Chronique de Concert
Revolver Klub-Silver Gallery-Ashinoa
Revolver Klub, est un fait un " one man band " mené par un guitariste chevelu vêtu de noir, que l'on penserait sorti de Slayer ou Sepultura. Il utilise un looper pour envoyer différentes boucles de guitares et par dessus lesquelles il chante. Ca commence par un titre blues rock vaguement hendrixien. Ceux qui ne connaissent pas, dont je suis, sont un peu perplexes au départ : on ne sait pas trop à quoi s'attendre d'autant qu'il enchaîne ensuite avec un titre reggae, une reprise de la chanson la plus célèbre de Sugar Minott, Hard Time Pressure. Notre homme a l'art de passer d'un genre à un autre très différent de façon toute naturelle. On peut se demander quand même s'il va se mettre à jouer après ça du zouk ou du grindcore, eh bien non, ça sera carrément un boogie blues où il se met à chanter comme Tom Waits ! Mais tout ça tient plutôt bien la route, le concert se termine peu après par un morceau funk rock. La démarche de Revolver Klub est donc un peu déroutante et inattendue (ce qui est au final plutôt bien, d'ailleurs) mais on en ressort avec une bonne impression.
Place ensuite à Silver Gallery, quatuor constitué d'un guitariste, d'un bassiste, d'un batteur et d'un chanteur qui pratique un Doom Metal à tendance Stoner. Le son est d'emblée lourd et sombre. Les tee-shirts de Black Flag, et Melvins , que portent les musiciens révèlent aussi d'autres influences (mais qui restent toujours dans le " heavy "). La section rythmique vous cloue sur place, prête à vous entrainer dans les entrailles de la terre : le bassiste semble accordé au-dessous de la normale, il joue surtout en accord et utilise pas mal d'effets de distorsion ; le jeu du batteur, tout en ralenti, est presque tribal, il cogne autant sur les fûts que sur les cymbales.
Des déflagrations de guitare hurlantes partent dans les aigus tandis que le chanteur vocalise comme un possédé d'une voix presque death metal qui passe des aigus au growl. Tout ça prend bien aux tripes. Leur musique ferait la parfaite bande originale d'un film de science fiction horrifique : on s'imagine bien sur une planète hostile, marchant péniblement sur un sol bourbeux avec des créatures hurlantes survolant au-dessus de nos têtes, prêtes à attaquer à tous moments (surtout quand le quatuor accélère le tempo). Bref, malgré un genre plutôt codifié, Silver Gallery est un groupe avec une vraie personnalité.
On va changer radicalement d'ambiance et se laisser porter vers la stratosphère avec Ashinoa, quartet lyonnais qui donne dans le krautrock spatial dans la pure tendance " motorik ". En effet, ces gens semblent décliner et exploiter les possibilités offertes par le Mother Sky de Can ou les longues plages de Neu! comme Hallogallo. Leur musique laisse une grande place aux claviers analogiques, dont les longues nappes évoquent celles que l'on peut entendre chez Tangerine Dream mais il y a toujours cette pulsation rythmique lancinante qui ne retombe jamais, typique de leurs glorieux modèles cités plus haut. Le guitariste joue plutôt en arpèges et chante d'une voix lointaine sur quelques titres. Le son est clair et aérien. Leur musique est du coup très cinématographique d'autant que des films abstraits aux images colorées sont projetés au fond de la scène. Les titres des morceaux sont en plus très évocateurs, comme Hollandia ou l'excellent Alaska Highway, qui démarre doucement pour ensuite ne plus vous lâcher pendant plus de dix minutes avec son beat métronomique et une boucle de guitare totalement hypnotique.
Les titres sont plutôt longs, dans la grande tradition de la " kosmische muzik " allemande, les rythmes s'accélèrent parfois et la guitare sonne plus " acid rock " avec l'utilisation de la wah wah. Et ça se termine en beauté sur un titre kraut presque funk au groove d'enfer. Très bon set, donc, que celui d'Ashinoa qui a été à la hauteur des excellents enregistrements que l'on peut écouter sur leur Bandcamp. Et on peut dire aussi que les concerts organisés par Pied de Biche garantissent toujours de bonnes surprises et de bonnes sensations auditives comme ça a été le cas ce soir.
Critique écrite le 22 juin 2017 par Phil2guy
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