Chronique de Concert
Rammstein
RAMM...STEIN !
Un grognement qui se termine en cri de guerre. Achhhh... rien que de prononcer ce nom nous ramène un peu plus près de l'âge des Walkyries ! Premier groupe à oser être aussi ostensiblement allemand et fier de l'être, car comme son guitariste l'expliquait à la télé voici peu, ce peuple traumatisé a toujours encore du mal à s'assumer. Dès que quelqu'un parle un peu fort et guttural, de vilaines images reviennent en mémoire, et à ce titre Rammstein fait là-bas office de thérapie collective ! C'est aussi les plus grands promoteurs de la musique, voire de la culture et la fierté allemande depuis ...Goethe pour les lyrics et Wagner pour la musique !
4 albums déjà d'un métal indus et électro plus subtil qu'il n'y paraît, dont notre préféré, Mutter, et le dernier en date, Reise, reise, un poil en deça mais fort plaisant. Mais surtout, le groupe est réputé pour ses prestations scéniques, leur amour immodéré pour la pyrotechnie et le grand-guignol. C'est donc de la France entière que partirent des bus ce jour-là, pour aller voir dans les plus belles arènes du monde, le plus grand groupe de metal industriel allemand du monde (personne ne rit, il y en a plus qu'on croit, SielWolf par exemple, plus brutal mais énorme aussi). D'autant plus que la rumeur court qu'un nouveau DVD (Live Aus Nîmes ?) devrait être ici et ce soir filmé...
Mais avant de mériter ce concert qui s'annonçait grandiose, il a fallu être patient. Se ga(lé)rer dans les alentours des Arènes de Nîmes, dégueulant littéralement des hordes de barbares en t-shirt noirs (à la grande frayeur des autochtones), faire la queue pour atteindre l'intérieur, et surtout subir une première partie qu'on qualifiera avec indulgence d'insignifiante (un pauvre DJ chevelu passant des disque de metal électro en levant le bras de temps à autre). Et enfin, attendre la nuit en meublant par des allers-retour buvette-toilettes. Mais Nom de Thor et Odin, ça valait la peine d'attendre !
C'est sur Reise, reise que commence le show, devant un public d'ores et déjà déchaîné dont une personne sur trois porte un T-shirt du groupe, décidément très prolifique en merchandising (trop snob, j'ai choisi NIN pour faire le malin) ! Après ce départ en douceur, Till Lindemann et sa joyeuse bande en costume de bouchers sado-maso (salopettes en cuir et gomina pour tout le monde) mettent ensuite tout le monde au pas de l'oie dès la deuxième chanson, Links 2,3,4, faisons tous les casques à pointe ce soir !
Avant même qu'on ait eu le temps de se demander où étaient la pyrotechnique attendue, c'est une intro en forme de coup de marteau sur la gueule qui nous rappelle à l'ordre en annonçant la couleur : Feuer frei, feu à volonté, que la fête commence, les membres du groupe se mettent à cracher du feu tout en chantant et la température monte brusquement d'un cran dans la fosse ! Malgré mon enthousiasme déjà headbangesque dû à une pétaradante Asche zu Asche, le beau Till me brise ensuite le coeur en m'annonçant sans ambage et malgré la tendresse que je lui porte, 'du bist hästlich' (tu es haïssable)... mais en fin de compte il s'adresse à une demoiselle surnommée Morgenstern, qui lui a brisé le coeur et a donc du finir immolée ou cuisinée en bratwurst je suppose ?
Car Ja, moi Till je suis Ein Deustchen Singer (wunderbar !), j'aime me déguiser en Kuistot pour rigoler et jouer avec un lance-flammes à faire flamber mon joueur de clavier dans une grande marmite... alors je le fais car c'est mon choix (es ist Mein Teil). Et puis si je veux j'enchaîne sur Stein um Stein, slow un peu douteux qui finit heureusement sur un riff en plomb fondu (et tant pis si c'est pas notre meilleure chanson). Le dit joueur de synthé, souffre-douleur qui ne doit plus avoir de sourcils ni de poils aux fesses depuis belle lurette, va également subir diverses explosions de fusées cachées sur son costume. Il se vengera cependant car à la fin de Los (impeccablement exécutée à la gratte sèche comme sur album), il démolira son clavier, qui ne doit pourtant pas être donné, profitant que Till lui tourne le dos en poussant un petit air d'harmonica !
