Accueil Chronique de concert Renaud + Gauvain Sers (Phénix Tour 2017)
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Chronique de Concert

Renaud + Gauvain Sers (Phénix Tour 2017)

Renaud + Gauvain Sers (Phénix Tour 2017) en concert

Zénith d'Auvergne, Cournon 9 mars 2017

Critique écrite le par

Pour son second passage à Cournon lors de sa longue, très longue, peut-être trop longue tournée, Renaud, alias le Phénix, s'offre un nouveau Zénith d'Auvergne. 7000 personnes se sont données rendez-vous ce soir pour retrouver celui qui a bercé nos âmes, mit des mots sur nos vies, nos souffrances sans avoir pu ou su soigner les siennes. Il revient après 10 ans de silence et d'auto destruction, avec un album, somme toute bien moyen en comparaison avec le reste de sa discographie, et une tournée marathonienne des zéniths de France et de Navarre qui va durer presque un an...

Renaud est un mythe, ne lui en déplaise, un bout de patrimoine national cela dût-il le gêner, et on vient un peu voir cela, retrouver un bout de ce truc qui nous appartient un peu à tous. Et puis il y a de la curiosité, de celle qui nous fait nous arrêter au bord de la route pour regarder un accident : respire t-il encore ? Dans quel état est-il en vrai ? Est-ce qu'il est si détruit que cela ? Et puis c'est peut-être la dernière fois, ou la seule occasion d'être la première fois. Bref les salles se remplissent.



Pour moi, Renaud, c'est un bout important de mon passé. Certes je l'ai vu plein de fois en concert. Ce fût certainement mon premier concert. Je l'ai vu avec un chêne sur scène, sur une place publique... et puis je l'ai vu aussi de plus en plus perdu sur scène, parfois trop saoul, perdant sa voix petit à petit.... jusqu'à ce que je lâche l'affaire il y a un autre siècle déjà, il y a bien longtemps. Pour moi Renaud c'était fini, un truc de jeunesse pas très sérieux. Pourtant pour moi Renaud c'était mes premiers disques, mes premières révoltes, mes premières prises de consciences, mes premières larmes musicales, mes premiers gros mots qui emmerdaient tant mes parents. Et puis Renaud c'était aussi la découverte d'Audiard, de Frédéric Dard... C'était un gros bout de moi. Alors oui, j'étais ému de le voir se sortir enfin la tête de son putain de Ricard, liquide de merde qui a bousillé tellement de gens que j'aime, j'étais content qu'il ressorte un disque, même s'il est pas terrible, c'est pas grave, le prochain serait mieux. Et puis, j'étais content que mon gamin vive cela, que lui aussi soit content de dire des gros mots sans se faire engueuler : " j'y peux rien papa, c'est dans la chanson de Renaud ! ". Et l'annonce de la tournée est arrivée. J'ai hésité. Il va pas tenir. Il va pas le faire. Non je vais pas y aller. Je veux pas voir cela. Mais, mon gamin voulait le voir, ma femme aussi. Ils n'avaient jamais vécu cela alors, pourquoi pas... il chantera mal, mais y aura de l'émotion c'est sûr, c'est Renaud quand même. Le passé m'est revenu, les souvenirs, j'ai ressorti les vinyles. Alors j'ai pris des places...

Ce soir au Zénith, elle est là cette France de Renaud, cette France populaire, prolétaire même, mais plus vieille que dans mes souvenirs, calme et silencieuse, malgré quelques blousons cloutés et pas mal de bandanas rouges. Par contre, même pas une mobylette devant le Zénith, et ça putain, ça craint ! Dans le Hall, c'est ambiance marché, vente à la criée des programmes du spectacle et au merchandising on vend des objets d'un autre temps, peut-être les restes d'une vieille tournée : briquets, bracelets cloutés, bandanas... nostalgie. La salle se remplit doucement, tranquillement et à 19h45, des restes de la voix de Renaud bafouille l'annonce de sa première partie, de sa découverte : Gauvain Sers.



