Chronique de Concert
R.E.M
Et pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Plus un seul billet dispo pour U2 au bout de quelques heures après la mise en vente, et des billets a moitié prix pour R.E.M a quelques jours du concert sur un site internet.
Alors quand après une mise en bouche des Thrills commencée avec 1/4 H d'avance, tant pis pour les retardataires, et bien conclue d'un sert assez enlevé, voici le temps de passer aux choses sérieuses. Et du sérieux on allait en avoir.
Dès l'apparition de Michael, on se rend compte immédiatement que le groupe est focalisé sur sa musique. Fini le temps du cabotinage : chapeau de cowboy sur la tête, mouvement suggestif des Ray bans, poses appliquées... Non, rien de tout de cela ce soir, Michael seulement ceint d'un bandeau de peinture sombre autour de la tête, vêtu d'un costume presque aussi sombre et de chaussures de ville est comme magnétisé par son micro.
Dès le 1er morceau Get up, c'est du grand R.E.M qui nous est servi ce soir. La scène est magnifique, néons multicolores descendant du ciel et formant comme un ballet de gouttes d'eau suspendues dans le temps. Un écran (de très bonne qualité) nous retransmet tous les gros plans pris par deux caméras mobiles en front de la scène. Le son est bien mieux que pour les Thrills, même si quelques problèmes de larsen apparaîtront pus tard. Suivent Departure, et Undertow, apparemment moins connus du grand public mais jouées dans une version impressionnante de justesse. Personne ne s'y trompe, c'est un énorme spectacle auquel nous allons assister ce soir. Sur les premières notes de Animal, la foule commence a manifester sa ferveur, bras levés, claps en rythme, le concert est bien lancé. Suivent un tout aussi impressionnant Boys in the well et retour aux premières amours avec un magnifique So central rain. Michael qui a jusque la peu parlé, nous annonce une petite chanson composée dans le train pour Marseille, et nous avons le droit à High speed train de toute beauté.
Ensuite, le concert prend encore une autre dimension. Dès les premières notes de Everybody hurts, le public manifeste vraiment son enthousiasme, briquets allumés, et même fontaines multicolores pour les premiers rangs, impressionnant, la communion est maintenant totale entre le groupe et son public. les gradins sont debout, un grand moment. Suivent Électron Blue bien meilleur sur scène que la version sur Cd, puis Leaving New York qui la aussi soulève l'adhésion du public. Ensuite, la scène vire des couleurs jaunes, vertes, blanches que l'on avait connues jusque la pour se parer de couleurs rouge profond, et Michael prend son mégaphone et nous scotche littéralement à nos sièges avec un orange Crush enlevé, énergique, comme on l'aime.
Ensuite vient le temps de la gravité, et après les excuses habituelles sur le comportement d'une partie de ses concitoyens, Michael visiblement très ému, enchaîne sur I wanted to be wrong, et Final straw qui vous procurent des frissons a mesure que les paroles s'affichent sur l'ecran géant. Impressionnant, vraiment, images encore magnifiées par les plans très serrés des caméras sur les yeux du charismatique chanteur. Beaucoup d'émotion vraie, sincère, tant pour le public que pour le groupe.
Le groupe enchaîne ensuite les morceaux phare de son répertoire : Imation of love (présenté comme un de leurs hits), the One i love, Walk Unafraid et pour conclure cette première partie : Losing my religion. Tout le monde est debout, et trépigne d'impatience.
Retour sur scène après quelques minutes : Michael a une serviette blanche autour du cou qu'il jette a la foule. Reprise sur un rythme toujours aussi élevé avec un final assez classique pour cette tournée What's the frequency kenneth, Drive, I've been high somptueux. Puis Michael s'approche du premier rang et se saisit d'une banderole qu'il déploie en l'entrainant derrière lui, puis annonce "Suite a une requête...", et nous avons droit à Outsiders (là aussi bien meilleurs sur scène). Le concert se conclut très normalement par the great beyond, I'm gonna DJ (paradoxalement la moins bonne chanson du set a mes yeux), et après que MS eut enlevé son tee-shirt et effectué un magnifique pas de danse comme lui seul est capable de la faire, un Man on the moon qui secoue toute l'assistance comme un seul homme. Michael traverse toute la scène en courant, encourageant tout le monde a lever les bras. L'enthousiasme est a son comble, la salle est KO debout, les instruments n'en finissent pas de jouer, comme si ce moment ne devait jamais finir. Peter en sortant nous gratifie d'une magnifique roulade, et les lumières se rallument. C'est fini
Alors que dire de plus, jamais R.E.M n'a paru autant au sommet de sa forme. Paradoxalement alors que les ventes de disque déclinent, que le groupe n'est plus en 1ère ligne dans les médias, c'est libéré de toute pression (que ce soit artistique ou personnelle sur la sexualité ambiguë de Michael), que le groupe s'est recentré totalement sur sa musique. Et le résultat est là, presque débarrassé de toutes fioritures, avec une sincérité jamais mise en doute, un répertoire étoffé comme aucun groupe de rock n'en possède un à l'heure actuelle, un monument quoi.
Alors a tous ceux qui ont raté ce concert, précipitez vous sur les suivants si vous le pouvez, R.E.M est vivant et bien vivant même, encore et plus que toujours. Enjoy
Critique écrite le 09 février 2005 par Jean Francois Denizo
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