Chronique de Concert
Reliques + Catalogue + Keith Richards Overdose (Festival Phocea Rocks)
Parfois il faut savoir s'affirmer pour ce que l'on est, surtout quand on commence à frôler dangereusement la quarantaine. Des gens qui lisent parfois mes chroniques (merci !) doivent sûrement croire que je suis un control freak, un mec qui veut raconter le plus exactement possible ce qu'il a vu et entendu à chaque concert. C'est légitime : il m'est arrivé un jour de poster environ trois écrans complets sur 7 minutes des Suppositorz... Je poste aussi régulièrement des chroniques de 140 lignes pour raconter des festivals, à l'heure où l'on perd l'attention de la plupart des gens au bout de 140 ... signes. Donc, on me prend peut-être pour un bosseur. Par erreur : dans la vie, je suis un branleur. Et ce soir j'ai décidé, enfin, de le prouver au monde.
Arrivé les mains dans les poches (eh, oh, relax, je reviens de vacances et avec, s'il vous plait, une heure de décalage horaire - totalement jetlagué donc !), j'ai rien foutu à l'organisation ni au déroulé de ce concert de Phocéa Rocks, groupuscule dont je suis pourtant censé être un membre actif. Pas même tenir la caisse, la seule responsabilité que je sois capable d'assumer à mi-temps dans un concert de rock. Ai-je chroniqué l'album de Catalogue depuis 6 mois que l'autre Philippe a vraiment autre chose à foutre ? non. Ai-je écouté ne serait-ce qu'une chanson de Reliques pour savoir de qui il retourne ? Pas davantage. Ai-je révisé l'album fracassant de Keith Richards Overdose, mis un lien ici pour vous aider à en retrouver la magnifique chronique publiée sur ce site il y a environ 2 ans, ou été fouiner sur le web à la recherche des nouvelles chansons qu'ils enregistrent en ce moment ? Mais puisque je vous le dis, que je suis un branleur !
Pas même apporté un papier et un stylo pour noter quelques trucs intéressants comme le faisait notre maître à tous, Lester Bangs. Pas même un psychotrope d'absorbé pour essayer d'approcher la hauteur d'un orteil de Hunter S. Thompson, mon Prophète à moi. D'ailleurs j'ai négocié directement avec l'autre Philippe qu'il chronique les deux premiers groupes et moi, uniquement le dernier. Du grand art de fainéantise. Ca m'évite donc d'avoir à dire que Reliques est un trio qui joue des morceaux parfois super prenants et parfois pas autant. Mais qu'ils ont un brin de folie et se mettent parfois à ricaner étrangement en se regardant en coin. Qu'ils font un peu peur mais plutôt façon Dexter : trop polis pour être honnêtes. Ce sont sans doute des psychopathes cachés derrière des rockeurs intellos. Au final je crois que j'ai beaucoup aimé leur concert, mais j'avais prévenu que j'en parlerais pas.
Catalogue ? Si j'étais sérieux, je pourrais disséquer à nouveau leur possepunque nerveux, racé, bien torché, la hargne de la chanteuse, une attitude super classe des autres. Lacher quelques noms de groupes auxquels ils me font penser au risque de déclencher l'une des deux réactions inévitables : ricanements et haine tenace, si selon le groupe on tape à côté, melon attrapé et attitude méprisante définitive si jamais on les compare à plus légendaire que raisonnable. Je pourrais au moins relire la set-list, poser leur vinyle sur la platine (comme je le fais régulièrement) et reconstituer ce concert où je commençais déjà à être un peu bourré. Mais en fait, la chose qui m'a le plus fasciné de tout le show, pour tout vous dire, ce sont les escarpins de la chanteuse. Attention, rien de sexuel, c'est du pur fétichisme. Tout comme l'étoile rouge systématiquement fixée dans ses cheveux et la sangle en forme d'éclair de sa guitare. Au bout d'un moment, tout a disparu sur scène à part ces trois items qui m'ont totalement fasciné. C'est là que j'ai perdu le fil et décidé raisonnablement de ne pas mettre non plus une ligne sur ce trio dans ma chronique.
