Accueil Chronique de concert Roger Hodgson
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Chronique de Concert

Roger Hodgson

Roger Hodgson en concert

Pavillon de Grignan à Istres 7 juillet 2017

Critique écrite le par


Au commencement, était l'école !
(School)

A, comme... Acoustique !
En effet, lorsque le gars Roger s'attaque, 12 cordes en pognes, au sommet qui aura été, reste et restera, Even In The Quietest Moments (1977), il régale l'assistance de son aisance technique et de sa science du jeu en acoustique : une suite d'accords " malins " ou " chiadés " qui force le respect et ensorcèle les pavillons ; si vous en doutez, attaquez-vous donc à la " chose " en question jusqu'à tâcher de l'approcher, niveau rendu et feeling ; sans même parler de la nécessité de posséder des cordes, vocales, de très haut niveau (et hauteur !). Une respiration prise à fond, tout en mirant les étoiles posées au-dessus,

B, comme... Breakfast In America !
Take The Long Way Home, Breakfast In America, The Logical Song, Lord Is It Mine ? & Child Of Vision : cinq perles issues du mythique et incontournable Breakfast In America (1979) furent jouées durant cette soirée de plein air. Rien a ajouter ici qui n'aura déjà été dit ou analysé sur ce sujet/album très précis depuis des décennies ; sinon, que, c'est avant tout un magnifique album, qu'il aura changé à jamais la vie du groupe et visiblement nourri la grande armoire aux souvenirs personnels et collectifs des gens présents ce soir, au vu de leurs réactions et de la chaleur immédiatement générée, à chaque nouvel extrait...


C, comme... Crisis, What Crisis ?
Après deux faux départs, il enquille enfin et se lance dans l'antique Lady. Un beau dépoussiérage en provenance du trop souvent sous-estimé Crisis What Crisis ? (1975). Enfin, pas sous-estimé, non, vu comme un tantinet en retrait comparé aux autres " monstres incontestés" hantant sa sublime discographie de groupe. D'accord, ce n'est pas Breakfast In America, Crime Of The Century ou Even In The Quietest Moments (en termes de renommée), mais, bon, un album capable de contenir des morceaux, tels : Easy Does It, Sister Moonshine, Ain't Nobody But Me, Poor boy, A Soapbox Opera, ou le triptyque ultime formé de Just A Normal Day, The Meaning, et Two Of Us (grandiose ET par trop souvent oublié) se devrait d'être légitimement réhabilité, remasterisé ET augmenté d'inédits et versions Live, un jour prochain ou, son suivant...

D, comme... Rêveur ! Rien d'autre qu'un Rêveur !
Sur icelle, tout le monde l'attend logiquement au tournant de la fameuse " montée vocale à cordes nues et sans filet ! " qui la caractérise au niveau de la version enregistrée officiellement à Paris puis sortie en la lointaine 1980. Un passage " difficile ", mais finalement " correctement " effectué, enfin, de façon digne. Et puis, à destination des esprits chagrins et/ou malveillants qui rechigneraient à l'admettre : essayez donc de la chanter à sa hauteur originelle, déjà, ou de vous souvenir aujourd'hui de vos facilités aiguës d'antan, entre trois et douze ans (depuis longtemps disparues) ; puis, tiens, pendant qu'on y est, tentez de rentrer dans vos jeans d'ado, votre robe de mariée, ou de revenir en l'époque où vous n'aperceviez pas le cuir (nu) de votre crâne en vous coiffant. Des ravages logiques du temps que n'ignorent pas des cadors tels Robert Plant, Roger Daltrey, John Fogerty ou... Roger Hodgson, non. Même si, à ce niveau, la soirée fut de fort belle tenue...


E, comme ... Et pour finir le set ce soir !
LE moment tant attendu par nombre des fans du groupe ; celui de la cavalcade aboutie, dantesque et emplie de démesure, emballante et symphonique, déchirante et jouissive à la fois, nommée Fool's Overture. " Une pièce de musique très spéciale pour moi, que j'ai mis près de cinq ans à écrire... " (dixit le Roger, fier comme tout à l'orée de l'entamer, de l'interpréter de nouveau). Une version relativement " sage ", " respectueuse " et " précise ", avec son auteur aux commandes d'un groupe visiblement concentré tout du long, comme qui dirait bien décidé à ne surtout pas la " louper ", cette beauté. Ce qui fut fait et bien fait, sous voute céleste étoilée. Merci...

