Chronique de Concert
RFM Party 80 (Emile et Images, Lio, Jean Pierre Mader...)
Car c'est bien ça, Gandalf, dont tu nous parles : où étaient les caméras ? Hein ? Dans ton gigantesque show-télé à bas prix de revient et au fort prix d'entrée (parce que les "revival" en Live, c'est pour les riches : les pauvres n'ont qu'à regarder TF1...), où l'on mouline des artistes à la recherche de cachets dans une usine à hamburgersd-tubes format géant, d'habitude, y'a toujours une vingtaine de cameramen "permittents" qui cherchent le gros plan minijupe ou décoletté, avant de zoomer sur la transe karaokienne d'un trentenaire "qui s'éclate"... Et bien, cette fois, la caméra, c'est toi !
Oh, bien sûr, tout le monde a droit à "du pain et des jeux" ! Vaut mieux débiliser sur Rose Laurens que regarder des gars crucifiés se faire dévorer par des lions, hein, après tout... Mais enfin, si c'est bien de MUSIQUE et de CULTURE dont tu es en train de parler, oui, les années 80 ont été "spéciales" : il en est sorti, des truc incroyables dans les années 80 : Les peintres Keith Haring et Jean-Michel Basquiat vont être révélés au monde de l'art par Andy Warhol. Le hip hop va sortir des ghettos. La techno va égalemet sortir des "warehouse" de Détroit. La froideur de l'époque et le manque d'espoir vont contribuer à l'avènement du gothique. Au niveau des stars, si le rock bat de l'aile de nombreux petits groupes vont bouder les grandes maisons de disques qui imposent le vrai premier formatage commercial, et signer des contrats avec des labels indépendants en donnant naissance à "l'indie-rock". Voilà ce qui est vraiment à dire sur ces années là : ne te trompes pas, Gandalf : les années 80 dont tu parles c'est celles de l'Opium télévisuel, de la merde pré-digérée et de l'auto-satisfaction par la production d'endomorphines calibrées. Tu fais malgré toi l'éloge de ce qui sera resté comme le plus grand mensonge de l'histoire de la culture : là où émergent quatre des plus grands courants musicaux qui font aujourd'hui le socle de la musique de notre époque, (et comme par hasard, quatre mouvements désespérés, hautements contestataires parce que tristement anticipatoire de la décadence de notre humanisme et de notre curiosité, de notre sens critique...)on ne cherche qu'à nous faire retenir du Reaganisme et du Thatcherisme une vision amphétaminée du bonheur sous plastique, auréolé de bétise et de cynisme, aussi riche et excitante qu'un plat "light" sous vide pour célibataire ayant découvert la possibilité légale du divorce.
Tu t'es trompé, Gandalf : tes années 80 n'existent pas. Les fantômes d'une production discographique sans avenir ont beau défiler devant tes yeux hypnotisés, ils sont tous vides, creux et fatigués. Pendant ce temps, la musique électronique, le goth, le hip-hop et l'indie rock continuent de crier la dérive de la planète... Capitaine abandonné ? Non, c'est le navire que tu abandonnes, Gandalf. Réveille-toi : éteins ta télé.
Critique écrite le 08 octobre 2007 par Kouros
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