Reste alors un problème de taille : je vais bien devoir écrire quelque chose sur le dernier groupe du jour, les Keith Richards Overdose. Le premier problème que ça pose est que deux d'entre eux me font la bise et les deux autres me serrent la louche (dont un seulement parce qu'il est parisien et/ou parce que je pique). Allez être impartial après ça. Le deuxième problème avec eux, c'est pas tant que je les ai vu 72 fois et chroniqués à peu près autant (et à chaque fois pour en dire du bien, en plus), c'est qu'ils jouent toujours en dernier ! Le dernier problème, lié au précédent, est que la bière belge altère quelque peu mes facultés au bout d'un moment et d'une quantité variables, et particulièrement mon sens critique. Autant j'arrivais à les trouver bordéliques ou vraiment trop bourrins certains soirs à l'Enthröpy ou à la Machine (qui ne servent pas des vraies bières costaudes), autant ici les frigos du Poste sont si tentants et chargés que je finis invariablement par devenir copain avec la barmaid, à force de me voir revenir toute la soirée. Et donc, par claudiquer sur le dance floor, comme dirait l'autre.
Peut-être devrais-je, comme certains amateurs de ce genre de musique, pratiquer des substances non buvables et qui, au contraire, sont censées les renforcer, les facultés. Rester fumer furieusement à l'étage et n'apparaître que trois minutes en bas, histoire de fixer une seule image, mais ultra-précise. Mais comme j'ai rien fait de tout ça, j'ai tout vu au travers d'un brouillard houblonné et ça m'a paru comme à chaque fois génial, ce rock'n'roll basique mais joué ultra-précis et avec tous les potentiomètres au rouge, juste un peu en deça de la limite de la douleur. Plus de Hippy Shake, dommage, ça aurait été un bel hommage à Macca qui est venu jouer au Vélodrome il y a peu ! Par contre, ils avaient de super nouvelles chansons, ça je l'ai bien entendu. Et puis ils sont toujours aussi beaux et sexy quand ils jouent, surtout les slows - et je le dis avec toute la force d'une hétérosexualité globalement sereine et en tout cas jamais prise en défaut à ce jour.
Finalement tout ça c'est plus fort que moi... Dès que des gens sur une scène (de deux mètres carrés ou d'un hectare) jouent très fort et très bien avec au moins une guitare qui vous charcle la trompe d'Eustache et/ou une batterie vous qui décolle la plèvre et/ou une voix qui vous pressure l'hypophyse et/ou une basse qui vous ventile le plexus solaire, ça me rend toute chose quand je suis saoûl. C'est bien pour ça que je ne rate jamais un concert de Phocea Rocks, une bande de midinettes mâles et femelles qui comme moi, mouillent leur pantalon à chaque fois qu'on leur ressert les trois bon vieux accords du rock. Mais moi en plus de ça je souffre d'incontinence et, alors que je suis un feignant dans la vie, je suis en plus obligé de commettre une chronique de trois pieds de long. J'ai encore fait plus de cinquante lignes, et sûrement pour beaucoup moins de lecteurs.
Et encore j'ai pas parlé de l'affiche mystique, punk et pingouine du concert, ce qui m'aurait permis de belles digressions sur Bubba Ho-Tep, un chef d'oeuvre méconnu, sur Bruce Campbell et sa ressemblance avec le King, plus généralement sur les momies, Evil Dead voire Zombieland, et diverses considérations potentiellement passionnantes sur la sous-culture américaine... Lester n'aurait jamais laissé un tel matériau de côté, lui. Mais enfin, lui, ce n'était pas un branleur.
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Critique écrite le 12 juin 2015 par Philippe
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