F, comme... Festival !
Depuis le début de l'actuelle tournée, les concerts diffèrent, en termes de durée, selon qu'ils se jouent en mode " festival ", ou non. Reste, que, ce soir, en dépit du terme " Festival les Nuits D'Istres ", figurant sur les divers sites et magasins " en vrai " dédiés à la vente des billets, il n'y avait jamais que " lui " au programme : ce qui aurait dû nous rapprocher un (gros) rien plus du " format " de sets joués à Dublin, Amsterdam, Londres, Paris et autres pays, niveau durée, et... c'est vrai qu'on en veut toujours plus, en fait, c'est vrai...


G, comme... Grrrrr !
Le problème, lorsque l'on est assis dans les gradins - parce que la fosse est réduite et bondée - et confronté à un gars qui chante, PUTAIN DE FAUX, derrière, c'est que l'on sait que l'on va en prendre pour deux heures !!! Le mec en question a hérité d'une mordiou de voix grave " +++ " (in)digne d'un ténor Russe ou d'un méchant de la Hammer, mais il s'échine tout de même à tenter de chanter à la même hauteur que la vedette du soir. Au moins, lorsque l'on est en " fosse ", on peut tenter de s'éloigner et/ou lui écraser mesquinement les petons à chaque horrible tentative... Grrrrr !!!

H, comme... Hommes ! (Pas une seule femme dans l'groupe, ni une gonzesse, pas l'ombre d'une gazelle non plus, le deuxième sexe aux abonnés absents !).
À ses côtés depuis quelques années désormais, le quintet composé de Aaron McDonald (Saxophone, clarinette, Mélodica, claviers et voix), Kevin Adamson (claviers et voix), Ian Stewart (Basse et voix), et Brian Head (Batterie et diverses percussions), fait la maille et donne habilement le change. Même si, pris un par un et comparés aux musiciens fondateurs de Supertramp, ils n'en restent pas moins un bon ton en dessous : logique, vu que le son et arrangements d'une grande partie des morceaux auront été créés par eux, LEUR SON, quoi, en définitive. Surtout lorsque l'on décide de les jouer au plus près des originaux. À ce propos, celles et ceux qui auront durant des années jeté l'opprobre sur le Live In Paris (1979), sous prétexte que les versions jouées étaient trop proches des versions studio, devraient déboucher leurs oreilles, ôter leur œillères ou réécouter les albums afin de se rendre compte à tel point des titres, tels Hyde In Your Shell, School, Bloody Well Right, Ain't Nobody But Me, From Now On, Dreamer, Fool's Overture, ou Crime Of The Century, seront sortis magnifiés, densifiés, (sur)vitaminés et " anoblis ", par cette expérience Live. Si, si.


I, comme... " issrheuuheu ! ", " Yiistreu-heux ! ", " Jistreu-eux ! ", " Chiis-treu ! ", ou " I-Iisss-tre-euh ! " : différentes tentatives, toutes quasi avortées, d'arriver à prononcer convenablement le nom de la ville l'accueillant ce soir ; des échecs probablement déjà rencontrés en répétition ou en coulisses, vu les sourires moqueurs, rires gras ou/et complices, ayant secoué ses musiciens lors de chaque nouvel essai...

J, comme... Jet Lag !
À peine introduit, puis installé sur scène, deux chansons plus loin, le sexagénaire à la ligne irréprochable qui nous fait face, tient à préciser illico, à l'intention de l'assistance en effervescence, que la quasi intégralité de son corps semble "endormie" en raison du Jet Lag (il est arrivé des USA la veille à peine) ; que nous avons " de la chance d'habiter ici ! ", même s'il avoue " transpirer beaucoup ! " ; qu'il n'a pas " parlé Français depuis longtemps " et se demande si nous le " comprenons ? " ; que nous vivons " une époque folle ", que nous nous devons de " la laisser de côté pendant les deux prochaines heures ! " ; qu'il est " très heureux de faire de la musique " et espère arriver à nous " transmettre cette joie au cours de cette belle soirée ! ". Une prise de contact détendue et informelle qui aura été à l'image de l'ensemble de ses interventions du soir : dénuées de toute suffisance, faux-semblants et passages obligés/balisés, ou d'accès de " melonite aiguë "...


K, comme... Karrément bon !
Même si l'emballage reste " sommaire " - un simple digipack, sans livret ni photos ! - il vous est conseillé de vous ruer sur l'album " Roger Hodgson Classics Live Vol. 1 " : dix morceaux revisités d'avec le concours et le savoir faire musical du groupe actuel (ainsi que School augmentée d'un orchestre symphonique) en vente sur la route en toute fin des concerts ou sur le www.rogerhodgson.com. Selon ses dires, le " vol. 2 " serait sur le point de sortir également. À suivre...

