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Entretien avec le Prince Miiaou à l'occasion de la sortie de son album Where Is The Queen ?

Entretien avec le Prince Miiaou à l'occasion de la sortie de son album Where Is The Queen ? en concert

Paris 4 mars 2014

Interview réalisée le 04 mars 2014 par Lebonair




Rencontre avec Maud-Elisa Mandeau, alias Le Prince Miiaou, à Paris dans le 17ème au resto A la Bonne Heure pour les questions à poser et au Parc Clichy Batignoles pour la session photo. C'est avec un plaisir non dissimulé que je retrouve "Le Prince Miiaou"n enfin Maud-Elisa plus exactement à l'heure du café, il est 14 heures. Il fait très beau ce jour avec ce grand soleil et c'est tant mieux. On se croirait au printemps. Alors tant qu'à faire, comme le temps est parfait, on va filer directement Lika, Maud-Elisa et moi au Parc pour les photos au lieu de rester à la terrasse du bistrot. On y reviendra plus tard pour les questions. Je m'attendais à retrouver une panthère... rose et non, finalement l'artiste arrive seulement avec quelques mèches de cheveux roses plutôt discrètes. On se fait la bise et le contact s'établit facilement. Normal en réalité tant Maud-Elisa est une femme simple, spontanée, sympa, directe, franche, fragile et forte à la fois. L'artiste est terriblement touchante et malgré sa timidité, au fil des minutes passées ensemble, montre qu'elle dispose également au fond d'elle, de beaucoup humour et de beaux sourires face à la vie. Après une belle séance photo à laquelle l'artiste se prendra au jeu dans une ambiance détendue, on retrouvera finalement le bistrot et la terrasse où je vais pouvoir commencer mon interview...



Lebonair: Bonjour Maud-Elisa , Je suis très heureux d'être là face à toi pour parler de ton nouvel album "Where is The Queen ?" le quatrième qui vient tout juste de sortir. Je t'avais quittée un soir après le dernier concert de ta dernière tournée, celle de ton précédent disque "Fill the Blank with Your Own Emptiness". Cela remonte au 7 mars 2012 à la Maroquinerie à Paris. Ce soir-là, je t'avoue, j'avais été touché et ému même comme rarement. C'est la raison pour laquelle je tenais tend à te rencontrer aujourd'hui. D'autant plus que j'aime vraiment beaucoup ton nouveau disque "Where is The Queen ?". Tu sais Maud, quand on aime la musique comme moi, mes moteurs sont l'envie de faire partager ce que je vois, ce que j'écoute à travers tous les concerts à laquelle j'assiste depuis de nombreuses années. Le summum de ce plaisir, tu sais ce que sait, c'est de dénicher des pépites, des artistes unique, touchants, talentueux et de les faire découvrir au plus grand nombre. Ce n'est pas si fréquent en fait, surtout en vieillissant où l'on devient plus exigeant et connaisseur, bref, on se laisse moins endormir qu'à 20 ans où l'on découvre tout. "Le Prince Miiaou" ton groupe, ton projet, fait partie de ces pépites-là que j'ai croisées sur mon chemin. Voilà, ma déclaration est faite. Je te lance ma première question. Maud-Elisa, Je t'avais trouvé fragile, entière lors de ce concert à la maroquinerie en mars 2012, comme si tu marchais sur un fil et que tu pouvais basculer à chaque instant dans le noir ou dans la lumière. J'ai rarement vu autant de sincérité sur scène, à la fois si forte et si fragile. Est-il vrai qu'après cette dernière tournée, tu aurais pu tout arrêter ?
Maud-Elisa aka le Prince Miiaou : Oui, c'est vrai. Tu sais, j'ai un peu de mal avec les représentations publiques, le succès même s'il est relatif dans mon cas, quand on sort un disque, qu'on part en tournée, on est hyper focalisé sur soi, c'est assez égocentrique comme truc. J'en avais vraiment marre des concerts, de pas y arriver, de ne pas être satisfaite. Je ne me sentais pas à la hauteur notamment à l'Olympia, des plans comme ça. Ce n'était pas tout à fait vrai mais moi, je le ressentais comme cela. Du coup, j'en avais marre de faire tous ces efforts et de ne pas prendre plaisir car j'étais trop exigeante. Je me suis dit, la musique, c'est trop dur, j'arrête. J'arrivais pas à composer, j'avais déjà galéré pour le 3ème album et quand je recommençais à composer, je n'y arrivais pas. Depuis que c'est un métier, je n'y arrive plus, je ne peux pas le faire. Voilà ce que je me disais. Soit j'arrêtais, soit je faisais une vraie pause en m'éloignant du projet, m'éloigner de facebook, de plus m'occuper de tout ça et puis voir ce qui se passe, si j'ai de nouveau envie. C'est vrai, à New-York, j'ai eu très vite envie. Je ne connaissais personne là-bas, et ceux que je connaissais travaillaient la journée alors moi, j'étais toute seule. Toutes les émotions que cela m'a procuré, partir seul, le manque, la nouveauté, c'est tout cela qui m'a redonné l'envie de refaire de la musique au moins. C'était déjà un bon début. De ce qui est de composer, porter un disque, en auto prod, ce n'est pas évident mais bon...