Gauvain Sers

Arrivent sur scène, devant un grand rideau blanc, deux gus, dont un, casquette gavroche sur le crâne et guitare en bandoulière nous ramène déjà par l'image vers un Renaud première période. Ce Creusois, désormais Parisien, c'est Gauvain Sers, il est accompagné par un second guitariste, le Corrézien Martial Bort. C'est une assez belle révélation que c'est deux p'tits gars. Bon y a encore du boulot, ça fait parfois encore un peu devoir d'école, mais y a un truc, et puis malgré tout, il sait chanter le Gauvain, c'est déjà ça de gagné, ça de pris pour la soirée. Il y a du Renaud dans la manière d'écrire, un peu de Bénabar aussi, un peu de Damien Saez quelques fois. Le premier titre, " Pourvu ", est léger, drôle, citant au passage Allain Leprest, Darroussin, mais dès la seconde chanson les textes deviennent plus graves, peut-être trop, " Hénin-Beaumont " traitant de la montée de la haine ne suscite pas autant de réactions dans le public qu'il aurait pu y avoir il y a quelques années, " Entre République et Nation " enfonce le clou et " Mon fils est parti au Djihad " finit de plomber le truc. C'est pas mal écrit, ça s'écoute, y a un truc, un avenir certainement. Renaud a encore de l'oreille, et son public réserve une belle écoute à ces jeunes artistes !



Renaud

20 heures 30, après une très courte attente, la projection vidéo commence. Allégorie facile du tunnel et du gars Renaud qui apparaît au bout de celui-ci. Le rideau tombe. Mes oreilles commencent à saigner, mon cœur aussi. Premier titre, " Toujours vivant, toujours debout ", mais à quel prix Complètement à côté, une voix qui donne envie d'appeler un ORL en urgence tellement elle ressemble au fameux " accent cancéreux " naguère moqué par Desproges, une diction digne de ma pire cuite (j'ai cru un petit moment qu'il était bourré), une pensée pour les musiciens qui rament comme des malades pour ne pas perdre leur chanteur, et le sentiment que ça va être long ce soir, très long. Sensation de douche froide sur le zénith. Ah oui quand même !!! il a pris cher le gars !!!

Conscient de sa faiblesse, Renaud s'excuse en disant qu'il a une rhino-pharyngite et que de toute façon on n'est pas venu écouter Céline Dion ou Florent Pagny. Certes, mais on n'est pas venu écouter une tronçonneuse mal graissée non plus, et puis le coup de la rhino, tu nous le fait depuis quelques semaines déjà. Franchement t'as pas un docteur, Renard ? D'ailleurs, c'est la chanson qui suit, " Docteur Renaud, mister Renard "... et ça ne s'améliore pas. Souffle court, diction approximative, silhouette voûtée, démarche hésitante, expression absente... Sérieux, même si y'a du pognon à se faire, c'est autorisé, c'est humain de le laisser monter sur scène ainsi ? Moi ça me donne envie de pleurer. C'est pas possible, je vais me tirer, mais je peux pas, y'a mon gamin qu'est là et ma gonzesse elle veut pas... " En cloque " , sa chanson préférée, le voit un peu moins mal, le tempo plus lent, la mélodie plus douce, le public qui essaie de le soutenir, le soulage un peu. Et puis avec un tel maître de chœur, t'as moins de honte à chanter n'est-ce-pas ? Malgré tout, il a l'air content d'être là, mais les vannes entre les morceaux, trop répétées, sont déjà connues et éculées et tombent à plat. Il fait penser un peu à une marionnette, mais qui agite les fils ?



Il nous embarque ensuite à " La pêche à la ligne ", et ce titre fragile rend évident que même s'il n'a jamais eu une grande voix, il a été un chanteur, et que sur ses textes délicats il faut un interprète qui sache moduler un peu, faire passer quelques émotions. Mais, ces petites choses ont elles aussi disparues, tout est scandé de la même manière, hélas. Il ne reste que les textes, que parfois on ne reconnaît plus... S'ensuivent " Marche à l'ombre ", " Les mots ", " Etudiants poil aux dents, " J'ai embrassé un flic ", " La médaille ", " Les aventures de Gérard Lambert ", " Héloïse ". Les lumières et les projections sont pas mal, bien que parfois un peu "cliché", les musiciens, multi-instrumentistes, assurent, essayant de faire un peu le show, mais tout est trop écrit, prévu et prévisible, sous contrôle et même si Renaud semble tendre et parfois amusant, le truc a du mal à décoller, le public reste assez froid et l'ennui commence à se discerner dans les gradins et même dans la fosse qui, malgré quelques agités au premier rang, ne bouge guère et pas longtemps. Parfois quelques titres comme " Mon HLM " , " Manhattan Kaboul " ressuscitent l'assemblée le temps d'un couplet ou deux, mais dès que le morceau est terminé, les fesses retombent sur les sièges.