L, comme... Limitation, du son !
J'avoue être souvent rentré d'un show nanti d'acouphènes, d'un " buzz " persistant ou d'un rien de surdité passagère, au cours des lointaines années soixante-dix, quatre-vingt ou quatre-vingt-dix. Marqué, soit, mais, en tout cas ravi d'en avoir pris plein les esgourdes et ainsi pu savourer au mieux le mur du son créé VOLONTAIREMENT par les musiciens - Rock, Hard, Reggae, Indé, New Wave, Blues ou même... Variété Française (si, si !) - afin de rendre au mieux en " live ", les fragrances enregistrées au calme et en studio en amont. Reste, que, vous imaginez l'intro du School, captée entre novembre et décembre 1979 au Pavillon de Paris, lestée d'une sorte de " limitation sonore destinée à ne surtout pas déranger à la fois, public, voisinage, personnel et équipes techniques travaillant autour de l'événement ? ". Nope, nope, nope ! Pourtant, c'est bel et bien ce à quoi nous auront eu droit ce vendredi, ici. Un groupe qui semble bien décidé à faire vrombir le tout au moment opportun, et... rien, ou presque ! Un pet de lapin aseptisé au moment fatidique d'entonner, le fameux " After school is over / You're playin' in the park / Don't be out too late / Don't let it get toot dark... ", qui électrise tout un chacun(e) sur la version vinyle, K7, CD ou DVD du légendaire Live In Paris ! Le tout (ou rien) plombé par une guitare Wah-Wah quasi inaudible au moment de relancer l'ensemble. Une double faute de goût qui aura légitimement frustré le fan fidèle, doté d'une bonne mémoire auditive... lui.


M, comme... Maigre !
Désolé d'y revenir, encore et encore, mais, ce niveau sonore faiblard, ajouté à une sensation perpétuelle d'espaces, trous béants ou déperditions, au niveau du son provenant de la scène, aura parfois contribué à ce que les versions jouées maquent de " densité ". À l'image du travail (pourtant précis et chiadé) consciencieusement abattu derrière les fûts et cymbales par Bryan Head, mais qui n'aura été que très peu perceptible, parce que TRÈS EN RETRAIT, niveau sonore et décibels. Je serais d'ailleurs curieux de connaître l'avis de Brian, sur ce sujet...

N, comme... Nope ! (Rien à ajouter à ce niveau !)

O, comme... Open The Door !
Roger décrit l'année " 2000 " comme une " très belle année ", " fantastique ", " très heureuse ", durant laquelle il résidait en Bretagne et en aura profité pour enregistrer le très beau et très celtique d'influences (logique) Open The Door. Tout en " accords ouverts ", Along Came Mary le démontrera aisément sur scène : une très belle version, par ailleurs. Plus tard, au moment d'en jouer un second extrait, il se fendra du très juste et toujours actuel... (pour en savoir plus, rendez-vous illico à la lettre " Z " !!!).


P, comme... Putain de Hippie !
Donne-moi un peu de ton amour ! Donne-le moi / Je te donnerai un peu du mien en retour / Il y a tellement de choses que nous avons besoin de partager / Alors, souris-moi, prouve-moi que tu te soucie de moi... " (Give A Little Bit). Reste, que, bon, entre cette vision " Peace & Love " du monde, les méandres du CAC40 ou les appels à la haine planétaires lancés sous égide de (présumés) dieux et divinités bien peu soucieux de notre humanité et son devenir, ben, j'ai choisi...

Q, comme... moustiQues ! (maudits)
(prétendument) Attaqué par ces affreux diptères buveurs de sang frais, il s'en plaindra à haute voix au micro avant de s'attaquer au majestueux Lord Is It Mine ?. Morceau demandé via Facebook (et obtenu, donc) par une spectatrice présente ce soir au milieu de la fosse. Une chanson un tantinet éclipsée (en son temps) par les nombreux hits présents partout autour sur l'album, mais qui, ce soir encore, démontre, note après note, couplet après couplet, à quel point il n'y avait rien à jeter, alors, dedans...


R, comme... Rappel !
Un retour sur scène accompagné d'une déclaration d'amour enterrant aussi sec tout (désagréable) souvenir lié à la Guerre de Cent Ans ou à la crémation (vivante !) de Jeanne D'Arc ; à la bataille de Waterloo ; aux Beatles (et autres milliers de groupes ou artistes inventifs, déments), aux Monty Pythons ; au Bacon (Francis, hein, c'est clair ?) ; aux Chips " salt & vinegar " et à la Guiness ; à l'invention du Rugby et autres sports plus " mineurs " ; aux épastrouillants HitchcockIvory, ou Ken Loach (et consorts) ; et tant et tant d'autres choses, encore, Brexit, compris.
Je vous rappelle que suis Anglais, mais j'adore les Français ! Je pense que vous êtes un peu fous à lier, mais, bon... " : ça fait toujours plaisir à entendre, même si les tabloïds Anglais devraient s'en inspirer plus souvent...


