Chronique de Concert
Rodrigo y Gabriela
Avant de parler davantage du concert, retour sur les trottoirs enneigés du Boulevard Rochechouart en ce 1er décembre, je suis à 200 mètres de l'Elysée Montmartre où se déroule un concert des fameux Black Rebel Motorcycle Club déjà vus à Clermont-Ferrand à la Coopérative de Mai et à Rock En Seine cette année.
Pierre a choisi de replonger ce soir là dans sa drogue préférée, pendant que j'avais opté pour une des plus grandes sensations du moment avec les Mexicains Rodrigo Y Gabriela. Un beau succès ici en France et un amour grandissant du public au fil des mois, j'en veux pour preuve ce concert donné le 19 novembre dernier au Zénith de Paris dans une salle archi-pleine, lire par ailleurs le compte-rendu de July dans nos pages concerts.
Un petit mot sur le Trianon, ce lieu mythique datant de la fin du XIXème siècle, qui rouvrait ce soir ses portes après plusieurs mois de travaux suite au rachat. Une nouvelle équipe, une nouvelle programmation voient le jour. Par avance, je peux d'ores et déjà dire que cette magnifique salle va compter à nouveau dans le paysage des concerts sur Paris. Assurément une excellente nouvelle car le Trianon méritait largement d'être repris, d'être rénové, réactualisé car Paris à besoin de lieux comme celui là, riche de son passé, avec une histoire, un vécu. Allez y faire un tour, surveillez la programmation, vous ne serez pas déçu, une âme forte à l'image de l'Elysée Montmartre.
Rodrigo y Gabriela repasse donc pour la seconde fois à Paris en moins de 15 jours après un Zénith blindé plusieurs semaines avant le jour J et ce soir, on affiche encore complet pour cette date programmée vite fait, bien fait en octobre dernier. Bonne idée car le Trianon est forcément une salle plus adaptée pour apprécier à sa juste valeur la prestation des Mexicains, enfin plutôt leurs performances, car oui, on va pouvoir parler aussi de performance.
Dès la montée des escaliers on se croirait dans un musée et quand on entre dans la salle, directement dans la fosse : wouah, que de monde ! C'est sûr que pour être correctement placé et donc bien voir, il fallait arriver plus tôt que 20h40, je vous le dis.
J'aperçois deux balcons qui ne sont pas autant avancés qu'à l'Olympia mais plutôt comme une Cigale. Niveau capacité, on doit approcher des 1500 places.
Le duo gagnant arrive sur la scène dès 20h50 et jouera pendant 1h40 au total.
Si j'étais guitariste, ce qui n'est pas le cas, je parlerais technique aux puristes, mais là, je vais juste détailler un peu mais avec mes mots à moi ce que j'ai vu et entendu.
C'est super rythmé, carré et rempli de finesse. Les deux sont extrêmement complémentaires.
Gabriela s'occupe principalement des rythmiques avec une technique que je classerais de Ouf, rarement vu ça dans ma vie. Elle se sert de son poignet droit, de son coude et de ses doigts pour exécuter toutes sortes de percussions. Elle fait les effets aussi. Elle joue à la vitesse de la lumière, c'est bluffant, scotchant et ébouriffant, une très grande Gabriela.
Rodrigo fait les mélodies, les solis, la rythmique, les arpèges, la totale les enfants, un monstre de la gratte ce mec, rien à rajouter. Si : c'est un tueur !
Au fil du concert, je n'ai pas décroché et je ressens peu de monotonie au final. J'ai surtout beaucoup de plaisir à les entendre et voir ce jeu exceptionnel se déroulert devant nous. Je ne vibre pas à mort mais le spectacle est indéniablement de qualité et surprenant au bout du compte.
Le public d'une trentaine d'année de moyenne est à fond et fait corps avec le duo.
Ils échangent souvent avec leur public, chacun leur tour. J'ai beaucoup aimé les efforts qu'ils ont fait pour parler avec leur public dans notre langue même si Rodrigo dit qu'il parle français comme une vache espagnole. Gabriela, qui se débrouille un petit mieux a repris à un moment les mots de Rodrigo en expliquant que la France leur a réservé un accueil extraordinaire lors de cette tournée française, un des pays ou ils ont le plus de succès dans le monde.
Ils sont touchants, drôles et terriblement spontanés, ce qui les rend encore plus grands.
J'ai aussi vraiment apprécié à de nombreux moments, la vidéo du concert filmé en direct qui apparaît sur cette toile de fond de scène.
Pour mieux comprendre, un exemple : Rodrigo joue et vu qu'il est filmé, on le voit sur cette toile aussi. La vidéo est en noir et blanc et la résolution de l'image nous amène carrément direction La Havane, le Che et la période 50/60. Un visuel que je trouve de qualité qui accompagne parfaitement leur musique.
Les morceaux respirent le métal à plein nez. Le duo est donc plutôt un mélange de flamenco métal et surtout, un métal en mode acoustique avec du flamenco, du jazz, du classique pour les arômes.
Ils vont reprendre aussi à leur guise de grands classiques du rock "Seven Nation Army" des whites Stripes, "La vie en rose" de Piaf, "Lithium" de Nirvana, "Wherever I may roam", "One", "Hit the light" de Metallica...
2éme temps fort du concert : l'arrivée sur scène d'Alex Skolnick, le légendaire guitariste du groupe Trash de la Bay Area : Testament !
Le trio reprend : "Chan Chan" du Buena Vista Social Club, puis se laisse aller à des soli et un final complètement rock où Skolnick branche sa Les Paul pour nous délivrer un solo métal bien baveux. Un moment un peu bancal mais très sympa qui dura une vingtaine de minutes et sera suivi d'un rappel qui permettra de rendre la communion entre le groupe et son public encore plus belle.
Il est 22h34, le duo ainsi qu'Alex de Testament saluent le public et affichent un très large sourire. Il y a de quoi être souriant d'ailleurs car je viens juste de prendre un bon bol d'air frais, réjouissant.
Dehors, il pèle toujours autant et le public de Rodrigo y Gabriela ainsi que celui de BRMC se mélangent près du métro Anvers.
Je ne regrette pas mon choix.
set list:
11:11
Hanuman
Triveni
Chac Mool
Hora Zero
Satori
Booster Voodoo
Santo Domingo
Rodrigo Solo
Juan Loco
Gabriela Solo
Savitri
Atman
(with Alex Skolnick) (With many jams)
Tamacun
Encore:
Viking Man
Diablo Rojo
Mille Merci à Carlo évidemment
Thanks Carlo
remerciements photos Fabrice Crenel
https://www.rodgab.com/
https://sparkaye.blogspot.com/
Critique écrite le 07 décembre 2010 par Lebonair
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