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Chronique de Concert

Rodolphe Burger

Rodolphe Burger en concert

Théâtre Comoedia - Aubagne 26 janvier 2018

Critique écrite le par

Grande première ce vendredi 26 janvier ! Je vais enfin découvrir Rodolphe Burger en concert, comme le Théâtre Comoedia à Aubagne, cette petite salle qui l'accueille.
Avec une jauge à 500 personnes, ce théâtre à l'italienne (qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de La Madeleine à Paris m'explique t'on) n'est pas si petit que ça, mais ce soir le balcon n'est pas ouvert et ce sont donc près de 300 personnes qui se pressent pour découvrir le fondateur de Kat Onoma présenter son 4è opus solo, l'album "Good" sorti il y a presque un an maintenant.
Un problème informatique avec la billeterie me fait d'abord craindre une panique sans nom... mais je découvre au contraire la qualité et la chaleur de l'accueil de l'équipe de ce théâtre à l'ancienne, dans une ambiance décontractée, familiale et intimiste qui laisse augurer ce que sera cette soirée. Pas de panique donc, tout le monde rentre et s'installe tranquillement. Je trouve une place au premier rang, à droite de la scène, tandis que le photographe se place à gauche. Il finira par bouger et même accéder au balcon : un accueil hors pair on vous dit !
Rodolphe Burger entre en scène peu après 20h30, dans la pénombre d'une lumière bleue tamisée. Lui, au centre, assis sur un tabouret, deux verres ballon posés sur une petite table.


A sa droite, Sarah Murcia, à la contrebasse, aux claviers et au chant sur plusieurs morceaux. Face à elle, ce n'est pas Cristophe Calpini, avec qui a été co-réalisé Good et qui était avec Burger sur quelques dates, qui accompagne ce soir le duo à la batterie et aux effets, mais Hervé... me semble t'il (ma mémoire flanche, impossible de retrouver son nom, malgré la présentation qu'en a fait Rodolphe Burger pourtant :( ).


Même assis, le bonhomme est imposant. La salle est silencieuse, presque intimidée, et accueille religieusement les premiers morceaux de Good. "Good", "Happy Hour", Cummings" et "Poème en or", qui ouvrent dans le même ordre l'album, sont ici joués. L'ambiance est tout de suite posée. L'accompagnement à la contrebasse s'accorde merveilleusement avec sa voix grave et chaude (en fermant les yeux on croirait parfois entendre Lou Reed). Je pense immédiatement à la ballade de Bonnie & Clyde. Et en allant faire plus tard un tour sur le site du label, je trouve une description de Good qui explique en grande partie cette impression ("Il n'y a pas de grands gestes, il n'y a pas de grands cris. Seules les crépitations d'un 78 tours. Ils se souviennent de Dean Martin, dans "Rio Bravo". My Pony, My Rifle and Me. Un western de Suisse et d'Alsace, l'ultime road trip des périphéries.").


Rodolphe Burger chante en français, en anglais, en allemand ou en espagnol et c'est toujours touchant. Des histoires qui arrachent un sourire comme "Samuel Hall", tirée de l'album de Bashung Fantaisie Militaire, des vers de T.S. Eliot sur "Waste Land". Ces références, la magie des mots qu'il tord et manipule comme les notes de sa (ses) guitare(s), Rodolphe Burger les assume complètement, dédicaçant le concert de ce soir à Paul Otchakovsky-Laurens, récemment décédé.
Alors bien sûr, il s'agit de promouvoir le dernier album, dont tous les morceaux seront joués (sauf "Lenz" et "Rien ni personne"), mais la machine à remonter le temps est lancée. "Moonshiner" (de l'album Meteor Show), "Unlimited" (sur Guitar Music), "Family Dingo", "No poem", "John & Mary" de Kat Onoma et même "Eisbaer" (joué avec Grauzone) sont de la partie, pour le plus grand bonheur des fans et connaisseurs présents ce soir.
Blues, rock, électrifiée ou pas, la guitare semble être le prolongement de son corps, véritable métier à tisser capable de sortir des notes à la douceur délicate comme des éclats de verre brisé.
Dès le début du concert je suis rentré dans cet univers pénétrant, ce rythme qui s'infiltre et me transporte.
Quels frissons sur "John & Mary"... la voix de Sarah Murcia, véritablement habitée sur sa contrebasse n'y est pas étrangère.


Rodolphe Burger n'a toujours pas échangé plus de quelques mots avec la salle, lorsque se levant, il remarque ironiquement que pour nous qui sommes assis, c'est plus confortable ! Ah mais si on est autorisé, fallait le dire ! La salle se lève comme une seule femme et l'ambiance monte encore d'un cran. Beaucoup, autour de moi dansent.


Bientôt la fin. Et deux morceaux en rappel, dont un "Radioactivity" du plus bel effet. C'est à ce moment, après preque deux heures de concert, que je m'aperçois à quel point l'acoustique de ce théâtre nous a donné la chance de plonger dans une atmosphère tout à la fois poétique et âpre. De l'art à l'état instinctif.


Chronique écrite à deux mains par Claire-Armance et Laurent Bruguerolle
Photos : Laurent Bruguerolle

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