Chronique de Concert
Puts Marie + Raqoons
Raqoons
Une bonne trentaine de personnes sont arrivées à l'heure pour découvrir la première partie, Raqoons, un power trio stéphanois. Ils ne s'appellent pas Stéphane, mais Téo, Étienne (deux frères) et Quentin, viennent donc de Saint-Étienne, pas de Saint-Quentin. Bref. Ce qu'ils proposent ? Du groove rock, avec cette formation originale, où le batteur, au centre, se fait leader et chanteur, entouré par les cordes.
Ça aiguise quand même un peu les clichés du genre stadium rock (on pourrait parier qu'ils sont fans de Muse ou AC/DC) avec des poses assumées, du riff rentre-dedans, dans un genre funky rock soul. On ne peut pas nier l'énorme énergie engagée dans ce show par les trois jeunes camarades, le medley cover de "Blue Suede Shoes" et "Johnny B Goode", les magnifiques jeux de lumières, et un son parfaitement géré, n'arriveront pourtant pas à m'emporter plus que ça. Le public reste attentif, le premier rang se trémoussant, un peu.
Puts Marie
"You can put Marie !" Ils auraient pu choisir de mettre Britney ou Raymonde, au moment d'inscrire un nom de groupe sur le line up il y a une vingtaine d'années environ. Soit. Ils ont choisi Marie. Sobre. En contradiction avec leur musique, extravagante par la richesse des sons puisés dans divers voyages, collaborations, époques, et confirmée sur le nouvel album "Catching Bad Temper" sorti fin septembre chez Yotanka Records.
En live, on aime le quintet de Bienne pour l'énergie émotionnelle déployée, le côté spectacle enrichi par le charisme subtilement baroque du chanteur Max Usata et pouvoir comprendre enfin qui fait quoi, des 5 saltimbanques, dans ce génial dédale de son alambiqué. Avec la lourdeur des distorsions rock, parfois metal du guitariste au sourire avenant, le groove d'un rythme jazzy, les lignes graves du bassiste Igor Stepniewski, en chaussettes, à l'expression toujours aussi mystérieuse, et impassible, le flow hip-hop distinctif décoché par le chanteur habité, alternant entre micro ordinaire et micro CB, titillant parfois un clavier ou une mini batterie, le groupe prend plaisir à répandre sur scène ses sons et déploie une puissance jouissive.
Un bon set, qui paraît toutefois peut-être moins percutant que les prestations vues à Tinals en 2015 ou au Cabaret Aléatoire à Marseille, en 2016. En cause, une setlist un peu moins mordante, où le premier album, ayant ma préférence, est en retrait ce soir, sortie du second disque oblige (difficile de remplacer ces souvenirs de l'entrée en scène puissante sur "Mob Kisses" il y a trois ans !). Des titres sortent tout de même du lot, en exemple "Garibaldi" et son apothéose électrique magistrale, "Brush Air", avec la déflagration des riff métal en rupture de préliminaires inoffensifs, ou encore l'émotion d'une mélodie délicate sur le très beau "Indian Girl". Le public, connaisseur, savoure : ça bouge ici et là, ça acclame, et applaudit vigoureusement. Et puis, on ne peut qu'apprécier l'énorme travail sur les lumières et le son, impeccables, pour une très belle mise en ambiance immersive. En cette époque où la mode prédomine, où les vagues psyché et garage du moment ont tendance à nous submerger, créant parfois l'overdose, Puts Marie sait garder son identité grâce à un univers sonore unique, et c'est ce qu'on aime chez eux. On courra les revoir, c'est dit !
Extrait de la setlist :
The Waiter
The Bathhouse
Garibaldi
Indian Girl
C'mon
Pornstar
Love boat
Brush Air
Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...
Critique écrite le 16 décembre 2018 par Dissy
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