Mais foin de plaisanteries, un Du rieschst so gut plus tard, et Rammstein attaque alors ce qui est un de ses plus belles chansons électro, commencée en jouant avec un arc en flammes impressionnant : Du Hast, un pied absolument monumental et dont le refrain est repris par un public littéralement en rut musical avec cette voix fabuleusement gutturale, mélodique et finalement ...très sensuelle ! car le croiriez-vous, Rammstein semble avoir un effet quasiment aphrodisiaque sur certaines jeunes filles de son public ! Est-ce ces explosions diverses et variées qui retentiront tout au long du concert qui leur feraient un tel effet ?
L'enchaînement avec le mufti du début de la chanson Sehnsucht et qu'on espérait entendre, se fait tout naturellement (c'est le même album), tandis que le synthé joue tout en conduisant sur un SegWay (performance d'équilibre qui force le respect)... Sans plus de retenue on hurle et on jubile de bonheur devant trois énormes canons à confetti qui nous recouvrent littéralement au son de la chanson parodique Amerika ! Ceci jusqu'à ce qu'on réalise, Mille Millions de Staracadémiciens Empalés, que c'est déjà la fin du concert principal lorsque le chanteur nous salue dans un français impeccable !!
Gottverdammt ! se dit-on dépité avant de s'égosiller à l'unisson jusqu'à ce que Rammstein revienne , le chanteur équipé cette fois-ci de DEUX lance-flammes... pour entamer leur terrible anthem, la chanson éponyme et volcanique Rammstein qui les avait fait connaître dans Lost Highway, tuerie qui sera enchaînée pour notre plus grand plaisir avec le riff dévastateur de Sonne (eins, zwei, drei, vier ...).
C'est au septième ciel et définitivement en sueur qu'on réalise qu'il va encore falloir maltraiter ses cervicales puisque retentissent les premières mesures de la dantesque Ich Will. Ce n'est pas parce qu'on a jamais compris ce que criait le public au refrain qu'on va se priver de brailler (n'importe quoi comme tout le monde), nos deux mains levées comme 20 000 autres environ dans un moment de communion d'une intensité assez exceptionnelle qui se finit, hélas, par la deuxième sortie de scène du groupe...
Qu'à cela ne tienne, on est déjà très content de sa soirée qui a tenu toutes ses promesses. Comme d'habitude des pauvres crétins commencent déjà à partir (pour pas rater la fin d'Ardisson j'imagine ?) et j'ai donc le plaisir de leur apprendre qu'ils ont raté trois chansons de plus ! Car après une longue ovation et sous une douche d'étincelles, des harmonies puissantes et kitsch de violon retentissent, et le chanteur entame le slow Ohne dich, à deux doigts de tomber dans le grand-guignol mais sauvé par une réelle conviction (le gaillard ayant l'air réellement malheureux du type quitté !). Et puis les groupes de metal allemand ne font-ils pas les plus beaux slows ? Rappelez-vous comme ça emballait sec sur les Scorpions il y a vingt ans !
La fin s'approchant hélas, je ne reconnais pas cette seule chanson qui vient ensuite, plus électro mais encore un peu slow (Merci à Jacques B. qui m'a informé que c'était une reprise de Stripped, chanson de Depeche Mode). Pendant celle-ci le bassiste s'offre une balade en canot pneumatique sur une foule en délire. On aurait aimé pour finir une dernière chanson de marave (genre Adios ou Mein Herz Brennt) mais Rammstein quitte la scène en nous laissant avec une version délicate, chantée par un choeur d'enfants, de la chanson Engel.
C'est donc une audience aphone et dévastée de plaisir qui quitte ensuite lentement les Arènes après 1 h 45 de bonheur, tandis que les nombreux roadies commencent déjà à démonter la scène - il paraît que le groupe voyage avec 40 camions ... Ce concert a été aussi exceptionnel que ce qu'on espérait, même si le show très bien réglé ne laissait guère de place à l'improvisation (il faut dire que quand des geysers de flammes sortent du sol, mieux vaut être placé au bon endroit pour ne pas se faire cuire le fondement ...)
