Chronique de Concert
Protomartyr & Dead Finks
Dead Finks
La soirée est lancée par le combo néo-zélandais Dead Finks via un assourdissant coup de tom basse (I think) qui aurait pu faire tomber raides morts les plus cardiaques d'entre nous. Ils sont quatre, jeunes et vénères et ils ont l'air un peu blasés du peu de personnes venues assister à leur set, bien que la salle se remplisse au fur et à mesure. Je sais pas à quoi on les nourrit, en Océanie, mais ça commence à faire un sacré paquet de groupes issus de "Down Under" qui méritent qu'on s'y intéresse d'un peu plus près. L'énergie crasse est là, mais dans chaque titre, une mélodie, une ligne de basse ou une harmonie vocale attire l'attention et donne l'impression d'être face à un tube en puissance, comme par exemple "(My human) Extinction". Après avoir essayé d'établir quelle ville était la meilleure entre Paris et Berlin (là où ils sont actuellement basés et où, clairement, ils vont rester après l'accueil chaleureux-mais-sans-plus de ce soir), le groupe boucle son set d'une demi-heure. Ce qu'on en retiendra, c'est que les p'tits jeunes de Dead Finks ont écouté leurs aînés des années 1980 (Sonic Youth n'est pas loin) mais ont su s'en affranchir pour proposer des compos actuelles et plutôt percutantes.
Protomartyr
21h pile, Protomartyr commence sans traîner. Il en résulte que la version live de l'excellente mise en jambe de l'album "Ultimate Success Today", "Day Without End", restera un mystère pour nous. La Maroquinerie est pleine comme un uf et il faut jouer des coudes pour apercevoir le groupe originaire de Detroit. Et vous savez, quand on écoute un groupe sans jamais se demander à quoi ressemblent ses membres ? Eh bien dans le cas de Protomartyr, ça surprend un peu de prime abord, tant Joe Casey, le chanteur, évoque vaguement l'ex-premier ministre britannique David Cameron et pourrait être le fameux tonton un peu gênant des autres membres du groupes (de 10 ans ses cadets). Mais passé ce léger moment de flottement (partagé par mes acolytes de soirée) et un début de setlist un peu obscur (à mon goût), la part belle est faite à l'album "Ultimate Success Today" et à l'incroyable "Relatives in Descent".
Il fait une chaleur intenable dans la Maroquinerie et ce, malgré la froideur des compositions du groupe. Le public bouge assez peu, probablement intimidé par le charisme déployé sur scène. On a un peu l'impression qu'on pourrait se faire casser la gueule à chaque instant en cas de comportement inapproprié. D'ailleurs, Casey se fendra d'un "shut up" à l'attention d'un des spectateurs. Ça cadre.
Les musiciens déroulent les titres, sérieux, sans fioritures et plutôt fidèles aux versions studios, ce qui fonctionne parfaitement. L'ambiance est à la fois pesante et excitante et on ne sait pas trop sur quel pied danser. Le concert provoque des sentiments contradictoires de désespoir et d'exaltation, jusqu'au point culminant de la soirée, le titre "Half-Sister", joué en clôture du rappel. Ce morceau cumule tout ce qu'on aime chez Protomartyr. Une guitare lancinante et entêtante, une section rythmique lourde à souhait et des paroles tantôt chantées, tantôt scandées. Et c'est là que, malgré la noirceur du titre en question, on choisit l'exaltation.
C'est donc un concert en forme de petite tarte dans la tronche que nous a offert Protomartyr en ce mercredi soir, et même si 1h15 ça peut paraître un peu court, quand ça prend aux tripes comme ça, c'est bien suffisant.
Critique écrite le 19 septembre 2022 par Coline Magaud
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