Chronique de Concert
Roger Waters - Us And Them Tour 2018
Roger Waters sur scène, c'est l'assurance d'assister à un show gigantesque comme on en voit peu, mais surtout d'entendre la musique de Pink Floyd en Live. A l'heure ou Booba, Maitre Gimms et Orelsan trustent les records de vues sur Youtube, il est bon de se rappeler que dans les années 70, la musique du Floyd, pourtant très expérimentale et novatrice à l'époque, rencontrait un succès planétaire. Chaque album était attendu par des centaines de milliers de personnes qui piaffaient d'impatience pour savoir quelle direction allait prendre la musique du groupe britannique. En se réinventant constamment, en allant sur des terrains d'expressions parfois complexes, Pink Floyd arrivait cependant à allier un succès faramineux auprès du grand public et un succès critique auprès des mélomanes les plus avertis. Des grandes figures de la musique Classique comma Karajan ou Barenboim tenaient ou tiennent la musique du Floyd en haute estime.
En 2018, hormis Waters, plus personne ne fait de la musique comme Pink Floyd, et aucun groupe ne peut se permettre de faire des shows pharaoniques de la dimension de celui qui nous a été offert lors de cette tournée appelée "US and Them". Pourtant, c'est la première fois qu'un concert de Waters ou de Pink Floyd ne répond pas complètement à l'attente, très grande, que je plaçais en lui en tant que fan quasi hardcore du Floyd. Bien sûr, la set list sur le papier était fantastique, mais le début du concert consacré à la face A de "Dark Side Of the Moon" ne sonnait pas comme elle aurait dû sonner. Pour la première Fois, le son d'un concert de Roger Waters, pourtant extrêmement pointilleux sur le sujet, semblait déséquilibré et manquait de relief. Si les bruitages caractéristiques de sa musique faisaient leur effet, le son du groupe paraissait lointain et ne nous emportait pas avec lui comme à l'accoutumé. Les solos de guitares n'étaient pas les ascenseurs gravitationnels habituels et les plages calmes et planantes n'avaient pas la chaleur et la volupté qu'elles auraient du avoir. Cela dit le groupe jouait de manière millimétrée et ne saurait être musicalement critiqué. C'est probablement l'acoustique de la salle (déjà décevante lors du concert des Stones) et l'ingénieur du son qui sont à blâmer...
Pourtant, il y eut de grands moments lors de ce concert. La version de "Welcome to the machine", dopée par des visuels tous droits sortis de Metal Hurlant, est probablement la meilleure qu'il m'ait été donné d'entendre en live. L'interprétation de "Us and them"et de "Wish you were here" étaient magnifiques. Le parti pris de jouer la quasi intégralité de l'album "Animals" renforcée par une mise en scène dantesque faisant apparaître la célèbre usine londonienne de "Battersea Power Station" sur les écrans géant était plus qu'intéressant. Le final sur "Brain dammage" et "Eclipse" reconstituant la pochette de l'album "Dark Side of the Moon" en 3D à grand renfort de lasers était plus que spectaculaire. Le rappel sur "Confortably NUmb" était aussi un sommet que peu de groupes fréquentent.
Ces sommets musicaux qui, en raison du son, n'atteignirent pas l'Everest, ont aussi été nuancés par les leçons de politique de bas étages données par le musicien anglais et dont la légitimité à s'en faire l'étendard était plus que discutable. On retiendra qu'il n'aime pas beaucoup Donald Trump. Il adressera un gros "fuck" à Mark Zukerberg, alors que la promotion de sa tournée a été essentiellement faite sur Facebook... Les mises en scènes appelant le public à se révolter contre les riches qui nous spolient, prêtent à sourire quand elles viennent d'un des musiciens les plus riches de la planète dont la fortune s'est faite à l'apogée du show business du XXème siècle. Le discours pénible sur les droits de l'homme fait figure de foutage de gueule quand on connait les tarifs prohibitifs des places de ces concerts et spécialement ceux des places assises du carré or juste devant la scène...
Bien sûr, on n'a pas l'occasion de voir un tel spectacle tous les jours, mais celui-ci m'a semblé un ton en dessous de celui de la tournée "The Wall" de 2013. Reste la musique de Pink Floyd qui a elle seule valait le déplacement (malgré le son décevant de ce concert) et nous emporte plus loin que le pessimisme des visuels projetés lors de ce concert.
Photos : Manu Wino manuwino.com www.facebook.com/manuwino
Critique écrite le 15 juin 2018 par lol
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> Réponse le 25 juin 2018, par PAL78
Non ! Si le show, notamment en termes de vidéo, est bluffant, j'ai deux reproches majeurs : rn1 - J'étaist au milieu de la branche gauche du U de la U Arena. Il faut avoir la tête tournée en permanence à gauche pour voir la scène. Les 2 colonnes au centre de cette dernière masquent en partie l'écran, et donc la lecture des textes. Mais surtout la forte réverbération en fonds de salle (à droite pour moi) rends le son mauvais. J'ai du mettre un bouchon dans l'oreille droite pour n'entendre que le son direct dans l'oreille gauche !rn2 - j'ai payé 100€ pour entendre de la bonne musique et voir un bon show, pas pour subir des messages politiques un peu niais durant 2 heures. Citer Trump une fois ok, 10 fois on sature. Idem pour les messages à la con du style "Resist Global Warming" et j'en... La suite | Réagir
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