est à dire tranquille, comme souvent, le son était bon comme les vibrations. Les "élèves" tous très prometteurs, semblaient avoir dépasser le "maître" à mon grand bonheur (bien que je n'ai absolument rien contre Namor) et j'espère qu'on les verra bientôt dans d'autre soirée hip-hop. Car malgré les légers problèmes de sons et d'enchaînements, cette soirée était parfaitement réussie tant au niveau de l'ambiance (aucune embrouille) que du message.
photos Pirlouiiiit
Critique écrite le 27 mars 2003 par Ed Dazuntski
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