Lebonair: Donc, c'est cela les événements, New-York, les rencontres qui t'ont remis sur les rails ? Partir loin ?
Maud-Elisa: C'est surtout de partir, d'expérimenter plein d'émotions, plein de sensations. Tu sais, je vis à la campagne, en couple. Il n'y a pas vraiment de surprise donc de me retrouver dans cette ville, toute seule, ça à vraiment déclenché des choses. De l'émerveillement, de la peur aussi j'ai ressenti, de me sentir ni chez moi ici ni en France. Il m'a suffi juste de cela pour avoir envie d'écrire à nouveau, fallait qu'il se passe des choses.

Lebonair: Des nouvelles idées te sont venues ?
Maud-Elisa: Ben, ça après, je te laisse en juger sur disque. C'est toujours la même personne qui écrit donc je n'ai pas pris un énorme virage mais il y a une évolution, je trouve un peu...



Lebonair: Je te l'accorde aisément. J'ai écouté seulement 3 fois ton nouvel album "Where is The Queen" qui commence vraiment à me plaire... Pourquoi ce titre tout d'abord ?
Maud-Elisa : C'était le titre d'une chanson en français que je n'ai pas mise sur le disque et que j'avais composée à New-York. Après, j'avais poursuivi le dialogue dans ma tête une nuit, "Where Is The Queen?" et puis je me suis dit, je fais faire un dialogue, ça sera bien chiant à lire, bien chiant à écrire, personne n'arrivera à le prononcer etc...

Lebonair: Je le trouve plus compact, plus mature, moins torturé que le précédent, plus apaisé, le mal-être semble être parti peu à peu...
Maud-Elisa: Je me suis vraiment focalisée sur le fait que je ne voulais plus faire de chansons pathos, de réaliser quelque chose de plus neutre au niveau de l'émotion, qu'on ne sache pas si c'est joyeux ou triste tu vois. Des morceaux comme Happy Song For Empty People, Jfk, ce n'est pas hyper joyeux, c'est sûr mais ce n'est pas vraiment triste non plus. Turn me off (du précédent disque), elle est super joyeuse et, avant, j'étais toujours dans l'un ou dans l'autre d'une manière grossière je trouvais à mes yeux. J'ai essayé de faire quelque chose de plus neutre à ce niveau-là. J'espère que je ne perds pas l'émotion et ça, je ne sais pas.



Lebonair: Oui, elle est là, toujours mais on est moins sur le fil du rasoir et ce côté ado, fragile a disparu.
Maud-Elisa: Oui, c'est plus pesé.

Lebonair: J'ai moins flippé à l'écoute, c'est plus mature. Tu te sens mieux aujourd'hui ? Tu vis mieux dans ce monde à l'aube de tes 30 ans?
Maud-Elisa: Pas vraiment, je suis une personne comme cela, je fais partie plutôt de ces gens qui pleurent, plutôt que de ceux qui rient, le verre à moitié vide que plein mais ce n'est pas grave. Maintenant, je sais que je suis comme ça. C'est plus simple de faire avec quand tu arrêtes de lutter. J'ai des hauts et des bas et j'ai appris à vivre avec. C'est que maintenant, si je ne vais pas bien, je sais que ça ira mieux demain... Mais je crois que si j'allais vraiment bien, je ne ferais plus de musique en fait. Je ne l'ai jamais associé à quelque chose de joyeux, faire de la musique. Si je fais de la musique, c'est que je ne suis pas bien en fait. Donc, heureusement, d'un côté, que je ressens des trucs comme ça. Je suis quelqu'un qui réfléchis beaucoup et mal surtout. C'est compliqué... Comme pour plein de gens, la plupart même.

