Chronique de Concert
Roberta Gambarini
Je pars à la découverte de Roberta Gambarini, chanteuse italienne, originaire de Turin et américaine d'adoption (pays qui lui a donné ses lettres de noblesses tant au niveau de la formation que de ses nombreuses prestations scéniques).
Je découvre ce théâtre, à l'acoustique remarquable, qui hélas n'est pas du tout rempli en ce mercredi soir pour recevoir cette incontestable Lady internationale du Jazz (avec à son actif, rien de moins que le Blue Note de New-York ou le Jazz Showcase de Chicago).
Elle est entourée de trois musiciens d'exception (dont Thomas Bramerie à la contrebasse) et fait son entrée dans une robe fuchsia hyper sexy. Nous avons droit à un premier morceau à capella. Et c'est un véritable plaisir ... Une magnifique voix de jazz qui monte de la scène, d'une pureté et d'une douceur fantastique.
Ensuite, nous avons droit à Day Out Day In, qu'elle commence seule, juste accompagnée par les drums. Puis, le contrebassiste et le pianiste les rejoignent et moi je suis immédiatement à Broadway !! On a même droit un un petit solo du pianiste, qui à une allure improbable : super costume, petite écharpe classe et ..... dreadlocks ;)
Vont suivre les standards des plus grands compositeurs de Jazz : Dizzy Gillespie (artiste cher à son coeur, en hommage à la belle collection de disques de son père), Gerswhin, Duke Ellington ...
Sa voix est un véritablement enchantement. Elle nous offre une palette pleine de nuances et joue avec la musique, à coup d'impros façon scat.
Elle nous interprète également une très belle version de No More Blues, parcourant la scène avec de petits pas de samba.
Elle va également chanter un magnifique morceau à capella, Poor Butterfly, inspiré de l'opéra de Puccini.
Puis, encore un très beau moment d'émotion lors de son interprétation de Porgy, lumières en clair obscure. tantôt assise sur son tabouret haut, tantôt debout ...
Elle vit cette musique avec toute ses tripes et en frissonne de plaisir. Cette voix si pure, qui se teinte de rauque parfois, nous donne du jazz comme on l'aime, comme tout le monde l'aime (connaisseur ou pas). C'est là que réside son incomparable talent : rendre tout cela excessivement accessible, tout en étant incroyablement technique. L'art de la simplicité, tout simplement. Le seul petit bémol (à mon avis) c'est peut-être le manque d'échange entre les musiciens. Ce sont tous de grandes pointures du jazz, l'ensemble est musicalement parfait, mais cela manque un peu de chaleur (comme souvent dans ce type de formation, faite de grands noms qui travaillent chacun de leur côté, ou bien avec beaucoup d'autres artistes).
Ceci étant, le plaisir de l'écoute reste le même.
Duke Ellington va succéder à Gerswhin. Petit moment de rire lorsqu'elle tente désespérément à aider son contrebassiste à déplier sa partition. Elle joue encore et toujours avec sa voix, avec la musique, avec les temps et les contres temps.
Nous avons même droit à un hommage à Bruno Martino (fantastique pianiste italien) avec Estate : juste une pure merveille. Elle va prendre le micro dans le creux de sa main et nous faire une impro "à la trompette". C'est génial de la voir partir ainsi dans une prestation vocale aussi surprenante. Le public est ravi et applaudi avec bonheur pendant le "petit pont".
Tout est chanté avec beaucoup d'entrain, mêlé à l'émotion. On est dans la cour des grands. Le récital est extrêmement bien rythmé et équilibré. Juste comme il faut. Les musiciens ont en permanence les yeux rivés sur elle et la suivent à la note près dans toute la subtilité de ses interprétations. C'est vraiment impressionnant.
Elle fait varier la Setlist au fil de ses envies et donne ses indications aux musiciens au fur et à mesure. On partage ces moments de musique avec eux, comme pour un concert en privé.
Elle va finir sur la musique d'Ennio Morricone pour le film Cinéma Paradiso. Un petit bijoux. Sur le final, chacun des musiciens va nous offrir son solo de présentation et cela va finir sur les chapeaux de roues.
Elle reviendra pour un rappel tout aussi savoureux que le reste du concert avec une superbe interprétation de The "A" Train qui termine de conquérir le public.
Une très belle soirée de jazz, avec une grande artiste qui saura faire aimer le jazz même aux plus réfractaire à ce style de musique !!
Critique écrite le 01 décembre 2010 par Ysabel
Envoyer un message à Ysabel
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Ysabel
Auditorium Jean Moulin - Le Thor : les dernières chroniques concerts
Cali par Lionel Degiovanni
Auditorium, le Thor, le 19/10/2018
Ce soir, je vais revoir un artiste français, qui, par les temps qui courent, aurait de quoi dire par rapport aux accents (cf l'affaire Mélenchon ! Ah, ces politiques, ils nous font... La suite
Elliott Murphy par Jacques 2 Chabannes
Salle Jean Moulin Le Thor, le 14/11/2015
Après le Déluge...
(It Takes A Worried Man !)
Ce samedi 14 novembre 2015, deux heures durant, Elliott Murphy (accompagné des "mythiques" Normandy All Stars) aura su éloigner,... La suite
Bill Deraime par Pirlouiiiit
Auditorium Jean Moulin - Le Thor, le 28/01/2012
En général je choisis ce que j'écoute (et ce que je vais voir) en suivant des critères avant tout géographique. Pourquoi aller loin (ce qui implique en général l'utilisation... La suite