On regagne sa voiture en bénissant le ciel d'avoir emmené toute la discographie du groupe, qui nous accompagnera agréablement jusqu'à la maison. Alors pour finir, Danke schön, Rammstein, sie sind die besten !...
Playlist : (H=Herzeleid / S=Sehnsucht / M=Mutter / R=Reise,reise)
Reise, Reise (R)
Links 2,3,4 (M)
Keine Lust (R)
Feuer Frei (M)
Asche zu Asche (H)
Morgenstern (R)
Mein Teil (R)
Stein um Stein (R)
Los (R)
Du riechst so gut (H)
Du Hast (S)
Sehnsucht (S)
Amerika (R)
------ Rappel 1 -----
Rammstein (H)
Sonne (M)
Ich will (M)
------ Rappel 2 -----
Ohne Dich (R)
Stripped (Depeche mode cover)
Engel (remix voix d'enfants) (S)
Pour finir, un grand "Prosit" à la santé de www.rammsteinworld.com, site de fans français (qui a repris cette chronique) et surtout qui propose des tonnes de choses à télécharger (y/c des vidéos de ce concert !), un must dans le genre !
PS : En novembre 2006, ce concert est sorti en DVD !!
Photos Pirlouiiiit et Svet
Critique écrite le 24 juillet 2005 par Philippe
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> Réponse le 04 décembre 2008, par Vand
Le meilleur concert de ma vie, et de très loin, j'en suis encore tout retourné à la lecture, 3 ans et quelques plus tard... Réagir
> Réponse le 31 juillet 2009, par Philippe
Yep, 4 ans après cette chronique et ayant vu ici (à Nîmes) depuis Metallica et Nine Inch Nails, même constat : concert fa-bu-leux et ambiance à l'égale de celle des Four Horsemen... Certes musicalement Rammstein n'a peut-être pas le potentiel des deux autres... Mais visuellement en empruntant aux uns et aux autres ce qu'ils ont de meilleur (les mélodies démoniaques, la puissance, la présence scénique, la pyrotechnie - et en plus à Slipknot un poil de grand-guignol, histoire qu'on se marre un peu), il faut avouer que l'alchimie de leur concert à Nîmles était absolument parfaite... Réagir
> Réponse le 07 décembre 2009, par Gandalf
Ah putain les mecs, ce live à Nimes etait fabuleux, un des meilleurs de ma carrière live aussi ! Là je reviens de Lyon, et putain la deception... Pour la peine je poste le cr que j'avais fait à l'epoque pour Nimes. Quel souvenir, tout etait parfait ! "Les allemands de Rammstein faisaient escale dans le super site des Arènes de Nîmes cet été, un samedi , par un temps magnifique...Autant de raisons de ne pas louper cette occasion en or d'avoir un des plus gros vendeurs metalliques dans notre contrée, pour une fois !! Ca a beau faire plusieurs fois que je les vois, même sur cette tournée, à chaque fois je sais que ca va être un plaisir pur ! Si on aime le groupe, on est sur de pas être décu, d'avoir un son terrible, des effets pyros dantesques, et un show carré. Si on aime pas sur... La suite | Réagir
> Réponse le 18 décembre 2009, par Sophi@
[Bercy, Paris - 9 Décembre 2009] J'y étais ce jour là (fabuleux) à Nimes. En effet, c'était un concert mémorable qu'il ne fallait pas mmanquer si on est fan. Les places étaient strictement comptées, et Dieu merci, j'ai eu 4 places :)) Le Décor, l'ETE, le Plein air, ce lieu magique a fait que c'était LE concert de Rammstein. Je les aient vu à Bercy Paris, le 9 Décembre dans une magnifique salle certe, le plaisir était grand, mais avouons le pas aussi idylique que celui de Nimes. A noter que la 1ère partie à Bercy était très bien réussie avec Combichrist, alors qu'à Nimes, le pauvre Dj n'en menait pas large. Bref, j'aime Strauss, l'opéra, le rock le hard rock, l'électro, le minimal, la pop, mais LE groupe qui me donne autant de sensation, c'est cette bande de fous qui s'amusent avec le feux comme nous avec les... La suite | Réagir
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