Chronique de Concert
Public Image Limited aka PIL
Fondé très peu de temps après la dissolution des Pistols, Public Image limited, Aka PIL avait à l'époque complètement déconcerté les fans de l'album Never mind the bollocks. La musique de PIL était un virage complet qui sonnait la fin de l'ère PUNK historique et posait les bases de la new wave et du post Punk. Au début des années 80, l'album Metal Box prenait à rebours le public de Johnny Rotten, en proposant des chansons déstructurées, sans réels refrains et pouvant s'étirer sur plus de 10 minutes. La guitare n'était plus une usine à Riffs ni l'instrument porteur de la mélodie. Elle laissait ce rôle à des lignes de basse lourdes, glaciales presque DUB, renforcées par une batterie métronomique. Elle n'était plus qu'un instrument bruitiste apportant de la dissonance à la rythmique ou répondant au chant outrancier et azimuté de John Lyndon. Cet album, unique en son genre à l'époque, est considéré à juste titre depuis près de trente ans comme un chef d'uvre fondateur par une multitude de groupes , malgré son exigence qui laissa pas mal de monde sur le bord de la route. Pil continua dans cette voie avec plus ou moins d'écho pendant plus de 10 ans, s'offrant même le luxe d'un succès planétaire avec son single This is not a love song.
Puis, victime de sa géométrie variable ou seul Lyndon régnait en maître, tout autant que d'une inspiration tarie que des reformations des Sex Pistols et des problèmes contractuels avec sa maison de disque, PIL fut mis en sommeil pendant une quinzaine d'années. C'est durant l'été 2012, que PIL réapparut avec l'album This Is PIl et une nouvelle formation. Autoproduit à 100%, très actuel et plus instantanément abordable que les précédents disques tout en préservant l'esprit du groupe, cet excellent et très recommandable nouvel album méritait d'être défendu sur scène. C'est à cette occasion que PIL se produisait le 23 octobre 2013 dans la sinistre salle de la cité de la Musique.
Johnny Rotten qui ressemble désormais à un vieux hooligan de Millwall, a toujours ce regard de dingue, éructe toujours de manière outrancière et provocante, en hurlant comme un possédé dans son micro comme si sa vie était en jeu, ou s'il subissait une séance de torture.
Ce chant aussi théâtral que désincarné est mis en valeur par une basse obsédante dont le son est aussi froid que le béton d'une tour HLM de Brixton. La guitare fait parfois l'effet d'une scie électrique hantée qui renforce l'aspect menaçant d'un ensemble rythmé par une batterie implacable.
Bref PIL sonne comme doit sonner PIL en 2013, et probablement mieux qu'il n'a jamais sonné ! Le son est incroyablement actuel, plus carré et dense que par le passé, mais surtout dépollué de certaines sonorités eighties dont le mauvais goût reléguait au second plan l'essence même de la musique de PIL. Tout cela donne une performance live coup de poing particulièrement singulière et hallucinante !
Si la set list comporte des classiques comme Albatross, This is not a love song, Public image, This is what you want this is what you get, les morceaux du nouvel album comme One drop s'y intègrent parfaitement. Tous ces titres sont joués comme des happenings et s'éloignent tous à un moment ou un autre des versions albums pour emmener le public dans des climats frénétiques et obsédants. Et dieu que c'est bien fait ! Bien sûr, la musique de Pil est exigeante et nous a fait décrocher par moments. Elle a toutefois suffisamment de ressources pour ne pas nous laisser décrocher trop longtemps en venant nous reprendre en nous emportant avec elle de plus belle. Après presque deux heures de concert, on en aurait d'ailleurs bien repris d'avantage !
En ayant su évoluer tout en ne ressemblant qu'à lui-même et en ne faisant aucune concession, PIL a donné une implacable et formidable performance live à des années lumières des standards de l'entertainment. On est très loin d'une tournée de relevé des compteurs d'une vieille gloire sur le retour, comme cela aurait pu être à craindre en raison du passé iconique de John Lyndon. Dire que cela vaut la peine d'être vu ou vécu relève de l'euphémisme si l'on est un tant soit peu curieux musicalement...
Set List :
Deeper Water
Albatross
This Is Not a Love Song
Poptones
Careering
The Order of Death / The Body
Warrior
Reggie Song
Death Disco (Swan Lake)
Out of The Woods
One Drop
Public Image
Rise
Open Up (Leftfield cover)
Critique écrite le 24 octobre 2013 par lol
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