Lebonair: C'est vrai...(silence)



Lebonair: Tu avais une idée de ce que tu voulais faire pour ton 4ème album ?
Maud-Elisa : Peut-être, je ne sais plus mais j'ai vraiment travaillé en opposition au précédent disque. La plus grosse influence a été de ne pas refaire ce que je n'aimais pas du précédent., de gommer ce que je détestais. Après j'ai voulu faire du James Blake ou du Alt-J et je n'ai pas du tout réussi. Souvent quand je vise des influences, je tombe complètement à côté. C'est probablement ce qui fait ma musique, c'est qu'en essayant de ressembler à ces gens, je prends un élément, je le mélange à une autre influence et... Non, je n'avais pas vraiment de, enfin si, je voulais que cela plus moderne car j'avais un gros côté 90 sans le faire exprès. Je voulais que cela soit plus neutre dans les émotions. Qu'en j'entends parler des artistes qui peuvent expliquer des heures leur concept, enfin, moi, j'ai fait ce que j'ai pu. Je ne contrôle pas trop ça.




Lebonair: Tu t'es faite aider pour ce disque ? pour la prod ? l'écriture ?
Maud-Elisa: C'est ce qui est différent d'avant, c'est que d'habitude, personne ne touchait à rien. Là, j'ai demandé à Norbert Labrousse, mon batteur et compagnon, qui est un multi-instrumentiste et un bon arrangeur, de m'aider quand je n'arrivais pas à finir une chanson au lieu de la jeter comme avant. Là, je lui disais "J'aime bien ça et ça, mais là je n'arrive pas à finir la chanson, j'arrive pas à trouver un bon couplet instrumentalement parlant. Est-ce que tu peux m'aider à finir le truc ? Lui, il bossait de son côté et me ramenait quelque chose après. Notamment sur le dernier morceau de l'album Suddenly ou Beloved Knife, c'est lui qui a trouvé la guitare et la base des couplets, des choses comme ça, et là, c'était hyper nouveau pour moi. Je ne voulais que personne intervienne et là, j'étais plus ouverte à cela et en studio, par exemple, il y avait un coréalisateur qui n'a pas mis un gros coup de pied dans les morceaux car ils sont souvent trop aboutis qu'en j'arrive en studio. Les maquettes sont à 90% comme sur le disque. Il y avait pas vraiment de place pour lui mais c'était la première fois que je prenais un réalisateur qui m'a plus aider à garder des intentions. Il a essayé de moderniser mon son. Il a bien supervisé et mixer le disque. Mais voilà, en terme de réalisation, les maquettes sont déjà très abouties. En fait, j'aurai plus besoin d'aide quand je compose en vérité. Le temps que je trouve la bonne personne, le disque était déjà presque fait. Par exemple, quand j'ai fait 5 refrains sur un morceau et que je ne sais pas lequel choisir, là j'ai besoin d'aide. Qu'en je ne connais pas la direction, là, j'aurai besoin d'un réalisateur artistique. J'ai donc bossé un peu comme les précédents si ce n'est que j'ai un peu plus ouvert à la collaboration puisque Norbert est intervenu sur 3-4 morceaux quand même.



Lebonair: Si tu donnes une suite à tout cela dans le futur, tu te vois prendre une aide extérieure ?
Maud-Elisa: Justement, oui aujourd'hui, tiens je me dis, j'ai des amis qui ont des capacités pour la programmation rythmique et par exemple, comme sur l'album Amnesiac de Radiohead, ça m'intéresserait d'aller chercher des choses comme ça que je ne sais pas faire et rajouter des trucs par- dessus que je sais faire. Autant avant, cela me paraissait impossible, autant là, je m'imagine bien faire cela à l'avenir. Cela me permettrait d'avoir de la distance avec ma musique aussi. Que cela soit moins mon bébé à 100%, ce qui est très dur à défendre sur scène aussi car dans ce cas-là, ça me touche puissance mille. Alors que si je laisse intervenir d'autres gens, ça sera moins lourd à porter, j'aurai plus de recul et j'apprécierai davantage le résultat. Là, je pourrai le défendre et dire que c'est bien car tout ne viendrait pas que de moi. Il y a des plans sur lequel je ne suis pas hyper bonne, d'autres choses que je sais faire et donc compléter par des gens qui savent mieux faire cela, voilà l'idée, l'envie. Je crois que j'ai moins besoin de me prouver des choses. J'aimerai bien faire chanter des gens aussi. J'ai des idées de chant mais pas avec ma voix, avec des voix d'hommes par exemple.



