Chronique de Concert
RJD2
J'avais visé la date depuis un petit moment, poussé par la curiosité que suscitait en moi le live à venir de RJD2. Je n'avais jamais plongé dans la discographie pléthorique de l'artiste qui compte pas moins de 11 albums mais il faut dire que chacune de ses compos que j'avais pu entendre m'avait toujours convaincu. Je venais les dernières semaines de m'enchainer une salve de concerts et de voyages pas forcément prévus à l'époque et du coup, je me retrouvais un peu perdu dans mon agenda des concerts. Ce matin là, je me disais que le programme de la semaine à venir était calme, trop calme...Je me mettais donc en chasse de renseignements sur les dates savoureuses de la semaine et c'est donc là que RJD2 se rappelle à mon bon souvenir.
La fréquentation des salles parisiennes étant ce qu'elle est et c'est tant mieux, il n'était pas évidemment que je trouve des places à 48h à peine de l'échéance...surtout sans carte bleue mais ça c'est une autre histoire ! Bref, demande d'invitation, proposition à un ami que ça peut intéresser, je lance différentes pistes dans l'espoir d'aboutir mais je dois l'avouer, sans trop de conviction . Il se trouve finalement pour la petite histoire que mon ami hallucinamment réactif achète spontanément les places dans les trois heures qui suivent, juste un peu avant que j'obtienne finalement une invitation !
Le Trabendo, encore une salle à découvrir, après La Cigale et le New Morning la semaine dernière pour des concerts dont je n'ai malheureusement pas eu le courage et le temps de rédiger les chroniques. Le retard s'accumule...
Acte II:Enter The Trabendo
Mais bref, rentrons dans le vif du sujet, la musique et la salle ! Brilliante iniative pour se délecter d'une soirée sans être achevé pour la journée du lendemain, ça commence à 19h30 et finira donc un peu avant 23h. Mais un jour férié, éliminé le speed du boulot et il devient difficile d'être ponctuel ce qui me fera malheureusement manquer la première partie dont j'ignore toujours jusqu'au nom aujourd'hui.
En tous cas, en pénétrant dans la salle à peine après 20h, un dj est encore en piste et envoie des sons du meilleur effet qui donnent déjà envie de remuer agréablement. Je fais alors le tour de la salle en allant me chercher un verre. Son propre, architecture sympathique et originale en entonnoir, on peut déjà avoir un coup d'oeil sur l'installation de l'homme de la soirée pour répondre à la question de la formation.
Pas de musicien au programme en soutien, c'est seul qu'il affrontera la foule derrière une rangée de six platines si je ne m'abuse, une MPC placée dans le coin gauche de son installation et un Mac relié à une surface de contrôle à l'autre extrémité.
J'ai toujours une petite appréhension sur les prestations de ce genre qui ne sont ni tout à fait dj pour nous faire danser, ni concert à observer. Certainement la peur que le gars ne fasse qu'envoyer des séquences en criant "Put your hands up" en gesticulant derrières des platines qu'il touche à peine. Je reste donc curieux, les oreilles prêtes et les jambes un peu engourdies. On verra bien !
Acte III:Ecoutez, il n'y a rien à voir
Jean, Tshirt, tenu confortable, RJD2 fait dans la sobriété, pas dans le bling-bling. Il rentre de la plus simple des manières saisissant un micro posé là sur ses platines en saluant le public pour le remercier d'être venu si nombreux et espérer que celui-ci passera un agréable moment.
Trève de discussions, c'est parti !Une entrée en matière en douceur. Un sample de musique classique bien bucheronné, un beat groovy à souhait qui décolle et le voici se déplaçant d'un jeu de platines à l'autre, de la MPC au Mac qui abritait surement le séquenceur. Il se déplace tel un savant fou dans son laboratoire, minutieux mais d'un pas vif et alerte sans fanfreluche à destination du public à tel point qu'on n'insiste plus vraiment pour le voir en plein effet sur scène ce qui finit par nous faire concentrer sur l'essentiel : la musique.