S, comme... Supertramp !
Partout, le natif de Porsmouth est annoncé en tant que : " Roger Hodgson de Supertramp " ; au cas où l'on ne ferait pas le lien avec son groupe de " super-clochards " du bon vieux temps jadis. C'est triste que l'on en soit encore à devoir le préciser, vu la qualité de sa carrière solo, mais, bon, si l'humanité avait de la mémoire (en mode collectif) ça se saurait, et les colombes seraient mieux gardées ; enfin, les tueries, oubliées ; le respect de l'autre, enfin instauré ; l'entraide, généralisée ; l'avidité exponentielle, lessivée ; l'exploitation de l'un par l'autre, effacée...

T, comme... Take The Long Way Home !
Comme c'est devenu une douce habitude, au fil des années et formules en solo, cette petite merveille de mélodie sautillante et jouissive semble logiquement destinée à planter le décor et rappeler à tout un chacun(e) que le gars assis aux claviers en face, à quelques petits mètres, à peine, en est l'auteur ; qu'en dépit des années de luttes intestines (et autres règlements de comptes plus ou moins sordides et dispensables) il revendique pleinement cet/son héritage ; qu'il n'hésitera pas à puiser tout du long et sans retenue au sein du grand panier garni de hits, chefs d'œuvre et autres sommets, pour notre plus grand plaisir...


U, comme... Unis !
Parce que tous et toutes tendus vers une même vision des choses et du monde autour, l'espace d'une soirée passée autour d'un événement ou d'un artiste, comme ce soir : si seulement l'on pouvait les dupliquer, ces trop rares moments...

V, comme... Victoire !
Tout le monde sourit et danse de joie au moment du rappel final en reprenant en chœur le fameux It's Raining Again ! (Famous Last Words /1983). C'était le but à atteindre, fixé deux heures auparavant ; même si tout ne fût pas " parfait ", loin de là, le bilan de la soirée reste tout de même nettement positif...

W, comme... Wind !
Lovers In The Wind, plutôt. Installé d'autorité au piano à queue, il invoque l'humanité et ses antiques déviances, tord le nez en pensant à notre époque, puis en appelle à l'amour pour répondre à ses actuelles noires errances (en vieil hippie non repenti ou adhérent new-age, qu'il semble toujours être) ; enfin, à se battre pour l'amour, pour être plus précis. Un morceau extrait de Eyes Of The Storm (1984) qu'il se devrait de jouer à CHAQUE Live occasion, tellement il est beau, fin, mélodieux et AU NIVEAU de ses fragrances musicales passées. Ce morceau-là, s'il avait été labellisé/signé " Supertramp ", aurait facilement pu coloniser notre " petite planète plus très bleue " et se glisser auprès de nombre de ses autres hits légendaires ; dans le top10 du genre, ou pas loin. Il surnage néanmoins au niveau de ce premier (et réussi) album solo, et l'aura encore prouvé ce soir, parce que bon, arriver à exister ainsi pleinement, entre School & Breakfast In America (comme ce soir) à Istres, n'est pas donné à tout le monde, que non...


X, comme... Y ! (d'une génération à l'autre !).
Même s'il y avait nettement plus de " natifs du XXe ", présents céans, ce soir, au Pavillon Grignan.

Z, comme... Z'animaux !
... " Si vous étiez un animal sauvage, une fois capturé et enfermé, préféreriez-vous la mort, à la vie dans un zoo ? ". Seul petit bémol, concernant la vigoureuse version délivrée d'envie dans la foulée : avant, c'était LUI (et non pas Aaron McDonald ou Ian Stewart) qui se chargeait des cris affolés d'animaux en souffrance. Rien de plus à ajouter ou retrancher, sinon que, z'aurons été RAVIS de pouvoir partager ce moment musical avec-lui et les " siens "... Point !

Setlist
Take The Long Way Home
School
Lovers In The Wind
Breakfast In America
Lady
Along Came Mary
The Logical Song
Lord Is It Mine ?
Death & The Zoo
Even In The Quietest Moments
Had A Dream (Sleeping With The Enemy)
Child Of Vision
Dreamer
Fool's Overture
Give A Little Bit
It's Raining Again



Photos by Lof : Roger Hodgson of Supertramp

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