Chronique de Concert
Les Sales Majestés + Les Rodriguez
30 ans, putain ça fait 30 ans que ce groupe existe et tourne, tourne, tourne... 30 ans, ça fait que... non, je préfère pas compter et me dire que ce soir j'ai 15 ans, 17 au plus peut être, une belle crête colorée sur mon crâne et que je crois encore à un possible avenir radieux. Parce que aller voir les Sales Majestés est aussi un acte politique, militant, un peu comme aller à la Fête de l'Humanité ou à un congrès des Insoumis. Le discours est clair, simple à défaut d'être simpliste et il fait du bien ce discours, ces hymnes scandés avec les copains, les compagnons, ces choeurs repris ensemble le poing gauche levé. Et ils sont là ces compagnons de misère, ces amis idéalistes, comme il y a dix ans, vingt ans, trente ans.... Il est là le mec un peu costaud, torse nu dans le pogo, bras croisés tournant le dos à la scène, solide comme un roc, debout comme un phare sur lequel s'échouent les combattants pacifique de la fosse. Elles sont là, nombreuses et jolies toutes ces petites keuponnes, percées, tatouées et tellement fières et rebelles. Ils sont là aussi les affreux avec leur crête, leur dreads, leur bière, plus ou moins saouls, mais fidèles, se jetant de la scène, se rentrant les uns dans les autres dans une danse dont la violence est tout autant symbolique que cathartique. Ils sont là les amis, musiciens pour ce bon moment de rock n roll, de punk, ou la musique permet de se faire plaisir, de danser, de se vider, de sortir sa colère , de croire qu'ensemble tout est possible, malgré eux, malgré tout...
Cette soirée avait bien commencé d'ailleurs, avec les locaux de l'étape, Les Rodriguez et leur punk bastringue, leur rock foutraque, leur joie de vivre, de partager, de " ça va bien ou quoi ? ". Ils sont là pour se faire plaisir, pour donner de l'énergie, pour partager leur jeunesse comme on partage un verre, sans calcul, simplement. Xavier à la basse et au bermuda improbable, Titi au chant et à la barbe Karl Marxienne, Lolo le trompettiste bien perché, le Révérend Bronson à la guitare et Brender à la batterie (c'est d'ailleurs le batteur le plus sobre de l'histoire du rock 'n roll... et pour cause, c'est une boite rythmes !). Après, quelques titres ayant pour thématiques principales la fête, le cul, la picole, et nos jolies bourgades aux noms improbables, des lancers de culottes, des bières échangées et une reprise improbable que l'on aime vachement beaucoup, les Rodriguez laissent la place aux Sales Majestés.
Les visages des musiciens sont fatigués lorsqu'ils montent sur scène, certainement en raison d'une tournée qui défie les lois de la logique et de la géographie (Paris, Marseille, Riom...!!!), mais dès que le son surgit des amplis, l'énergie revient et ils donnent tout ce qu'ils ont dans le ventre. Pas de quartier, pas de pitié, les morceaux s'enchaînent sans trêve, nous faisant remonter le temps dans une set-list longue comme un best-of idéal. Tout commencera et finira par le même titre, "Camarades" et entre-eux : "No Futur", "Oui j'emmerde", "Droit dans le mur", "Je suis fier", "Soit pauvre et tais toi", "Mes Frères", "C'est la France", "Halte au Front", "Pp Haine", "Les vacances", "Tous les jours". S'ensuivra le titre "Où est-il possible de vivre", triste réponse au "Salut à toi" des Béruriers Noirs. La raison de vivre de ce groupe Do It Yourself est certainement contenue dans le titre, "Dernier Combat", qui sera suivi d'un hommage à Johnny, non pas l'idole des jeunes, mais celui qui s'en va en guerre.
Dans un concert, il faut faire chanter le public, celui des Sales Majestés aussi, sauf que dans le cas présent c'est pour bramer que "les patrons c'est comme les cochons, ça ne mérite que la pendaison..." ce qui est naturellement suivi par l'idée et le titre proclamant que la "seule solution c'est la révolution", idée qui n'est pas loin d'être conforme à mes pensées. Pour terminer, Yves (chant et guitare), Fred (guitare et choeurs), Jérôme (basse et choeurs), et Jimmy (batterie) nous offrirons : "Y'a pas d'amour", "Encore une bière", "Keupon toujours" (et oui même embourgeoisé à 40 balais, être keupon c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas!!!), "La rage", "Bienvenue" (dans la belle France de Macron). Et c'est fini.... 2 titres pour nous dire qu'en 30 ans pas grand chose n'a changé, que les visages, mais que derrière tout cela, les keupons, les affreux, les Anars sont encore là, plus vieux pour certains, tout jeunots pour d'autres, et que tant qu'ils, que nous serons là, et bien il y aura encore un peu d'espoir.
Photos : Jérôme Justine (retouches Yann Cabello)
Critique écrite le 15 décembre 2017 par Jérôme Justine
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