Car le point faible de la salle est là, où que vous soyez, à part vraiment au premier rang, il est très dur d'avoir une vue dégagée sur l'artiste. On le devine, on le voit s'agiter jusqu'aux épaules mais de là à donner un aspect visuel au show...il y a un pas. J'ai bien trouvé un coin, latéralement à la scène où j'avais vue imprenable sur ses machines.
Mais là sur le coup, dur de bouger tant ce spot se retrouvait dans un étroit couloir engorgé qui menait droit au bar. Bref...au niveau visuel, il y avait bien cet écran avec le Vj qui jouait bien en rythme avec RDJ2, images de Matrix et autres à l'appui mais ça n'apportait pas une intéractivité capitale avec la musique ; juste un accompagnement, de bon goût mais loin de remplir les attentes visuelles qu'on peut avoir d'un live.
Vous direz que je fais la fine bouche, encore ? Pas du tout ! Il faut bien aussi parler des quelques aspects négatifs et comme je vous ai dit, j'ai vite oublié cela pour me concentrer sur la musique !
Acte IV:Le génie sans paillettes
Cette homme a un véritable don pour mélanger n'importe quels sons . Tout est d'une fluidité exceptionnelle, il nous donne envie de convulser frénétiquement à chaque nouveau rythme qu'il envoie depuis un vinyl ou à chaque mélodie qui arrive de manière aussi impromptue que magnifique.
Il scratchouille par ci, va percuter les pads de sa MPC, par là pour nous jouer des beats ou quelques envolées jazzy. Ses interventions sont placées de façon chirurgicale et avec un rythme d'horloger suisse. Impossible de s'ennuyer un seul instant, avec RJD2, la matière sonore est vivante et évolue sans cesse.
Le public se chauffe doucement malgré une petite incompréhension avec un scratch qui fait l'effort d'être en français mais n'attends pas son but "C'est chaud ?". Ceci n'est pas grave, il aura droit à une première ovation de qualité quelques secondes après pour une des rares fois où le son est interrompu. Je veux bien que le garçon ait une organisation exceptionnelle mais il faut bien charger de nouveaux programmes dans les machines de temps en temps !
Sur ces quelques petits interludes, quelques mots pas plus, avec un naturel qui fait plaisir à voir. Là pour nous vendre un album le monsieur ? Pas vraiment ! Ses premiers mots furent pour les French meals, les meilleurs du monde selon lui. C'est assez marrant de voir un gars vous parler de cuisine trente secondes après vous avoir mis une première giffle déjà assez appuyée ! Sur un deuxième, il parlera de ses collaborations pour introduire une nouvelle série en chambrant un peu au passage son ami rappeur qui est bien meilleur chanteur que rappeur.
On passe de sons funky à d'autres plus hardcore avec un spectre d'influences des plus larges passant sans heurt de la Soul au Rock mais où qu'il aille ses sons mettent d'accord et gardent toujours ce groove qui vous pousse irrésistiblement à danser.
C'est quand on croit que tout est millémétré et assimilé depuis de nombreux mois que RDJ2 nous met sa petite touche d'actu qui nous ramène à une bien triste nouvelle, la mort de Guru... qui aura son hommage avec l'utilisation de deux accapellas dont le classique "Just to get a Rep".
Quand le public usant de cris assez timides le long du show se transforme en hurleur fou à la fin de ce qui est annoncé comme le dernier morceau, on comprend alors à quel point RJD2 a réussi son pari. L'ambiance ne désemplira plus jusqu'à la fin du live et passera même encore un palier pour le deuxième rappel.
C'est dans les derniers instants, pendant qu'il remercie le public qui lui a chaudement rendu hommage que RJD2 se met en mode "promo" mais avec le même naturel qu'affiché pendant le show ! Il traverse la salle, se place derrière son stand et finit par jouer lui-même les vendeurs.
Cet ultime action fût un symbôle, à l'image de la performance. RJD2 nous rappelle que le talent et la musique pourront toujours mettre un public entier d'accord même quand ils se présentent dans son écrin le plus sobre !
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Critique écrite le 16 mai 2010 par Pmjournalist
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