Lebonair: Du genre des guests sur tes disques ?
Maud-Elisa: Non, non, plutôt faire chanter des gens sur mes chansons. Cela pourrait arriver. En duo aussi, sur des trucs que je ne sais pas faire. Par exemple, Christine and the Queens, qui a beaucoup de groove, je pourrais peut-être la faire intervenir car moi je ne sais pas faire cela et qu'au lieu de la copier, je préférerais qu'elle vienne le faire et je compléterais derrière. Enfin, je sais pas, je te dis ça là, ce sont des idées comme ça qui me viennent là.

Lebonair: Là, tu vas filer à Radio Néo alors pour finir, tu as repris contact avec ton public en fin d'année à la flèche d'Or à Paris. D'après les échos que j'ai eus, c'était vraiment bien. Tu as déjà joué par le passé à l'étranger ? Tu en as envie ? Cela se passe comment en dehors de nos frontières pour toi ? Est-ce très important ?
Maud-Elisa: C'est un peu le rêve ultime mais c'est très compliqué. Déjà en France, ce n'est pas simple non plus, jouer à l'international, c'est refaire un peu le même travail de développement. Oui, la Belgique, ça va, c'est à côté. La Suisse, c'est déjà fait et pour la Belgique, je n'ai jamais joué mais là, ça devrait se faire. Et bien sûr, il y a l'Angleterre, c'est très difficile les conditions, ça coûte beaucoup d'argent, c'est un peu des dates à l'arrache. Alors oui, une date en Angleterre, ça peut-être chouette mais bon, si le projet n'est pas développé, c'est surtout une date pour rien. Au tout début, je l'ai fait quand j'avais personne, pas d'entourage pro, c'était marrant. J'étais contente mais ça sert pas à grand-chose. J'ai plus 20 ans et je ne suis plus prête à dormir parterre. On a déjà joué en Colombie alors oui, tout ça, c'est chouette mais il faut bien réfléchir à comment on met en place tout cela avant de se lancer. Là-bas, je ne suis pas connu du tout, c'est jouer dans des bars, ce n'est pas forcément la meilleure configuration pour rendre au mieux ma musique. Je veux pas jouer en Angleterre à n'importe quel prix.



Lebonair: Plutôt faire une belle première partie d'un artiste connu ?
Maud-Elisa: Oui, voilà, c'est sûr. J'adorerais ça mais j'ai les pieds sur terre. C'est compliqué mais on travaille dessus notamment sur l'Allemagne, le Canada, là où on sent qu'un public pourrait être séduit et apprécier ce que je fais. Cela demande de l'énergie.

Lebonair: Nous allons avoir l'immense plaisir de venir te voir le jeudi 13 mars 2014 au Café de la Danse à Paris (près de Bastille). Tu vas amener quoi sur scène, sur cette nouvelle tournée qui débute...
Maud-Elisa: Déjà, il n'y aura pas de confettis, de déguisements.

Lebonair: Oh oui, je me rappelle, par le passé, tu portais parfois un gros masque de ski sur scène. J'aimais bien ce côté décalé.
Maud-Elisa: C'est ça, donc déjà, si j'arrive à faire un bon concert, ça serait déjà pas mal. Par contre, il y a un beau décor. On a fabriqué celui-ci qui est très chouette. Il reprend la pochette de l'album, avec de gros triangles sur scène qui cachent tous les amplis et moi, l'objectif sur cette nouvelle tournée, c'est que cela soit un petit peu moins...sur le fil, justement. Que je m'amuse un peu plus, que je sois un peu plus détendu. C'est cela que je dois acquérir et que cela soi plus fou. Faut que j'arrête de dire que je suis désolé, que c'est pourri, d'être négative sur scène, que le public à l'avenir ressente plus que je me fais plaisir. J'ai simplifié aussi ce que je joue par rapport à avant où je me compliquais souvent la tâche, histoire d'être plus à l'aise.



Lika posera la dernière question : Moins souffrir, c'est ça ton but ?
Maud-Elisa dit le Prince Miiaou: Oui et cela sera plus agréable pour le public...

Remerciements à Maud-Elisa évidemment, j'ai aimé notre rencontre, à Eva et à Lika Banshoya pour la très chouette session photo que tu as faite (www.lika-banshoya.com) avec cette perle qui mérite plus que tout d'être connu du plus grand nombre.

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