Chronique de Concert
Robby Krieger & Ray Manzarek of The Doors
Ce fut un grand moment.
2011, le 3 juillet, le Bataclan recevait Robby Krieger et Ray Manzarek pour commémorer le 40 ème anniversaire de la mort de Jim Morrison à Paris. Vu le souvenir laissé par le concert du Zénith de 2003, c'est hyper motivé que j'avais pris mes billets pour ce concert du Bataclan. Hélas, si le concert du Zénith avait été un voyage dans le temps inoubliable, le concert du Bataclan a d'avantage relevé de la réunion commémorative d'anciens combattants.
Pourtant tout avait bien commencé. La salle était complète, le public était chauffé à blanc. L'entrée sur scène sur Carmina Burana avait porté le public en ébullition. L'attaque du set par un Road house blues d'anthologie avec des solos de guitare incandescents et les refrains repris avec ferveur par le public nous faisait littéralement décoller. L'enchainement avec une version agressive et inspirée de Break on Through nous laissait augurer d'une prestation d'anthologie.
Malheureusement après ce départ de folie, la tension ne cessa de décroitre et l'impression d'assister à un concert des Doors se mua progressivement à celle d'un concert d'un obscur Tribute band.
La raison principale réside principalement dans la prestation du chanteur Dave Brock. N'est pas Jim Morisson ou Ian Atsbury qui veut !!! Dave Brock est le chanteur des Wild Child, un tribute band des Doors qui se produit depuis plus de 20 ans. Ce devait donc être un sommet pour lui de se produire avec deux des trois membres survivants des Doors Cependant, même si sa voix est très proche de celle de Morrison, elle relève d'avantage de l'imitation et du mimétisme et finit par manquer de relief et d'envergure. On est loin de la performance de Ian Atsbury qui tout en leurs restants fidèles, s'était approprié les chansons et leur avait donné du relief et de la personnalité. De plus contrairement à Atsbury et Morrison, Dave Brock est totalement dénué de charisme, d'agressivité et d'énergie.
Plus le concert avançait, plus les versions des chansons étaient poussives, un ou deux tempo en dessous de ce qu'elles auraient du être. Chanter La Woman, Strange Days ou Five To One sans qu'un sentiment d'urgence ne transpire n'est pas bon signe. D'autant que la rythmique, si aiguisée lors des concerts avec Atsbury, a semblé contaminé par la mollesse de Dave Brock, au point de paraitre un peu "plan plan" et de ne jamais porter les chansons jusqu'à leur paroxysme. Je ne peux pas ne pas évoquer le sinistre solo de basse slapé que l'on nous a infligé lors de Light My fire, qui est à mon sens une faute de gout notoire.
De leur coté Krieger et Manzarek étaient motivés et bons même s'ils ne semblaient pas aussi rodés que lors du concert du Zenith. Le poids des années semble se faire sentir même si leur générosité est bien palpable. On ne joue pas deux heures et demie sans en avoir envie et en y prenant du plaisir. La set list était bonne puisqu'on a eu droit pendant près de deux heures et demie à l'intégralité de l'album LA woman, et à des classiques comme Peace frog, When the music ‘s over, Love me two times, Light my fire...
Au final, le concert était décevant comparé à celui du Zénith et à ce que j'en attendais car je n'y ai vraiment cru que pendant les deux premières chansons. Le reste du concert relevait de la nostalgie plus que de l'urgence du Rock
Critique écrite le 06 juillet 2011 par lol
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