Chronique de Concert
Les Rita Mitsouko & L'Orchestre Lamoureux
Théâtre des Champs Elysées, Paris 20 janvier 2002
Critique écrite le 21 janvier 2002 par François Guibert
D'abord, question public, je pense qu'il y avait plus d'habitués de concerts de musique classique ou alors de concerts de variétés parce qu'il y avait beaucoup de 30 à 45 ans un peu rangés (et même des couples un peu chics quinquagénaires sans doute habitués aux concerts classiques du théâtre des Champs Elysées). Il y avait aussi (mais moins quand même) des jeunes 25/35 ans plus rock et aussi des filles trentenaires. Alors sinon le concert a commencé super tôt (20h10) pour finir vers 22h, soit une heure quarante de "création" (pour employer un terme utilisé dans le registre du classique et du contemporain). Moi j'étais au 2e balcon en partant du bas, je voyais parfaitement la scène. C'était une soirée sympa, agréable et décontracté.
D'abord, l'Orchestre Lamoureux – dirigé par Bruno Fontaine, un type balèse dans le classique avec plein de diplômes musicaux, un CV rempli à ras-bord et qui a aussi fait le clavier sur le meilleur Bercy de Johnny (1987) – a démarré par le thème de "Psychose" (notamment la fameuse scène de la baignoire où la femme se fait assassiner). Puis Catherine débarque et entame avec l'orchestre en acoustique "un morceau de Verlaine mis en musique par Léo Ferré" (je ne sais pas le titre). C'est assez émouvant de voir la puissance qu'elle dégage devant une grande salle comme ça, en acoustique. Puis arrivent Fred (sapé en veste noir, les cheveux plaqués, un look entre italien mafioso et réfugié de l'Est) à la guitare et deux musiciens qui jouaient sur leur tournée de l'an 2000 : le bassiste Marco (en jean et baskets) et le batteur. Ils interprètent avec l'orchestre "Les guerriers", "Grip shit rider in Paris" et "Tonite". L'ensemble (groupe + orchestre) est super cohérent, les violons s'intègrent parfaitement dans les arrangements). Pour "Andy", c'était le top, en lieu et places des cuivres, on avait les violons endiablés, avec le rythme funky. Comme disent les jeunes : "Ça le faisait grave !" Ils ont joué aussi une nouvelle compo, "Les tritons" et, juste avant le rappel, "La sorcière et l'inquisiteur". Parmi tout ça, ils ont repris aussi un titre de Neil Young, "A man needs a maid" (je ne sais pas le titre exact), "Le velours des vierges" de Serge Gainsbourg (arrangements à la "Melody Nelson") et "La fille qui venait du froid" de je ne sais pas qui. Au rappel, ils ont repris une chanson de Trenet puis ont à nouveau joué "Les tritons" et "Les guerriers". Deux fois dans le spectacle, l'orchestre a joué sans Catherine et Fred deux morceaux contemporains ("Cantus in memory of Benjamin Britten" de Arvo Pärt et "Mad rush" de Philip Glass - j'ai le tract sous les yeux en ce qui concerne ces deux titres). C'était un beau spectacle, bien conçu, que j'ai vraiment apprécié même si, contrairement à n'importe quel autre concert dans une salle rock, je n'ai pas eu une seule goutte de transpiration (comme tous les autres spectateurs - on est au Théâtre des Champs Elysées, salle de concerts classiques, rappelons-le). Le public était enthousiaste même si forcément la configuration de la salle elle-même n'encourage guère à se laisser aller comme dans un concert de rock vu qu'on est tous assis. Moi, ce qui m'a le plus plu, c'est "Andy" (et le mélange rythmes funk & violons), "La sorcière et l'inquisiteur" et le plaisir de revoir sur scène Catherine Ringer en train de chanter live, avec puissance, énergie, émotion et une vraie personnalité.
Je trouve que c'est quand même la seule chanteuse en France qui ait une vraie personnalité, qui soit rock dans son chant et son attitude, et qu'au moins, avec elle, quand elle chante, on ne s'endort pas, contrairement aux hurleuses des 20h30 (Ségara, Fabian, Dion, Zenatti et toutes les autres)
N.B. : Par contre, hier, je me suis rendu compte que l'hiver, ça doit être l'horreur pour les concerts classiques : quand il y avait des moments hyper calmes où l'on n'entendait plus que trois violons, un piano solo, ce genre de choses, toutes les dix secondes (sans exagérer) un peu partout dans la salle, il y avait toujours quelqu'un pour tousser et tout le monde (y compris sur scène) pouvait les entendre. Je pense que ça doit vraiment énerver les musiciens sur scène qui sont dans leur trip de jouer super bien et qui alors qu'ils sont en plein élan entendent : "TOUHOU !!" (traduction très approximative et phonétique de quelqu'un qui tousse)
N.B. 2 : Ils rejouent le 27/01 dans cette même salle pour ceux que ça intéressent. Il y a encore des places normalement.
Critique écrite le 21 janvier 2002 par François Guibert
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