Concertandco s'est rendu au Trabendo le 7 Décembre pour assister au concert des excellents Raveonettes. Monsieur Burnain a eu la chance de pouvoir rencontrer Sharin (chanteuse guitariste) et Sune (chanteur, compositeur, guitariste), quelques heures avant le concert. Crash de l'industrie du disque, débat sur les albums à rallonges, intérêt de la scène Danoise, autant de thèmes abordés dans la bonne humeur avant un superbe concert dont vous pouvez lire la chronique ici


La tournée a commencé cet été. Le show a-t-il évolué depuis le début? S'améliore-t-il au fil des dates à votre sens ?
(En même temps) Sune : Non. Sharin : Oui.
(Rires)
Sharin : En fait, c'est compliqué. Il y a des hauts et des bas. Certains soirs sont mieux que les autres mais on ne sait pas trop pourquoi, ça dépend de l'humeur etc... Cet été, on ne jouait pas encore les chansons du nouvel album parce qu'il n'est sorti qu'en Septembre, et pour être honnête avec toi, les gens veulent entendre ce qu'ils connaissent. Mais on aime bien mélanger nos albums dans la set-list, on ne va pas jouer que le dernier.

La set-list est la même tous les soirs ?
Sune : (en marmonnant) : Ça change un peu
Sharin : En gros oui, juste des petits changements mais là on en a une qui tourne bien donc...

L'album Observator a été enregistré à Los Angeles. Est-ce qu'il a été écrit avant ? Est-ce que l'ambiance de la "city of light" a eu son influence sur la composition ?
Sharin : En fait Sune était à L.A avant l'enregistrement et il composait les chansons, donc ouais je suppose qu'on peut dire ça. Il y a sûrement un état d'esprit assez spécifique à Los Angeles qui se ressent dans l'album.





Parce qu'on sent un côté plus pop, plus guilleret ?
Sharin : Plus pop que sur Raven in the grave tu veux dire ?

Notamment...
Sharin : C'est vrai, mais en même temps "Raven In The Grave" (leur avant dernier album) était un album un peu spécial. Les chansons n'étaient pas structurées de façon classique : couplet, refrain, couplet. C'était plus une bande originale qu'un album. Mais Observator est vraiment moins pop que In and out of control, après ça dépend ce qu'on entend par pop, c'est vrai que celui-là est assez traditionnel.

L'enregistrement a-t-il été marqué par un ou plusieurs albums ? Vous êtes vous dits "tiens, ce serait pas mal si ça sonnait comme ..." ?
Sune : Non

Moi : Non, non ?
Sune : Non

Ok. Une nouvelles fois, les critiques sont dithyrambiques à propos de Observator. Qu'est-ce qui est le plus important pour vous : Les ventes ? L'accueil critique ? Quand les gens chantent les chansons dans la salle ?
Sune : Avant c'était les ventes d'album évidemment, mais euh (tout le monde rigole franchement), mais maintenant disons que si les gens chantent c'est bien (autres rires)
Sharin : Ce que tu veux dire, c'est est-ce que les critiques sont importantes pour nous ?

Oui, mettons que tous les journalistes un peu crétins comme moi décident que l'album est génial, mais que le public ne suit absolument pas.
Sune : Ça ne change rien
Sharin : On n'a jamais vraiment étés très commerciaux de toute façon donc... Tu sais, on fait juste la musique qui nous rend heureux. Je ne dis pas qu'on se fout de la réaction du public, ce serait pas mal de toucher de plus en plus de monde. Mais au final, ce qui compte c'est juste de faire des albums dont on est fier.





Pensez-vous que depuis le crash de l'industrie, les compositeurs sont plus libres au niveau de la composition car ils se focalisent moins sur les ventes ?
Sune : Naaaann, ça a toujours été pareil. T'écris pour toi et tu espères que les gens vont suivre.
Sharin : Cela dit, il y a sûrement des groupes qui cherchent vraiment à trouver la formule qui marche. Nous, en tant qu'indépendants, on ne subit aucune pression à ce sujet.

C'est la deuxième fois que vous sortez un album de neufs chansons. Ce qui semble court. L'avez vous pensé ? Ou vous êtes-vous dits à chaque fois : c'est comme ça, il y en a 9, à prendre ou à laisser.
Sune : Je pense qu'il aurait dû être plus court (Sharin rigole)

C'est vrai ?
Sune : (pause) Complètement, aujourd'hui personne n'achète d'album tu sais. Il y a même très peu de gens qui écoutent les albums. Seuls les fans vraiment hardcore, veulent avoir le plus de chansons possibles. Le concept du "grand album" n'existe plus vraiment aujourd'hui. Donc, oui, je pense que les gens devraient faire des albums plus courts. Jouer des concerts plus courts aussi.
(Rires de ma part)
Parce que c'est plus intéressant, c'est plus amusant. Tu sais, tu vas à des concerts et tu attends toujours pour les chansons que tu aimes, et en attendant tu t'en tapes 10 dont tu te fous un peu, donc tu vas prendre un verre au bar. Peu de gens, vraiment très peu de gens, arrivent à faire des lives qui mettent en transe même sans connaître les chansons. Plus c'est court, mieux c'est, j'en suis convaincu.




Beaucoup de gens ont pensés après le crash de l'industrie, qu'on reviendrait au mode de fonctionnement des années 60. Ou les gens ne sortiraient pas d'album, mais un single tous les mois.
C'est déjà un peu comme ça. Pas mal de gens fonctionnent déjà comme ça, et je pense qu'il devrait y en avoir plus. C'est intéressant.
Sharin : On en a parlé il y a peu. On envisage sérieusement de ne plus sortir d'album.

Que des singles ?
Sune : Ouais des singles et un peut être un E.P de temps en temps. Je pense que ce serait passionnant.

Je pense que ça ira dans ce sens de toute façon...
Sune : C'est sûr
Sharin : Les seuls que ça va embêter, c'est les promoteurs. Ils veulent une tournée pour défendre un album. Mais c'est un concept complètement dépassé.

Ça se comprend, c'est sûrement le seul moyen de faire un peu d'argent avec la musique aujourd'hui.
Sune (se racle la gorge bien fort, comme pour dire que "même ça, ça ne rapporte plus rien").





D'ailleurs quels sont les projets post-tournée ?
Sharin : On prend un break à Noël, on reprend jusqu'en Février. On a déjà des plans festivals pour cet été donc je pense qu'on ne va presque pas s'arrêter. On va faire ce qu'on fait tout le temps : tournée, enregistrer un peu entre les dates puis repartir sur les routes.

Vous finissez par plusieurs dates chez vous au Danemark. C'est "spécial" de jouer à la maison ?
Sharin : C'est très agréable. C'est peut-être un peu intimidant parfois parce que les familles et les amis sont dans la salle. Mais tu sais, j'aime aussi jouer à Paris, c'est très exotique. La nourriture est bonne, le vin aussi.

Pas de show plus long ou de trucs spéciaux, parce que c'est la maison ?
Les deux : Non
Sune : C'est pareil.

D'ailleurs, on connaît très mal la scène danoise ici, vous avez des bons groupes à nous conseiller ?
Sharin : Bien sûr y'en a plein. Y'a Mew... et aussi ... The rumour said fire, et aussi... Giana factory un groupe avec qui j'ai joué, qui est le groupe de ma sœur d'ailleurs. Et il y'a euh...
Sune : (agacé car Sharin réfléchit longtemps entre chaque groupe)
Et y'en a plein d'autres !
(Tout le monde rigole).

Merci à vous !
Les deux : Merci à toi !


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