" Morgane de toi ", " C'est pas l'homme qui prend la mer " et la chanson préférée des Français, " Mistral gagnant " sont les moments forts du concert si l'on prend en compte le nombre de téléphones brandis pour immortaliser l'instant ! Après une fausse sortie sur " La vie est moche et c'est trop court ", arrive l'instant hypocrite du rappel. Ce n'est pas la bronca pour le faire revenir, il y en a même pas mal qui en profitent, soulagés pour se tirer, hélas pas seulement pour récupérer plus facilement leur voiture. Malgré tout, il revient... la clope au bec, nous expliquant qu'il peut pas rester deux heures sans fumer et qu'il ne fume plus que deux paquets par jour... Ok... T'as pas l'impression de nous prendre pour des cons des fois Renaud. Rhino-pharyngite, tu parles...

Pour finir la soirée, on a le droit au medley, histoire de bien se rappeler que le mec qui s'appelait Renaud a écrit des tonnes de bonnes chansons, et que si la vie avait était moins conne, on aurait pu prendre un plaisir de fou toute la nuit, alors on a le droit à " chanson pour Pierrot " (tiens c'est la première fois qu'elle ne me fait pas pleurer), " Hexagone ", " Laisse béton ", " Ma gonzesse ", " It is not because you are ", " Miss Maggie ", " La mère à Titi " et " Fatigué "... Fatigué, Renaud tu l'es, même avant la fin des 2 heures 30 de concert. Tu as beau nous assurer que maintenant c'est juré on ne se quitte plus, que à l'instar du phénix dont l'envol clôt ton concert, tu renaîs de tes cendres, je dois t'avouer mon pote que pour moi c'est fini, tu es cramé, juste cramé. J'étais venu pour te revoir, pour sentir cette émotion, retrouver ce gars que j'aimais, je n'ai eu que tristesse. Je voulais passer le relais, je n'ai eu qu'ennui. Je ne t'ai pas reconnu, j'ai tellement l'impression qu'on t'utilise ! C'est dommage. Allez Renaud, je te souhaite vraiment le meilleur, je te souhaite vraiment de t'en sortir, mais vraiment, moi je vais rester avec mes souvenirs et je vais te foutre la paix...

Photos : DR (Renaud), © David Desreumaux (Gauvain Sers)

> Réponse le 12 mars 2017, par michelle une vieille de 65 balais

[clermont ferrand - 09 mars 2017] Il fallait te barrer si t'as pas aimé... Moi aussi j'y étais, il m'a fait un bien fou mon Renaud ! Moi aussi j'ai pleuré, mais de bonheur ! Trop longtemps que j'en rêvais ! C'est lui qui m'aide à tenir le coup dans ma vie de m... , sans lui je peux même pas démarrer ma journée ! Alors je retourne voir Renaud au Printemps de Bourges pour faire le plein d'amour ! Moi je l'aime trop ! T'es surement trop jeune et pas assez dans la merde pour le juger... Moi, Renaud je le prends comme il est, c'est ma dope ! Tu verras, la vieillesse c'est une sacrée vacherie ! Mais moi j'ai mon Renaud...   Réagir

> Réponse le 14 mars 2017

Pourquoi ce journaliste s'inflige-t-il d aller au concert de Renaud ... pour en dire du mal ? C'est honteux, même la première partie n'a pas trouvé grâce à ses yeux ! Qu'il écrive des chansons et monte sur scène plutôt que de cracher son venin !   Réagir

> Réponse le 15 mars 2017, par Maud

[Clermont ferrand - 9mars ] Je crois que nous ne sommes pas tous allés au même concert... Renaud m'a personnellement fait de la peine. N'est ce pas le concert de trop ? Certes la mise en scène était top, les musiciens, parfaits, mais voir un Renaud extrêmement fatigué, peinant à marcher et n'arrivant même pas à articuler, non, non, ça ne le fait pas du tout ! Le business ne fait pas tout, soyons honnête quand même !   Réagir

> Réponse le 16 mars 2017, par jérome

https://www.youtube.com/watch?v=xwcWomip2l4&feature=youtu.be  Réagir

> Réponse le 24 août 2017, par pm

Moi jai pas envie de critiquer Renaud, on tire pas sur une ambulance et je l'ai tellement apprécîé dans le passé. C'est le dénommé gauvain sers qui me désole..Pour paraphraser deux de leur chanson respective je dirais que gauvin sers est a Renaud (jeune) ce que mme Thatcher est nadine morano ! no comment..  Réagir


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